cette promesse est accomplie, pour vous qui l’entendez

Dimanche 27 janvier 2019

Culte à Bois-Colombes, Centre 72

Lectures :

Luc 4 / 21 – 30

« Aujourd’hui, cette promesse est accomplie, pour vous qui l’entendez ». (v.21)

Prédication :

Salut ! Moi c’est Nathan, j’habite à Nazareth, je suis un voisin de Joseph et sa famille. Je voulais vous raconter ce qui s’est passé ce jour-là.

C’était, il y a 5 ans. Tout a commencé ce jour-là…

Tout le monde attendait le retour du « fils prodigue ». On le connaissait bien, le « petit » Yes-houa, puisqu’il a grandi parmi nous ; il est un des nôtres quoi : « N’est-ce pas le fils de Joseph ? » (Luc4,22), le charpentier, bien connu et apprécié. Et là c’est son petit qui revient…

Il était parti faire des études, … . Bien, très bien même, à ce qu’il paraît : ses maîtres ont été plus que satisfaits… Il paraît qu’il les a même dépassés, … en tout cas en célébrité ! Tout le monde parle de lui, de ses discours pleins de sagesse, et de ces actions aussi : spectaculaires, miraculeuses, même, et je pèse mes mots !

Il paraît qu’il fait des guérisons, mieux que les médecins ! …

Alors, tout le monde dans le village était fier quand sa renommée commençait à circuler dans le pays et quand on parlait de lui partout …

« Il est de chez nous, de Nazareth, celui dont tout le monde parle en ce moment sur les réseaux sociaux et la presse people ! »

Il paraît qu’il tient tête aux pharisiens et autres docteurs de la Thora qui se pavanent devant le peuple en affichant une suffisance insupportable.

Ils sont complètement déconnectés du peuple, dans leur tour d’ivoire, mais personne n’ose les contredire …

… sauf Jésus, lui l’a fait, plusieurs fois même, et ils ne savaient plus quoi lui répondre ! ….

Alors, aujourd’hui, qu’il est revenu chez nous, …

… Quel prodige, quel miracle, quelle parole va-t-il nous apporter à nous ? …

« Fais-nous profiter aussi un peu de ton savoir-faire et de ton savoir-parler ! »

Ce jour-là Jésus a parlé… Il lit, d’abord, le texte du jour dans les Écritures – comme c’est la coutume au culte de la Synagogue.

Puis, tout le monde, attend son commentaire, sa prédication, dirions-nous : « Les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui » (Luc4/20). Il a l’attention maximale. Tous les feux de projecteurs – et tous les micros – sont braqués sur lui ! Que va-t-il dire ? Comment va-t-il interpréter ce verset des Écritures qui parle du Messie attendu et de toutes les promesses liées à sa venue : « …la bonne nouvelle aux pauvres, la libération des opprimés, … une année favorable, une bonne année porteuse de bénédictions ».

Et Jésus ne se dérobe pas. Il parle – et sa parole, visiblement, fait effet !

Il dit que c’est aujourd’hui, c’est maintenant, la réalisation de la prophétie, c’est aujourd’hui que se réalise cette belle promesse … pour vous qui l’entendez !

La réaction ne se fait pas attendre : « Tous lui rendaient témoignage, étonnés des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc4/22) …

Nous sommes dans l’admiration… et tout le monde attend la suite : la mise en action, concrète, visible de cette annonce, de cette promesse… par une autre guérison miraculeuse, une manifestation puissante de la force divine qui est avec lui…

OUI, Jésus, vas-y, la force est avec toi, et nous, tes compatriotes les plus proches, on sera avec toi aussi, et surtout, derrière toi, pour te suivre, pour prendre le pouvoir dans le pays et pour chasser tous ces politiques corrompus qui se fichent de la misère du peuple ! …

Quand il a continué à parler, on n’a d’abord pas compris ce qu’il a dit…

Il parlait du prophète Élie et d’une veuve quelque part à l’étranger, au Liban, puis d’un officier syrien que le fils d’Élie, prophète comme son père, avait guéri de la lèpre…

Pourquoi nous raconter tout cela ? Cela ne nous concerne pas ce que font les étrangers ! …

Mais, quand il a dit : « Je vous le dis, aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ! » (Luc4/24), là, on a compris !

On a compris qu’il avait décidé de ne rien faire chez nous, pour nous !

Et là, c’était comme une douche froide, pire, comme une claque ! …

Pas étonnant que l’admiration de la foule s’est transformée en colère, puis en violence meurtrière : Oui, c’est vrai, on l’a chassé hors de la ville.

