Cheminer dans la foi (Assemblée générale du 23 mars 2014)

Dimanche 23 mars 2014

Pour Paul, l’Eglise est appelée à la marche, à la pérégrination, au cheminement.

D’ailleurs, « paroisse » a la même racine qu’« envoi ».

En ce sens, Abraham est le premier des paroissiens.

Au commencement de son parcours de foi, il y a une parole que Dieu lui adresse, parole d’envoi, parole de mise en route, et donc parole d’arrachement : « Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père et va pour toi vers le pays que je te ferai voir.».

Toute l’histoire d’Israël sera jalonnée de semblables appels et de ruptures parfois douloureuses, car il n’y a pas de mise en marche sans deuil à faire : deuil d’un passé plus rassurant, deuil des habitudes. C’est pourquoi, dans le désert, alors qu’il vient d’être arraché de l’esclavage, le peuple regrettera l’Egypte où, au moins, les « marmites étaient pleines ».

Dans la même veine, Jésus appellera ceux qui veulent le suivre à rompre avec leur ancienne logique de vie et de foi. «  Viens et suis-moi ». Pour cela, « vends tout ce que tu as », « cesse de te soucier des richesses matérielles », « laisse les morts enterrer les morts ».

« Viens ! » ; « suis-moi ! » ; « quitte ! ».

Une rupture, un arrachement, riches d’une double promesse.

D’abord, la promesse de la bénédiction divine.

« Tu seras béni » promet l’Eternel.

Autrement dit, « je ne te laisserai pas seul. Je t’accompagnerai fidèlement et je te ferai du bien ». « Plus encore, je ferai de toi une source de bénédiction pour les peuples » : « En toi seront bénis tous les peuples de la terre ».

L’autre promesse réside dans cette petite expression, difficile à traduire et donc souvent absente de nos traductions : « Va, pour toi, vers le pays que je te ferai voir » ou « va , vers toi, vers le pays que je te ferai voir » .

« Pour toi » car, en répondant à mon appel, tu ressentiras une joie et une liberté profondes.

« Vers toi » car, en acceptant de t’arracher à tes traditions et préjugés, tu découvriras des faces inexplorées de ta personnalité.


Cet appel de Dieu met en route des individus mais aussi notre Eglise.

Et, en ce jour d’AG, il est utile d’en mesurer les conséquences.

Qu’est-ce qui nous met en route ?

Comme pour Abraham, nous sommes mis en route par une parole que Dieu nous adresse.

Ce qui fait de notre assemblée une Eglise, ce n’est ni la tradition, ni la succession des pasteurs, ni même les activités, les finances,les bâtiments, c’est la Parole de Dieu, à écouter, à comprendre, à vivre, à aimer.

La vie de notre communauté n’a de sens que lorsqu’elle est à l’écoute du message évangélique et se fait la plus transparente possible à sa lumière.

Comme Abraham, notre paroisse est mise en route par la Parole.

Comme Abraham, notre paroisse doit, pour cela, être prête à certains renoncements.

En tant que communauté humaine, nous tenons à nos traditions et spécificités.

A ce sujet, Bois-Colombes a la chance de ne pas être prisonnier d’un passé glorieux.

De plus, comme protestants, nous posons un regard distancié sur les rites et les traditions.

Malgré tout, comme tout groupe humain, nous avons nos habitudes, nos petits conforts.

Nous aimons qu’une paroisse reste semblable à ce qu’elle était, lorsque nous y avons vécu des expériences fortes.

Nous nous connaissons bien entre nous, nous formons une famille spirituelle solide, mais dans laquelle il n’est pas si facile d’entrer.

Le récit de la vocation d’Abraham n’invalide pas ces attachements mais les remet à leur juste place, seconde.

L’essentiel n’est pas qu’une vie d’Eglise soit confortable mais qu’elle témoigne de Jésus-Christ, même si pour cela, il nous faut rompre avec certaines de nos habitudes, modifier notre vie d’Eglise, nos finances, nos locaux.

Notre organisation en Eglise est un moyen, pas un but.

Ce but, Paul le désigne : « Dieu a donné les ministères … afin de mettre les appelés en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’adultes ; à la taille du Christ dans la plénitude ».  

Voici notre mission : permettre à chacun de grandir, humainement et spirituellement.

L’Eglise est un lieu de croissance.

Sans cesse, elle doit aider de nouvelles personnes à mûrir dans leur foi, en consolidant leurs connaissances bibliques, en les éveillant à l’amour du prochain, en posant sur elles un regard bienveillant.

Nous tenons là un critère d’évaluation de nos groupes et de nos projets : favorisent-ils la croissance spirituelle des participants ? Aident-ils l’Eglise à grandir, à servir, à témoigner ?

Nous pourrons utilement garder ces questions en mémoire, tout au long de notre AG

Amen !