La paix : une prophétie, un conte de fées ou un chemin possible ?

Dimanche 20 juillet 2014

Texte biblique : Esaïe 2,1-5

Cet été, l’actualité est marquée par la guerre en Syrie et sur la bande de Gaza, par les tensions en Ukraine, en Irak,.

Et même dans une Europe davantage pacifiée, l’heure semble désormais au repli sur son clan, sa communauté, son pays.

En France, hier, des manifestations étaient interdites, par peur de débordements violents.

Une fois encore.

Comme si les conflits étaient inévitables.

Pourtant, cela fait 70 ans que le monde s’est doté d’institutions destinées à prévenir les guerres et à favoriser la coopération.

Les gouvernements ont créé des institutions comme l’ONU ou l’UNESCO.

Ils ont édifié la construction européenne.

Grâce à ces efforts, la paix devait germer dans le monde, la coopération prendre le pas sur les conflits.

Peu à peu, les paroles d’Esaïe allaient devenir réalité.

Il y a 20 ans, un essayiste américain annonçait la « fin de l’histoire » et l’avénèment d’une ère d’abolition des frontières, et de coopération économique.

Le monde que nous avons sous les yeux ne correspond guère à ces prédictions.

Alors, que faire ?

Nous pouvons nous dire que la paix n’est qu’un doux rêve, et qu’il est préférable d’abandonner ce genre d’utopie.

Nous pouvons, au contraire, suivre une autre piste : prendre enfin au sérieux les paroles d’Esaïe, nous laisser guider par elles et essayer d’avancer sur le chemin de la paix.

C’est, vous l’avez deviné, ce que je vous invite à faire.

Dans sa prophétie, Esaïe répond à une première question : qu’est-ce que la paix ?

Nous définissons volontiers la paix comme l’absence de conflits.

Esaïe voit plus loin.

Il nous dit que la paix, c’est l’utilisation de toute notre énergie pour un projet commun.

La paix, c’est la mise en commun de toutes nos capacités, non pour détruire, mais pour créer ensemble.

L’enjeu n’est donc pas de détruire les armes, réelles ou symboliques, mais d’en faire des outils pour le bien commun : « Ils briseront leurs épées pour en faire des socs ».

Selon un rabbin, qui ne manque pas d’humour, la paix règnera, non lorsque les escrocs se désintéresseront de l’argent mais lorsqu’ils utiliseront leurs compétences en la matière pour devenir des trésoriers de synagogues.

Seconde question : ce règne de paix est-il seulement possible ?

Là encore, écoutons Esaïe.

Lorsqu’il annonce : « on ne combattra plus nation contre nation », il ne fait pas un pronostic ou une prévision, il prophétise.

Esaïe n’annonce pas la paix parce que les circonstances seraient favorables mais parce que tel est le projet de Dieu et que le Seigneur veut que ce projet se réalise.

Dieu veut combler son peuple de bienfaits en lui offrant ce dont il a le plus besoin, à commencer par la paix.

Pour qu’il en soit ainsi, Dieu s’engage, triplement : il s’engage en établissant la paix entre lui et nous; il s’engage en enseignant la paix, il s’engage en insufflant la paix en nous.

D’abord, Dieu établit la paix avec nous.

Nous croyons parfois que Dieu est en guerre contre nous, qu’il ne peut « passer l’éponge » sur certaines fautes ou lâchetés.

Comment pourrait-il nous pardonner ce que, nous-même, nous ne nous pardonnons pas ?

Et nous, au moins à certains moments de votre vie, nous ne sommes pas en paix avec Lui, nous lui en voulons de ne pas avoir agi comme nous le lui avions demandé.

Par Jésus-Christ, Dieu établit la paix entre lui et nous.

La croix scelle cette réconciliation avec Dieu.

Alors, Dieu nous enseigne la paix.

Par les prophéties, le Décalogue, le Sermon sur la montagne, et tant d’autres textes, Dieu nous apprend la paix : la paix entre Etats, la paix au sein d’un même peuple, la paix dans les familles et dans les couples.

