Le Déluge 1 : les causes.

Dimanche 26 janvier 2020

 Centre 72

Culte avec Cène

Lectures Genèse 6, 1 – Le Déluge 1 : les causes.

Prédication :  

Souvenons-nous, le « tableau de la création en 7 jours » dans Genèse 1, s’est terminé avec ce constat admiratif de Dieu au regard de la création qu’IL venait d’achever :

« Dieu vit tout ce qu’IL avait fait. Voilà, c’était très bon » (Genèse 1,31).

Depuis ce jour-là, « les hommes avaient commencé à se multiplier sur la surface du sol » et le constat n’est plus tout aussi admiratif !

Car, tout comme les hommes se sont multipliés sur terre, le mal (M-A-L !) a fait de même : « Le SEIGNEUR vit que la méchanceté de l’homme se multipliait sur la terre » (Gen6,5a). …

« D’où vient le mal ? ET comment y résister ? », c’est le thème d’une des prochaines soirées Alpha que j’aurai loisir de vous présenter et si vous voulez en savoir plus, et bien, venez, l’entrée est gratuite – repas délicieux compris ! …

C’était ma page de pub !

Mais revenons à notre récit dans Genèse 6 :

Il est, en fait, le premier épisode – ou, plus exactement – le « prologue » – de la saison 4[1] des « récits bibliques des origines » : L’épopée de Noé. …

Saison 1, était celle de la création de Dieu que nous avons déjà évoquée avec le constat admiratif de Dieu « c’était très bon ».

En saison 2, un premier nuage est apparu à l’horizon avec le récit d’Adam et Eve qui cèdent à la tentation de vouloir « être comme des dieux ».

Conséquence fatale, raconté en saison 3 : le premier meurtre de la Bible, un meurtre fratricide ! … ce qui nous amène tout droit vers ce constat du Prologue de la saison 4 : « la méchanceté de l’homme se multipliait sur la terre » (Gen6,5). …

Réaction du Créateur : « …et le SEIGNEUR se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. Il s’en affligea… » (Gen6,6).

Voilà ce qui est inattendu – voir même un peu perturbant, si nous y prêtons attention : Dieu se repent !

C’est bien cela ce que dit le récit : ce n’est pas l’homme, mais Dieu qui se repent !

Et il ne se repent pas – comme le ferait l’humain – d’avoir « fait le mal », mais, au contraire, d’avoir fait le bien, en accomplissant une création jugée « très bon » ! …

Comment comprendre cela ?

Regardons un peu dans quel contexte historique et religieux notre récit biblique du Déluge se situe :

Dans les « récits d’origine » des religions antiques, la « création » de la terre et de la vie sur terre est la conséquence d’un combat des dieux – des forces divines ou surnaturelles.

Il en est de même pour le récit du Déluge – et pour toute l’épopée de Noé :

Dans le mythe babylonien d’Atrahasis, datant du 7e siècle avant J.C., les dieux décident de détruire l’humanité au moyen du déluge, car ils ne supportent plus le bruit que font les humains !

Cependant, Enki, un des dieux présents, trahit ses pairs et révèle la décision qui vient d’être prise à Atrahasis. Il lui donne, ensuite, la consigne de construire un bateau et d’y faire prendre place sa famille, des artisans, tous ses biens ainsi que des animaux domestiques aussi bien que sauvages.

Dans le récit du Déluge de la Bible, en revanche, il appartient au Dieu-créateur seul, de prendre toutes les décisions, c’est-à-dire déclencher le Déluge, inviter un individu particulier, Noé, à chercher refuge dans une arche afin de survivre au Déluge et, finalement, renoncer à tout nouveau déluge. …

D’où le repentir de Dieu : son regret « d’avoir fait les humains sur la terre, et son cœur fut affligé » (Gen6,6) !

Le Dieu de la Bible : le Dieu de la Création, de Noé, d’Abraham et de Moïse ; le Dieu qui, pour nous chrétiens s’est révélé en Jésus-Christ, n’est ni un dieu lunatique, préoccupé avec ses propres plaisirs – comme les dieux babyloniens du mythe d’Atrahasis, ni un dieu-juge impitoyable, immuable, indifférent au sort de la création.

