La venue de Jésus

Église protestante Unie d’Argenteuil, Asnières, Bois-Colombes, Colombes

25-12-21   Culte de Noël Pasteur Denis Heller

Lecture biblique : Luc 2 v 21 à 35 La venue de Jésus

Le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu’avait indiqué l’ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.

22Et, quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moïse, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, –

23suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur, –

24et pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur.

25Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.

26Il avait été divinement averti par le Saint Esprit qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.

27Il vint au temple, poussé par l’Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qu’ordonnait la loi,

28il le reçut dans ses bras, bénit Dieu, et dit:

29Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole.

30Car mes yeux ont vu ton salut,

31Salut que tu as préparé devant tous les peuples,

32Lumière pour éclairer les nations, Et gloire d’Israël, ton peuple.

33Son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui.

34Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction,

35et à toi-même une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées.

Prédication

Et bien chers amis, vous n’aurez pas droit à la énième prédication sur le récit de la naissance de Jésus, un récit si connu qu’il fait partie du folklore, du décor de Noël et que nous l’écoutons sans surprise, sans étonnement, sans attendre quoique ce soit.

Comme le dit si bien le titre du cantique que nous venons de chanter Noël « C’est Jésus qui vient » ; Noël c’est la venue de Jésus, une autre manière de parler de la naissance de Jésus.

Et que dire aujourd’hui de la venue de Jésus ? De la venue de Jésus pour nous aujourd’hui ?

Avant de chercher à répondre à ces questions, peut-être faut-il regarder rapidement du côté des Évangiles, des quatre évangélistes, car en effet nous avons la venue de Jésus selon Matthieu, selon Marc, selon Luc, puis selon Jean. Aucun d’eux ne s’intéresse au comment de cette venue, mais plutôt au sens de cette venue de Jésus parmi les hommes.

Voyons rapidement ce qu’ils en disent. Commençons par la venue de Jésus chez Matthieu. Son évangile débute par une longue généalogie depuis Abraham jusqu’à Jésus passant par le roi David, Salomon et bien sûr Joseph. Une généalogie qui inscrit la venue de Jésus dans la longue histoire du peuple d’Israël, du peuple de l’alliance, la longue histoire du peuple juif. Le récit de sa naissance en tant que telle est bref. Joseph contrairement aux autres évangiles est mis en valeur ; ainsi Matthieu a souci de placer la venue de Jésus dans cette longue lignée qui l’a précédé. Tout son évangile portera sur le lien entre le judaïsme, la révélation du 1er Testament et la révélation nouvelle apportée par Jésus.

Voyons la venue de Jésus selon Marc. Pas de récit de naissance de Jésus car cela, estime-t-il, n’est pas important. Il va droit au but associant la venue de Jésus à l’Évangile, c ‘est à dire à une Bonne Nouvelle, une Bonne Nouvelle que prépare la prédication de Jean- Baptiste et qui s’incarne par la vie, le ministère même de Jésus. Bonne nouvelle car le « temps est accompli, le Royaume de Dieu est proche, convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle ».

3éme évangile, regardons la venue de Jésus selon Luc. C’est lui qui nous fait véritablement connaître ce qui sera appelé « les récits de l’enfance de Jésus. Deux longs chapitres avec moult détails sur les personnages d’Élisabeth et Zacharie parents de Jean- Baptiste, sur bien sûr Marie et Joseph et la naissance de Jésus. A la manière des récits antiques sur la naissance de personnages illustres, la naissance de Jésus est racontée comme une naissance extraordinaire, miraculeuse, unique, conduite de bout en bout par la main de Dieu. Une naissance extraordinaire pour un personnage extraordinaire en la personne de Jésus.

Enfin terminons par Jean ; la venue de Jésus selon Jean. Chez lui aussi pas de naissance de Jésus. Là n’est pas l’important. Remarquez que sur les quatre évangiles, seul Luc en parle de manière détaillée. Jean associe la venue de Jésus dans son prologue au surgissement de la Parole, Parole faite chaire, Parole vivante, Parole incarnée qui apporte la lumière. Un regard plus spirituel, plus théologique invitant à un cheminement intérieur, à l’image du reste de son évangile.

Oui que dire aujourd’hui de la venue de Jésus ?

Les quatre évangélistes nous ont apporté leurs regards que nous pourrions résumer pour chacun en un mot : Matthieu une histoire, une histoire qui se poursuit ; Marc une bonne nouvelle, une bonne nouvelle à vivre ; Luc un miracle extraordinaire, un miracle à accueillir ; Jean une Parole vivante, une Parole vivante qui apporte la lumière.

4 regards, 4 approches, 4 clés de lecture, 4 interprétations sur le sens de sa venue.

Et puis il y a le regard de Siméon au travers du passage que nous avons lu ce matin. Siméon, le vieil homme, juste et pieux, juste et bon, nous dit-on. Oui, voyons la venue de Jésus selon Siméon.