Il nous dit qu’il veut la paix.

Il nous donne de multiples exemples de paix restaurées.

Par la Bible, Dieu oriente notre vie dans le sens de la paix.

Bien sûr, répandre la paix, résorber les conflits, petits ou grands, n’est pas simplement affaire de foi ou de bonne volonté.

La paix nécessite aussi de la compétence, une lecture intelligente de la situation.

La paix est le but, les chemins qui y conduisent sont à inventer à chaque fois.

Mais la Parole de Dieu permet de garder le cap.

Notre monde a besoin de parents, de membres d’associations, de professeurs, de responsables politiques, de militaires, de chercheurs, d’employés, de médiateurs qui soient des artisans de paix. En vous laissant imprégner par la Parole, vous pourrez œuvrer pour la paix, là où vous êtes, dans votre vie familiale, amicale, professionnelle.

Et cette réconciliation permet à Dieu d’insuffler sa paix en nous.

Si la paix entre les hommes favorise la paix intérieure, l’inverse est aussi vrai.

La paix se répand dans les structures, les institutions, les familles, les couples, à mesure qu’elle se répand dans les cœurs.

Combien de conflits éclatent parce que des individus ont, en fait, des comptes à régler avec eux-même !

Or, la paix intérieure – la Bible nous le dit et nous le ressentons intuitivement – n’est rien d’autre que la certitude intime d’être choisi et aimé.

C’est pourquoi Israël est choisi et aimé par Dieu.

C’est pourquoi chacun de vous est choisi, aimé, pardonné ; afin que vous viviez en paix avec vous-même.

Cette dimension de la paix est si forte que Paul traduira théologiquement le mot « paix » par le mot « grâce ».

En laissant une place à Dieu dans notre vie, en accueillant sa présence, son Esprit, peu à peu, nous sommes pacifiés.

La paix est comme une maison que Dieu construit.

Ses fondations, c’est la paix intérieure.

Le rez-de-chaussée, c’est la paix avec Dieu.

Le premier étage, c’est l’écoute attentive de la Parole de Dieu qui oriente notre vie dans le sens de la paix.

Le toit, c’est la paix, autrement dit la mobilisation de notre énergie et de notre intelligence pour le bien commun.

Il reste une question : cela fait plus de 2500 ans qu’Esaïe a prophétisé ce règne de la paix ; cela fait 2000 ans que Jésus est venu et que les Eglises prêchent la paix.

Comment se fait-il alors que la paix soit si peu présente, y compris dans les pays marqués par le christianisme, y compris parfois dans les Eglises ?

Il est temps de ne plus se voiler la face : nous, chrétiens, échouons à répandre la paix, lorsque nous ne prenons pas au sérieux les paroles d’Esaïe, lorsque nous ne prenons pas Dieu au sérieux.  

Un jour, un américain a demandé à Gandhi ce que son pays devait faire pour la paix.

Gandhi lui a répondu : « Dites à chaque Américain d’être fidèle à l’Evangile ».

Et lorsqu’on lui demandait où il trouvait la force de combattre obstinément dans la paix et pour la paix, il répondait : je commence chacune de mes journées en prenant les deux résolutions suivantes : – Je ne craindrai personne sur Terre

– Je craindrai uniquement Dieu.

Prendre Dieu au sérieux, c’est prendre son exigence de paix au sérieux.

Prendre Dieu au sérieux, c’est prendre ses promesses de paix au sérieux.

La paix n’est pas une illusion.

Elle est un chemin exigeant qui nécessite de prendre Dieu au sérieux.

Dieu met tout à notre disposition pour que ce chemin soit possible à suivre : il nous donne sa Parole, il nous donne son amour et son pardon ; il nous donne des témoignages vivants ; il nous donne la paix intérieure.

Par Lui, en Lui, nous pouvons donc devenir des artisans de paix.

Amen !