Il faut dire qu’on était vraiment furieux et ça a failli mal finir. Certains ont même voulu le jeter en bas de la montagne…

Mais bon, à Nazareth, on est un peu colérique… Il paraît que nous, les Galiléens, on a cette réputation…

Mais quand même, on a su s’arrêter avant.

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Quelques années après, Jésus avait été arrêté, puis jugé et condamné pour blasphème.

Et les circonstances de cette fin tragique de Jésus n’est pas sans rappeler l’épisode que nous avons vécu dans notre petite ville ce jour-là. …

Je me souviens bien encore, d’abord, de son arrivée triomphale à Jérusalem, sous les hurrahs et les acclamations par une « multitude des disciples » (Luc19/37) qui l’ont suivie et accompagné ce jour-là … des « followers », en langage moderne !  Comme le Messie attendu : « Béni soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! » (Cf. Luc19/38).

Puis, quelques jours après l’acclamation – et l’admiration – populaire s’est transformée en colère, en haine, en violence meurtrière :

« Supprime cet individu… Crucifie-le ! Crucifie-le ! » (Luc23/18-21). …

Et pour une fois, gouvernants et peuple sont d’accord, unanimes dans cette condamnation… C’est la droite et la gauche unie dans une violence meurtrière, triste et tragique union !

Et Jésus … ne fait rien ! …

Ou plutôt : il laisse faire. Il ne sort pas une baguette magique pour l’empêcher, pour transformer les agresseurs en citrouille … comme il ne descend pas non plus de la croix triomphant de ceux qui l’on fait crucifier.

* * * * * * * * * * * * *

Là s’arrête le récit de Nathan, le voisin de Joseph.

Comment comprendre le refus de Jésus de faire des miracles, chez lui ?

Voilà ce qu’ont écrit à ce sujet Marc et Matthieu – ces deux écrivains qui, chacun, a rédigé un récit de la vie de Jésus, appelé « euangelion », ce qui veut dire « bonne nouvelle ».

Dans leur version du retour de Jésus dans sa ville, ils ont commenté l’échec (car c’en est un !) de Jésus dans son pays avec ces mots :

« Et Jésus ne fit pas, là, beaucoup de miracles, à cause de leur manque de foi » (Matth.13/58 ; Marc6/6). …

Le manque de foi… qu’est-ce que cela veut dire ?

Et d’abord, la foi, c’est quoi, je vous le demande ?

Non, non, ce n’est pas ce que vous pensez : ce n’est pas un savoir, ni un pouvoir de superman qui protège les bons et qui punit les méchants…

La foi, ce n’est pas non plus une croyance, du genre, je crois qu’il va neiger demain, ou : je crois au dogme de « l’infaillibilité du pape » ou, encore : je crois que la terre est ronde – ou plate – qu’elle tourne autour du soleil – ou l’inverse…

La foi n’est pas non plus quand certains disent : « Je crois à la Bible plutôt qu’à la théorie de l’évolution »

Non, la foi n’a rien à voir avec tout cela. On ne peut pas la mériter ni la gagner, ni l’avoir, la posséder comme un bien, une propriété….

La foi, comme nous pouvons le voir très bien dans la langue française, vient du même mot que le mot « confiance » …. D’où vient d’ailleurs aussi les mots un peu démodés aujourd’hui de « fiancée »

La foi, on ne peut pas l’avoir. Il faut plutôt « y être », c’est à dire : « être dans la foi » – et pour y être, il faut, au minimum, être deux ! …

Car, c’est une affaire de « confiance », d’être « en confiance » avec quelqu’un. …

Se savoir accompagné, et même porté, par une « relation de confiance » qui ne m’explique pas le pourquoi du comment … et ne me donne pas non plus d’explications sur le « pourquoi du mal et de la souffrance »

Mais, en revanche, elle me rassure et m’assure – particulièrement – dans les moments difficiles, où je me sens seul et abandonné aux épreuves, aux souffrances que la vie m’inflige, que je ne suis, justement, pas seul et abandonné, mais que quelqu’un m’accompagne – et même me porte dans ces moments-là, … comme un ami fidèle et compatissant qui ne vous laisse jamais tomber !!!

Et parfois – assez souvent, même – il est plus facile pour un non-croyant – un « non-pratiquant » de trouver cette foi – ou plutôt d’être trouvé par elle – que pour les habitués de la Religion !

Car, elle arrive souvent dans le quotidien d’une rencontre inattendue – qui n’est pas limitée à l’espace d’un temple, d’une église ou autre salle de culte – mais où se fait entendre une parole de libération et d’accueil :

Aujourd’hui, cette parole vous est donnée à vous, qui l’entendez !

Amen

Pasteur Andréas Seyboldt

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