Une Eglise qui grandit et aide à grandir (AG, 22 mars 2015)

Dimanche 22 mars 2015

Texte biblique : Ephésiens 4,1-16

Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour un culte particulier, celui de l’AG, temps mis de côté pour faire le point, débattre, exprimer notre reconnaissance devant tant d’énergie au service de l’Evangile.

En ce jour, à la lumière du texte de Paul, nous nous poserons une question : Quel est l’objectif premier d’une Eglise ?

Première réponse possible : la mission d’une Eglise consiste à trouver les moyens de continuer à vivre. Pour cela, il faut de l’argent, pour faire des travaux et atteindre la cible, pour payer des pasteurs , pour dynamiser les activités qui attireront du monde, pour que les recettes augmentent et que la cible soit atteinte.

Bien sûr, notre Eglise doit se soucier de son avenir, y compris matériel. Et c’est notamment de la responsabilité du Conseil presbytéral et de l’équipe des trésoriers. Mais nous donner cet unique objectif, c’est tourner en rond, comme l’ivrogne du « petit prince », de Saint-Exupéry, qui buvait pour oublier qu’il buvait.

La vie de l’Eglise ne peut être son but principal. Car l’Eglise ne vit pas d’abord pour durer mais pour vivre et partager l’Evangile.

Alors quelle ligne directrice pour notre Eglise ?

Pour Paul, cette ligne se résume en un mot : croissance.

Cette croissance est notamment quantitative.

Croissance du nombre de fidèles.

Croissance dans la participation aux activités, au culte, à l’école biblique, au groupe de jeunes, aux études bibliques.

Croissance du nombre de ses responsables.

Une Eglise qui ne se renouvelle pas, se sclérose puis meurt.

Surtout, l’Eglise n’est pas un club d’initiés mais un lieu ouvert, car elle est là au nom de l’Evangile.

Or, cet Evangile est à partager parce qu’il fait du bien, parce que cela change une existence de rencontrer le Christ et de recevoir sa grâce, sa paix et son pardon, parce que les promesses de l’Evangile concernent l’humanité toute entière et pas seulement un petit groupe d’happy fews.

L’Eglise est d’abord pour les « autres ».

Ceux qui ne font pas partie d’une communauté.

Ceux qui viennent à nous pour un mariage, un baptême ou un enterrement.

Ceux qui traversent un désert spirituel.

Ceux qui ont trop de problèmes pour se laisser aimer facilement.

Ceux qui ne connaissent pas encore l’Evangile.

Une fois, un homme voulait prendre le bateau pour traverser l’Atlantique. C’était son rêve. Mais il n’était pas riche et a dû économiser pour se payer la traversée.

Comme il n’avait plus d’argent sur le bateau, il se contentait de sandwichs et d’eau, alors que tous les autres passagers profitaient des repas somptueux proposés sur le paquebot.

Un passager, intrigué de le voir manger en catimini ses sandwichs, lui demanda pourquoi.

L’homme lui répondit : « Je n’ai plus d’argent pour me payer ces repas. Ils doivent sûrement coûter des fortunes. »

Et c’est là qu’il apprit que les repas étaient compris dans la traversée. Ils étaient gratuits.

L’homme s’était privé pour rien.

Une Eglise qui veut grandir, c’est une Eglise qui sait qu’un banquet est offert à tous, qu’il est gratuit, et qu’il serait absurde que tant de gens se privent pour rien.

Croissance numérique.

Croissance dans la vie spirituelle.

Il ne suffit pas que l’Eglise grandisse; comme l’écrit Paul, il faut aussi que « chacun réalise sa propre croissance pour se construire lui-même, dans l’amour ».

Grandir, devenir adulte dans la foi, c’est devenir suffisamment tranquille avec soi pour se tourner vers les autres, c’est être assez sûr d’être aimé et pardonné pour pouvoir faire de même.

La vocation d’une Eglise est de favoriser cette croissance, d’aider chacun à grandir à son rythme.

Alors, lorsque nous évaluerons la pertinence de nos activités, lorsque nous imaginerons d’autres actions possibles, demandons-nous si elles favorisent ou pas la croissance spirituelle de ceux qui y participent.

Demandons-nous également si nous veillons, personnellement, à notre propre croissance spirituelle.

Nous avons raison de réfléchir à nos projets et à nos ressources matérielles.

Nous avons des motifs de nous réjouir de l’offre culturelle, éducative, diaconale de cette maison. Mais tout ceci ne portera des fruits que si, parallèlement, nous nous ressourçons spirituellement.

Or, de par la diversité des engagements qu’elle propose, cette paroisse fait courir à ses membres et notamment à ses membres les plus engagés, le risque de beaucoup s’investir en oubliant de se nourrir intérieurement, d’être au Centre 72 cinq fois par semaine sans prendre le temps de la méditation de la Bible, de la prière, du culte.

Dernière dimension de la croissance : la croissance du lien communautaire.

Notre paroisse a la chance incroyable de se déployer dans quatre directions, avec la MDJ, l’Entraide, le Centre 72, l’association cultuelle.

Elle dispose d’un trésor : ces dizaines d’adultes engagés, d’une très grande diversité sociale, culturelle et même religieuse.

Tout ceci nous ouvre et nous dynamise. Mais, du fait même de cette diversité, nous devons veiller plus encore que d’autres Eglises aux relations entre nous, au maintien du lien communautaire.

Pour reprendre la belle expression de Paul, nous devons nous « supporter » les uns les autres : nous « supporter » au sens de « soutenir » en veillant aux plus fragiles; « supporter » dans le sens plus trivial de collaborer le plus fraternellement possible, y compris avec celui qui nous hérisse, y compris avec ceux qui semblent avoir d’autres priorités que les nôtres, y compris avec les autres comités.

Veillons donc à la croissance numérique, veillons à grandir spirituellement et chérissons l’unité, la concorde, la paix entre nous. Amen !