Le Dieu de la Bible est, au contraire, un Dieu sensible et attentive à la vie de ses créatures : IL se réjouit avec eux quand ils œuvrent pour la vie sur terre – comme il s’émeut et se révolte quand l’injustice et la violence y font des ravages…

Et, lorsque, à la fin du Déluge, il propose une alliance avec Noé, il s’y engage en promettant solennellement « qu’il n’y aura plus de déluge pour anéantir la terre » (Gen9,11). …

Chose étonnante :

Dieu justifie sa promesse de ne plus envoyer de déluge avec la même raison qui l’avait conduit auparavant à le déclencher : « Certes, le cœur de l’homme est porté est porté au mal dès sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait » (Gen9,21b)

Un deuxième point important distingue radicalement le récit biblique des mythes antiques : les humains eux-mêmes ne sont pas seulement des jouets entre les mains des divinités lunatiques – aujourd’hui nous parlerions peut-être plutôt du destin ou de la fatalité ! – mais des êtres vivants, créés « à l’image de Dieu », c’est-à-dire, capable de répondre, d’entrer en dialogue, en relation avec Dieu.

Capables aussi d’œuvrer avec Dieu pour la sauvegarde de la terre et de la vie qui s’y trouve ! …

Comme ils sont, hélas, aussi capables de la détruire – de déclencher, par leur propre comportement, par leur cupidité et leur violence, des déluges et autres catastrophes « naturelles ».

Nous sommes là, en plein dans notre actualité politique et écologique !

Arrêtons-nous encore quelques instants sur le prologue – un peu mystérieux, un peu mythique à l’épopée de Noé et l’épisode du déluge : le récit nous parle, après avoir fait le constat de la multiplication des humains sur terre, des « fils de Dieu » qui, voyant que « les filles d’homme étaient belles », les « prirent pour femmes celles de leur choix » (Gen6,2).

L’expression « Fils des dieux » – ou « fils de Dieu » – désigne généralement des êtres divins – ou des anges.

Dans la Bible hébraïque (notre « Ancien Testament »), cette appellation désigne habituellement les rois d’Israël – ou le peuple d’Israël dans sa totalité.

Dans les écrits chrétiens, c’est le titre qui est réservé à Jésus le Christ.

Dans les deux cas, ce titre signifie une grande proximité entre l’humain et Dieu lui-même. Il signifie que Dieu met sa confiance et sa fidélité en l’homme ainsi désigné : Dieu même agit à travers lui ! …

Rien de tel dans ce prologue. Bien au contraire !

C’est le comportement et l’attitude de ces « fils de dieux » qui semblent même être en lien avec le constat de la multiplication de la « méchanceté de l’homme » (Gen6,5) !

L’exégèse juive voit derrière ces « fils des dieux » des juges, des puissants tout à fait humains : les fils des dieux désignent les puissants de la terre ! Leur attitude, leur comportement envers les « filles d’homme » est celui d’un choix unilatéral, sans consentement, ni avec les familles de ces filles, ni avec les filles elles-mêmes !

L’expression « ils prirent… celles de leur choix » (Gen6v2) signifie « choisir à base de critères objectifs, sélectionner ». Il n’y a aucune réciprocité dans ce choix. Ces hommes, conscients de leur puissance, font littéralement ce qu’ils veulent avec qui ils veulent ! …

Là encore, point besoin d’insister plus pour dire comment ces versets bibliques sont, aujourd’hui encore, d’actualité !

Dans le prologue au récit du Déluge, ils donnent un exemple concret de la violence – de « la méchanceté de l’homme » dénoncé en début du récit (Gen6,5) …

Que Dieu « s’en affligea » (Gen6,6) n’est pas étonnant !

Le contraire l’aurait été davantage : que Dieu se taise ou, pire encore, qu’IL consente à la violence des hommes, aurait été d’avantage scandaleux que son désir plus que compréhensible de vouloir en finir une fois pour toutes avec cette violence meurtrière des hommes.

Elle a, d’ailleurs, déjà trouvé sa première victime : en Abel, frère de Caïn, souvenons-nous ! …

Il nous reste encore un dernier verset de ce prologue à souligner – et non le moindre – car c’est lui qui nous permet d’envisager une suite plus lumineuse – ou une suite tout court, d’ailleurs – de ce récit du Déluge. C’est le dernier verset de notre lecture d’aujourd’hui : « Mais Noé trouva grâce aux yeux du SEIGNEUR » (Gen6,8).

Pourquoi Noé – et non pas les autres ?

En quoi est-il différent des autres humains qui vont subir l’anéantissement par le Déluge ?

La réponse nous sera donnée dans la suite de l’épopée, dans l’épisode un qui suivra ce prologue et que nous regarderons dimanche prochain ! …

En attendant, faisons juste ce constat qui mérite d’être souligné :

Le dernier mot de notre prologue, n’est pas la colère de Dieu, ni Sa volonté de punir ou d’anéantir les humains, mais dans ce regard de grâce et de miséricorde ! Regard de bienveillance et d’AMOUR pour l’humain créé à son image !

Amen !

Pasteur Andréas Seyboldt


[1]     Saison 1 :  la création. Saison 2 : la chute. Saison 3 : le fratricide !