Noël 2016 ou les 4 saveurs de l’Evangile

prieres_de_marieLes quatre saveurs de l’Evangile

Noël 2016 

Texte biblique : Luc 1, 39-56

Nous sommes en Judée.

Deux femmes se rencontrent, deux cousines éloignées.

La première s’appelle Marie et la seconde Elisabeth.

Toutes les deux attendent un enfant ; et, pour chacune d’entre elles, cette maternité est douteuse.

L’une est trop jeune et l’autre trop âgée.

Pourtant, leur situation n’est pas la même..

La grossesse d’Elisabeth ne peut susciter autour d’elle que de la joie.

Un couple stérile qui, enfin, attend un enfant, génère de la joie autour de lui.

Il n’en est pas de même pour Marie.

Marie est jeune, elle n’est pas mariée même si elle est promise à Joseph.

Alors, comment justifier cette grossesse auprès de son entourage et surtout, des autorités religieuses.

Marie risque au mieux la répudiation et le déshonneur, au pire la mort.

Pourtant, le cri qui monte de sa bouche est un cri de louange.

Comment peut-elle louer ainsi Dieu de tout son cœur en y mettant toute sa foi, toute son espérance ?

Comment pourrions-nous aussi, même dans des périodes inconfortables de notre vie, partager cette louange ?

Comment faire de l’ensemble de notre vie une louange adressée à Dieu ?

La prière de Marie va nous mettre sur la voie.

Car cette prière nous fait goûter quatre saveurs de l’existence chrétienne : l’humilité, la confiance, l’action et la liberté.

D’abord l’humilité.

Comme protestants, nous avons appris à ne pas nous mettre en avant, à rester discret sur nos réussites.

Comme disait avec humour un vieux pasteur : « Nous les protestants, pour l’humilité, nous ne craignons personne !».

Seulement, nous trébuchons sur le sens de ce mot.

Nous croyons que l’humilité consiste à rester discret et à refuser de nous « mettre en avant ».
Marie nous présente le vrai visage de l’humilité : « De tout mon être, je veux dire la grandeur du Seigneur, mon cœur est plein de joie à cause de Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a porté son regard sur son humble servante ».

Marie prie avec humilité, non parce qu’elle est effacée ou discrète, mais parce qu’elle rend gloire à Dieu, pour cette naissance comme pour le reste de son existence.

C’est peut-être cela l’humilité : rendre gloire à Dieu pour sa vie, par sa vie.

Et le baptême est une belle occasion de rendre grâce à Dieu.

Si vous venez de demander le baptême, c’est pour rendre grâce à Dieu. Inversement, le baptême offre une nouvelle occasion de dire « merci » à Dieu.

L’humilité ne dépend donc pas de ce que je fais ou de ce que je possède, encore moins de mon effacement mais du but véritable que je poursuis : rendre gloire à Dieu ou me rendre gloire.

Si tu veux te rendre gloire, si tel est le moteur de ta vie, alors, inévitablement, tu resteras centré sur toi.

Si, au contraire, tu cherches à rendre grâce à Dieu, alors tu seras humble même si tu t’affirmes, même si tu prends des responsabilités et acceptes d’être sur le devant de la scène.

Un jour, un roi voulut devenir très humble.

Pour cela, il s’est habillé avec de vieux vêtements, il s’est installé dans une vieille cabane et a interdit quiconque de se découvrir devant lui. Mais, quand il s’est examiné honnêtement, il dût reconnaître à quel point il était fier d’être devenu humble.

Alors, un sage est venu le trouver et lui a dit : « Habille-toi comme un roi, vis comme un roi, accepte que les gens te montrent du respect. Mais sois humble dans le fond de ton cœur, en reconnaissant que l’essentiel vient de Dieu ».

Après l’humilité, la confiance.

Marie manifeste une totale confiance à Dieu.

Marie lui accorde sa confiance parce que Dieu agi concrètement, réellement en sa faveur : « Il a porté son regard sur son humble servante ».

Si Dieu a agi ainsi, comment douter qu’il ne fasse de même à l’avenir ?

Chers amis, dans nos vies aussi, Dieu a agi.

Rappelez-vous : il y a eu au moins un moment dans votre vie où vous avez senti qu’il était là et vous portait.

Alors, pourquoi craindre l’avenir ?

