A la suite de Jésus

Eglise Protestante Unie d’Argenteuil Asnières Bois Colombes, Colombes

19-1-2020

Jean 1 v 19 à 51

19Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites pour lui demander : 20Toi, qui es-tu ? Il confessa sans le nier, il confessa : Moi, je ne suis pas le Christ. 21Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il dit : Je ne le suis pas. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non. 22Ils lui dirent alors : Qui es-tu ? afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ; que dis-tu de toi-même ? 23Il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Esaïe. 24Ceux qui avaient été envoyés étaient des Pharisiens. 25Ils l’interrogèrent et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ, ni Élie, ni le prophète ? Jean leur répondit : 26Moi, je baptise dans l’eau ; au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez pas et qui vient après moi ; 27je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. 28Cela se passait à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait. 29Le lendemain, il vit Jésus venir à lui et dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. 30C’est celui dont j’ai dit : Après moi vient un homme qui m’a précédé, car il était avant moi ; 31et moi, je ne le connaissais pas, mais, afin qu’il soit manifesté à Israël, je suis venu baptiser d’eau. 32Jean rendit ce témoignage : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui ; 33et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise d’Esprit Saint. 34Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que c’est lui le Fils de Dieu.35Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples ; 36il regarda Jésus qui passait et dit : Voici l’Agneau de Dieu. 37Les deux disciples entendirent ces paroles et suivirent Jésus. 38Jésus se retourna, vit qu’ils le suivaient et leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui dirent : Rabbi — ce qui se traduit : Maître — où demeures-tu ? 39Il leur dit : Venez et vous verrez. Ils allèrent et virent où il demeurait ; ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure. 40André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus. 41Il trouva d’abord son propre frère Simon et lui dit : Nous avons trouvé le Messie — ce qui se traduit : Christ. 42Il le conduisit vers Jésus. Jésus le regarda et dit : Tu es Simon, fils de Jonas : tu seras appelé Céphas — ce qui se traduit : Pierre. 43Le lendemain, il voulut se rendre en Galilée, et il trouva Philippe. Jésus lui dit : Suis-moi. 44Philippe était de Bethsaïda, la ville d’André et de Pierre. 45Philippe trouva Nathanaël et lui dit : Nous avons trouvé celui dont il est parlé dans la loi de Moïse et dans les prophètes, Jésus de Nazareth, fils de Joseph. 46Nathanaël lui dit : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? 47Philippe lui dit : Viens et vois. Jésus vit venir à lui Nathanaël et dit de lui : Voici vraiment un Israélite dans lequel il n’y a pas de fraude. 48Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus lui répondit : Avant que Philippe t’ait appelé, quand tu étais sous le figuier, je t’avais vu. 49Nathanaël reprit : Rabbi, toi tu es le Fils de Dieu, toi tu es le roi d’Israël. 50Jésus lui répondit : Parce que je t’ai dit que je t’avais vu sous le figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses que celles-ci ! 51En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.

Il y a quelques semaines, commençait dans notre paroisse le parcours Alpha. Ce parcours de réflexions, d’interrogations, de découvertes sur le sens de la vie, sur la foi chrétienne, ouvert à tous, croyants et incroyants et que vous pouvez encore rejoindre le mardi, tous les mardis à 20 h15. La 1ére soirée était une soirée d’introduction, de présentation du parcours à venir avec comme thème très général, le sens de la vie. Puis la 2éme soirée qui a lieu mardi dernier a permis d’entrer dans le vif du sujet, avec comme thème : Jésus, qui est Jésus ? Et cela, par un cours exposé assuré par Rova, suivi d’un partage et d’un échange en petits groupes selon le principe d’animation de toutes les soirées.

Jésus, qui est Jésus ? : une manière de commencer par le commencement, comme le fait aussi l’Évangile de Jean, en début d’Evangile dans le chapitre 1. Tout tourne autour de Jésus. Pas étonnant, dès le début, aussi bien dans la parcours Alpha que dans l’Evangile de Jean !

Car sans Jésus pas d’Evangile, sans Jésus pas de Nouveau Testament, sans Jésus pas de Bible telle que nous la connaissons, sans Jésus pas de christianisme, sans Jésus pas d’Eglise chrétienne, sans Jésus pas d’Eglise Protestante, sans Jésus nous ne serions pas là ce matin, à nous rassembler, à chanter, à prier, à partager le pain et le vin de la Cène.

