Billet biblique

« Remplissez la terre et dominez-la ! »

 

Il est vrai qu’aujourd’hui cette façon dont la Bible fonde le droit de l’être humain à dominer son milieu de vie fait, à juste raison, l’objet de nombreuses critiques ; elle serait responsable de la destruction de l’environnement par les humains.


Mais au fait, comment cette « domination » de l’être humain y est présentée dans le détail ?
Regardons ce qui est écrit dans la suite du récit : « Dieu dit : ‘Je vous donne toute herbe porteuse de semence sur toute la terre et tout arbre fruitier porteur de semence ; e sera votre nourriture. À tout
animal de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui fourmille sur la terre et qui a souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture.’ Il en fut ainsi. » (Genèse 1, 29-30).
Si les céréales et les fruits sont attribués aux êtres humains, l’herbe et le feuillage sont accordés aux animaux. Ici, les humains, comme les animaux, sont donc présentés comme étant végétariens. Cela signifie que, d’après ce premier récit de la création (Genèse 1, 1-2,4), ni les animaux ni les humains n’ont
le droit ou le besoin de se nourrir d’autres êtres vivants. Ainsi, la « domination » exercée par l’être humain est privée d’une composante importante, à savoir le droit de vie et de mort sur les subordonnés : une domination sans violence !

Cependant, l’auteur du récit a parfaitement conscience qu’en postulant une cohabitation pacifique entre les humains et les différentes espèces d’animaux, il propose une utopie.
Il n’a, lui non plus, jamais vu de lions brouter de l’herbe ! Plus tard, dans le récit du déluge et de l’alliance de Dieu avec Noé, le Créateur en viendra à aménager quelques libertés aux carnivores. Il n’empêche que
c’est bien l’ordre instauré par le récit de la création qui reste fondateur, quels que soient les aménagements imposés par la réalité. C’est en ce sens-là que la création instituée est jugée par Dieu « bonne, très bonne même » (Genèse 1,31) !

Andreas Seyboldt