Siméon attendait, attendait depuis très longtemps un messie, un sauveur. Ancré profondément dans la foi des patriarches du peuple d’Israël, habité par les paroles des prophètes d’autrefois, nourri d’une espérance forte au Dieu de l’alliance, au Dieu de l’histoire, il avait en lui cette sereine certitude qu’un jour il verrait le messie annoncé, le sauveur promis par les prophètes et cela avant qu’il ne meure. La rencontre a lieu au Temple de Jérusalem alors que Joseph et Marie viennent présenter leur enfant Jésus à la bénédiction de Dieu. D’emblée, nous dit-on, Simon le reçoit dans ses bras, l’accueille dans ses bras et rend grâce à Dieu à travers ces paroles : «  Maintenant Seigneur, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole car mes yeux ont vu ton salut, salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël ton peuple. » En quelques mots, il dit ce que représente pour lui la venue de Jésus. Il reprend d’ailleurs des expressions du prophète Esaïe. La venue de Jésus est pour lui synonyme de paix. Désormais il peut voir venir la mort en toute sérénité et confiance.  La venue de Jésus est synonyme aussi de salut, dit-il, pour tous les peuples. Il précise, sa venue sera lumière pour tous les peuples et gloire d » Israël. Une venue qu’il associe aux notions de paix et de salut, au symbole de lumière comme si par Jésus une promesse de paix et de salut accompagnée de lumière était désormais faite à toutes les nations.  Car s’il accueille Jésus dans ses bras mais surtout dans la foi et dans son cœur, pour lui-même, il a la conviction que tous les peuples, toutes les nations peuvent faire de même. Le vieux Siméon est ainsi prophète, à la charnière du 1er testament et du Nouveau Testament. Il annonce la paix et le salut apportés par Jésus et ouverts non seulement au peuple d’Israël mais désormais aussi et surtout à tous les peuples dans une dimension universelle : Jésus lumière pour éclairer les nations, dit-il. Les mots paix, salut, lumière résonnent à ses oreilles et à son cœur avec tout le poids qu’ils portent au regard de l’histoire du peuple de l’alliance, des écrits du Pentateuque, des prophètes et des Psaumes.

Y sont associés des récits, des images des métaphores, des paraboles, une attente prophétique, poétique, messianique. Ont-ils pour nous le même poids, la même portée, la même signification. ?

Nous aspirons à la paix, à la paix intérieure, à la paix dans nos relations les uns avec les autres, à une paix entre pays. La métaphore de la lumière est parlante par elle-même. Nous aspirons à la lumière quand nous sommes dans le brouillard, quand nous sommes dans les ténèbres, quand nous sommes dans l’incertitude la plus totale face à l’avenir, je pense à la pandémie que nous traversons, quand nous ne voyons plus clair en nous, sur les orientations et décisions à prendre. Paix et lumière nous parlent mais que dire du salut, de la notion de salut, celle que Siméon met en tout premier ? Rappelons que Jésus en grec signifie « Dieu sauve ». Que répondrait l’homme de la rue sur ce terme de salut qui ne parle plus ? Sauvé de qui ? De quoi ? Et pourtant n’avons-nous pas besoin d’être délivrés, délivrés de tout ce qui nous empêche de vivre en plénitude ?

Mais Siméon parle, parle encore et s’adresse à Marie pour lui dire que la venue de Jésus est signe, signe de Dieu qui provoquera la contradiction, auquel les hommes s’opposeront (autre traduction) et qui fera apparaître les pensées de chacun.

Siméon dit beaucoup de choses sur la venue de Jésus. Promesse de paix, de salut, de lumière mais aussi signe de Dieu, non pas preuve de Dieu qui s’imposerait de manière évidente. Il ne serait plus question de foi. Mais signe, signe à décrypter, signe à déchiffrer, signe à interpréter pour voir au-delà du signe ce qu’il dit de Dieu, ce qu’il révèle de Dieu, ce qu’il fait connaître de Dieu

Noël, un signe de Dieu selon Siméon qui appelle à la foi et qui fait que face à lui, des options différentes seront prises.

Indifférence ou confiance. Silence ou espérance. Absence ou présence. Grisaille ou lumière. Noël un signe de Dieu, un appel de Dieu dans la fragilité d’une vie humain traversée de bout en bout par l’amour.

Chers amis et nous comment nous situons nous ? Nous avons passé en revue ce que représentait la venue de Jésus, c’est à dire Noël selon Matthieu une histoire, selon Marc une Bonne nouvelle, selon Luc une naissance miraculeuse, selon Jean une Parole vivante, selon Siméon une promesse de paix, de salut, de lumière, un signe de Dieu.

Qu’en est-il de la venue de Jésus selon chacun, selon chacune d’entre nous ? N’est-ce pas là l’étape capitale, le pas essentiel, existentiel à franchir ?  Que la venue de Jésus nous parle, nous rejoigne, nous donne vie !  Sinon nous en resterons à une belle histoire, à un beau folklore, au décor de Noël !!!

Nous pouvons reprendre à notre compte ce que les témoins d’autrefois en disent, nous sentir plus proches de tel ou tel Matthieu, Marc, Luc, Jean, Siméon… Nous pouvons emprunter aussi un chemin plus personnel qui nous fasse découvrir ce que la venue de Jésus est pour nous aujourd’hui. Cette voie est possible car Dieu encore aujourd’hui par la venue de Jésus vient en nous pour y naître comme à Noël, pour y faire sa demeure, pour y régner et pour nous faire porter fruits.

Amen.