Ce Jésus, qui même 200ans après sa venue, interroge, questionne. Régulièrement, des auteurs en littérature qui ne sont pas spécialement chrétiens sortent des bouquins sur leur manière de voir Jésus, de comprendre son message. Encore dernièrement, je voyais dans les Maisons de Presse que le Figaro, en période de Noël avait sorti un numéro hors-série intitulé « Jésus-Christ cet inconnu ?» en partenariat avec l’Ecole Biblique de Jérusalem. Je pense aussi dernier roman d’Amélie Nothomb intitulé « Soif »

Alors, ce matin, intéressons-nous à ce que dit l’Evangile de Jean, sur Jésus, dans ce long passage du 1er chapitre.

Ce que je constate, c’est que le personnage « Jésus » produit deux effets, deux mouvements qui peuvent paraître contradictoires, opposés. Deux mouvements, deux effets qui viennent nourrir notre réflexion sur ce qu’est l’Eglise, en cette semaine de prières pour l’Unité des chrétiens.

Le premier mouvement est un mouvement de rassemblement.

Je ne sais pas qui d’entre vous serait capable ce matin sans se tromper de reprendre très précisément tous les mouvements, tous les déplacements, toutes les relations de personne à personne qui apparaissent autour de la personne de Jésus. On s’y perd dans les personnages cités, croisés, rencontrés qui vont de l’un à l’autre. Des fils, dans tous les sens, se tissent, s’entrecroisent, se croisent et se recroisent.

Pour faire vite et court, sans trop vous perdre, ni vous lasser, c’est tout d’abord Jean-Baptiste qui voit Jésus ; puis Jésus rencontre deux disciples de Jean-Baptiste dont l’un est André. André va voir son frère Simon Pierre qui se met à la suite de Jésus. Puis, Jésus fait la rencontre de Philippe ; celui-ci va trouver Nathanaël. Philippe parle de Jésus à Nathanaël qui va à la rencontre de Jésus. Vous me suivez toujours ? Vous n’avez pas perdu le fil, non seulement de la prédication mais aussi le fil de la discussion, le fil des rencontres !! Un vrai jeu de piste d’un personnage à l’autre.

Car le téléphone arabe marche à merveille ! Un bouche à oreille plus efficace que le meilleur des réseaux sociaux ! Un ouï-dire qui fait qu’on parle, que l’on se parle, qu’on partage, qu’on sollicite, invite et cela toujours autour de la personne de Jésus. Car Jésus, dès le début de son ministère, ne laisse pas insensible, ni indifférent. Avec sa venue, une dynamique se met en place. Les premiers disciples sont appelés et se retrouvent à sa suite. En sa présence, à son écoute, à sa parole, les disciples se mettent en mouvement, se déplacent pour se parler, pour communiquer, pour raconter et inviter. La parole circule et fait se rencontrer et rassembler des personnes qui jusqu’alors n’avaient pas de raison à vue humaine de se voir, ni se croiser. Des premiers disciples qui pour la plupart ne se connaissaient pas et qui désormais font route ensemble à la suite de Jésus, dans la mouvance de Jésus, certains diront, dans la suivance de Jésus.

Quel est leur dénominateur commun ? A vue humaine, pas grand-chose sinon d’avoir été appelés, de se mettre en mouvement à la suite de Jésus, de sa personne, de son message, de son Royaume, de sa parole. Ont-ils tout compris ? Loin de là ! Connaissent-ils tout de Jésus ? Loin de là ! Saisissent-ils pleinement son identité et sa mission ? Loin de là ! Et pourtant ils se mettent en marche et sont rassemblés par Celui qui pour eux trace un chemin nouveau.

C’est cela l’Eglise, notre Eglise de Bois Colombes, rassemblant celles et ceux qui se sentent appelés. Rappelons que le mot Eglise, en grec eklésia, a pour racine le verbe kaléo qui signifie appeler.

Une Eglise qui rassemble celles et ceux qui se sentent attirés par Jésus, sa personne, son message, ses paroles, ses actions, sans pour autant avoir tout compris, ni tout saisi de Lui.

D’une manière ou d’une autre, ils se laissent orientés par sa personne, son message, sa parole. L’Eglise, bien avant d’être une institution, bien avant d’être une organisation, bien avant d’être un bâtiment, bien avant d’être une association, bien avant d’être un ensemble d’activités, oui l’Eglise est un rassemblement, une communauté d’hommes et de femmes qui comme les 1ers disciples sont pris dans un mouvement qui les place à la suite de Jésus, de ses paroles, de son enseignement.

Premier effet, premier mouvement produit par la personne de Jésus qui appelle, rassemble, met en mouvement.