Comme Marie, nous pouvons vivre avec ce privilège incroyable de la confiance : une confiance qui ne s’adosse pas sur nos capacités ou sur une analyse réaliste de la situation mais sur la tranquille certitude de la présence bienveillante de Dieu.

Une confiance pour nos vies, une confiance qui s’étend à nos enfants. C’est le sens de cette si belle parole de Jésus : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ».

Confiance en Dieu pour son devenir, confiance également en celui de notre monde.

« Dieu est intervenu de toute la force de son bras … il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse … il est venu en aide à Israël en souvenir de sa bonté ».

Si nous sommes réunis dans ce temple, c’est parce que nous croyons que Dieu est intervenu dans l’histoire des hommes.

En Egypte, à Babylone, à Jérusalem, à Bethléem ou à Ephèse. A Bois-Colombes ou Argenteuil.

Alors, comment croire qu’il pourrait abandonner notre monde, se désintéresser de nous ?

Troisième saveur : l’action.

« L’Eternel renversera les rois de leurs trônes et placera les humbles au premier rang. Il comblera de biens ceux qui ont faim, il renverra les riches les mains vides ».

Nous avons évoqué tout à l’heure l’action de Dieu dans le monde.

Marie nous en précise les modalités.

L’Eternel agit au profit des plus petits : ceux qui sont rejetés parce qu’ils agissent mal ou pensent mal.

Les prophètes l’annonçaient, Jésus l’a vécu : Dieu agit prioritairement en faveur des petits non parce qu’ils ont de plus de mérites mais parce qu’ils en ont davantage besoin.

Dieu agit.

Seulement, il n’agit pas seul, directement, comme un manipulateur de marionnettes.

Il agit avec nous, par notre intermédiaire.

Il l’appelle à l’action, à l’engagement.

Depuis quelques mois, dans notre pays, un sentiment domine : la plainte.
Plainte parfois pour de vrais motifs : l’aggravation de la situation internationale, l’augmentation du nombre de chômeurs, la crainte terroriste, la déliquescence de beaucoup de familles, l’Eglise trop vieille ou trop moderne, un rythme de vie qui ne permet plus de vivre l’essentiel.

Seulement, ces propos sont tenus comme si nous n’avions aucune prise sur notre existence.

La plainte est parfois un prétexte à la démission.

La prière de Marie, au contraire, appelle à prendre en main notre vie et notre société, et à concentrer notre énergie sur les plus « petits ».

Car, dire – avec Marie – que Dieu relève les faibles et rétablit les humbles, c’est participer soi-même à ce travail.

Nous avons donc à garder en mémoire cette double question :

Quel est, dans la situation présente, le « petit » ?

Et comment lui venir en aide sans le rabaisser ?

4ème saveur : la liberté.

La vie de Marie semblait sur des rails.

Très jeune, elle avait été promise à Joseph sans rien aovir décidé.

Les parents avaient décidé pour eux..

Et pour Marie, ils avaient choisi Joseph.

Pourtant, Marie était encore très jeune.

Au moment où elle accouche, elle avait plus probablement l’âge d’une catéchumène que d’une trentenaire.

Mais sa vie est déjà sur des rails.

A vue humaine, l’avenir de Marie est écrit, comme celui de tant d’autres jeunes filles aujourd’hui dans le monde.

Pourtant, il suffit d’une parole pour que la vie de Marie change du « tout au tout » : « Tu enfanteras un fils et on lui donnera le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut ».

Marie était programmée pour mener une vie modeste mais sûre, elle sera la mère du Très Haut. Elle pensait couver son fils ; Jésus lui échappera dès son plus jeune âge.

L’avenir apparaissait bien balisé, il est grand ouvert.

Aujourd’hui encore, Dieu élargit nos vies, ouvre notre avenir.

Alors, vous, Nathan, Paul-Samuel, Gilles et Joël, restez à l’écoute de Dieu et soyez prêts à une vie beaucoup plus surprenante que ce que vous imaginez, une vie plus aventureuse, avec l’Evangile comme repère.

Humilité, confiance, action, liberté : voilà les quatre saveurs d’une vie selon l’Evangile.

Alors, avec Marie, en ce jour de Noël, nous pouvons dire : « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit s’est rempli d’allégresse à cause de Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a porté son regard sur son humble servante. Oui … le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses »

Amen !