Deuxième effet, deuxième mouvement qui peut sembler contradictoire avec le premier puisque cet effet met en lumière, au contraire la diversité des disciples, de leurs approches, de ce qu’ils disent de cette même personne de Jésus.

Avez-vous remarqué en effet que chacun d’eux, chacun de ces premiers disciples nomment Jésus à sa manière à travers un titre, une identité différente ?

 Jean-Baptiste le désigne comme « l’Agneau de Dieu ». Les deux premiers disciples rencontrés le nomment « Rabbi » c’est à dire « Maître ». André le désigne comme « le Messie », c’est à dire le « Christ ». Nathanaël l’appelle « Jésus de Nazareth fils de Joseph ». Nathanaël le reconnaît comme « le Fils de Dieu, le roi d’Israël ». Enfin Jésus toujours discret et secret sur son identité dit de lui qu’il est » le Fils de l’Homme. »

Même mouvement, même mise en marche, même suivance et pourtant des confessions de foi différentes, des perceptions de Jésus très variées, des paroles multiples sur ce Jésus, qui désormais oriente et guide leur marche et leur vie.

Nous pourrions décortiquer pour chacun des titres, leur signification au travers d’une prédication spécifique ; chaque manière de nommer Jésus correspond à une insistance particulière sur tel ou tel aspect de sa personne et de sa mission.

« L’Agneau de Dieu « évoque tout à la fois sa douceur et la libération qu’il procure. C’est le rappel de la libération du peuple d’Israël de l’Egypte lorsque le sang de l’agneau couvre les linteaux des portes des Hébreux. « Rabbi, Maître » renvoie plutôt à l’enseignement qu’il apporte et en particulier à l’enseignement de sagesse. « Messie, Christ » le désigne comme l’Envoyé de Dieu à la suite des messages des prophètes du 1er Testament. « Jésus de Nazareth » souligne son humanité, « Fils de Dieu » plutôt sa divinité, « roi d’Israël »sa judaïté. « Fils de l’Homme » contrairement à ce que nous pourrions penser, renvoie au prophète Daniel, annonciateur d’un sauveur venu des cieux.

Une diversité, d’emblée, d’approches, de visions, de confessions, qui vient contredire l’adage : « qui se ressemble, s’assemble « Des disciples, tous mis en mouvement à la suite de Jésus, mais dans des approches différentes, qui ne sont pas exclusives les unes des autres.

N’est-ce pas la situation aujourd’hui des Églises chrétiennes chacune d’elles mettant l’accent sur un aspect particulier du message de Jésus-Christ. Chacune, du coup, pouvant enrichir les autres.

On connaît l’instance du protestantisme sur le Christ, reçu comme Parole, au cœur des Écritures et suscitant la liberté. On connaît l’insistance du catholicisme sur le Christ, reçu comme sacrement, et invitant à comprendre l’Eglise comme corps du Christ visible. On connait l’insistance de l’orthodoxie sur le Christ, comme souffle de l’Esprit, conduisant à une intériorité, une spiritualité forte proche souvent de la mystique. Chacune des traditions chérifiennes est porteuse de richesses à partager avec les autres.

Un mouvement rassembleur qui fait unité ; un mouvement qui diversifie et met en lumière la diversité.

Nous sommes, nous, Église Protestante Unie, une Eglise très attachée à vivre de cette unité dans la diversité et tout spécialement ici à Bois Colombes avec ses antennes culturelles, diaconales, sociales et jeunesse.

Tous appelés à la suite de Jésus-Christ, dans sa mouvance, dans sa suivance mais en respectant pour chacun sa manière, son approche, sa façon, de dire et vivre son lien à Jésus.

Nous serions étonnés, si nous demandions, ce matin, à chacun  qui est Jésus pour lui : une présence, une lumière, un exemple d’humanité, un message de fraternité, un don d’amour, le vivant, un lanceur d’alerte, un prophète ,le Seigneur,  un artisan de paix, un homme debout, le visage, un visionnaire, celui qui nous fait connaître le Père, un libérateur, un révolutionnaire, un trouble-fête, le Sauveur,  Dieu avec nous parmi nous, un juif extraordinaire, un sage, un maître, un soutien, le ressuscité et que sais-je encore ?

Tous ensemble, chacun à sa manière, avec son insistance en acceptant nos différences mais tous à sa suite, à son écoute, mis en mouvement pour rechercher avec et par lui,  la foi, l’espérance et l’amour, pour soi-même et pour les autres.

Amen

Pasteur Denis Heller