Psaume 119 v 105 (v 105 à 112) « Ta parole est une lampe devant les pas, une lumière qui éclaire ma route »

Nous voici, chers amis, pour cette rentrée, cette reprise après la coupure de l’été, dans une belle salle de culte rénové. Sol poncé, lustré, brillant, ; peinture refaite ; installation d’un rétro projecteur, d’un écran, d’une boucle pour mal entendants, de rideaux mobiles électriquement.

Si notre salle a été remise à neuf pour être plus accueillante, peut-on dire, plus joyeuse, nous avons gardé cependant notre verset biblique de l’année, lisible, visible lorsque nous entrons au Centre 72 ; visible, lisible par tous, protestants, catholiques, croyants, incroyants.

Un verset biblique qui donne l’identité de ce lieu, de ce Centre, du Centre 72 : un lieu de rassemblement d’une communauté chrétienne avec au centre, en son centre, au centre de notre Centre pourrions-nous dire, une parole qui interpelle, une parole venue d’ailleurs, une parole à écouter, une parole qui résonne, nous le croyons, dans la Bible.

Et le verset biblique choisi pour l’année 2019 est en ce sens très explicite puisqu’il fait référence explicitement à cette parole : « Ta parole est une lampe devant les pas, une lumière qui éclaire ma route »

L’année dernière en 2018, nous avions retenu un autre verset : « Accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueillis » Une prédication que vous trouverez sur le site paroissial, avait été donnée pour en creuser le sens.

 C’est ce que nous ferons ce matin ensemble pour notre verset de l’année tiré du livre des Psaumes. « Ta parole est une lampe devant les pas, une lumière qui éclaire ma route »

Toute première remarque. Vous pourriez me dire que ce verset se suffit à lui-même. C’est une métaphore, une comparaison qui est faite. Ta parole est lumière ; ta parole est comme une lumière, comme une lampe. Une image qui donne à penser, à réfléchir. Elle peut se suffire à elle-même. Et nous pourrions alors arrêter là la prédication de ce matin. Enfin une prédication courte, me direz-vous, mais encore…

J’aimerai avec vous partager en 3 temps quelques réflexions à partir à chaque fois d’un couple de 2 mots.

Premier temps, un verset dans un vaste ensemble. Oui, le verset qui nous occupe est tiré, faut-il le rappeler, du psaume 119, le plus long des psaumes, 176 versets à lui tout seul ! du plus long chapitre de la Bible, 5 pages de la version Segond . Je vous ai épargné une lecture en entier ; elle aurait duré 15 à 20 minutes. Un vaste ensemble très particulier puisqu’il s’agit d’une longue méditation sur les commandements de Dieu, sur sa loi, ses préceptes, ses paroles et cela dans une construction littéraire très particulière.

Puisque ce psaume, suivez-moi ! est constitué de 22 strophes ; chaque strophe étant composé de 8 versets chacun. Chaque strophe et chaque verset de la même strophe commencent par la même lettre alphabétique et cela dans l’ordre alphabétique de l’alphabet hébraïque.

22 strophes correspondant aux 22 lettres de l’alphabet et ce n’est pas fini ! Dans chacune des strophes, 8 mots différents en hébreu mais à peu près tous synonymes sont utilisés à savoir les mots suivants : loi, règle, ordre, précepte, commandement, décret, oracle, promesse et parole. Du coup, on a parfois l’impression que le Psalmiste, l’auteur du psaume se répète. C’est une vraie œuvre littéraire, une vraie composition littéraire, un vrai poème, une vraie prouesse artistique.

Ça, c’est la forme mais voyons le fond, ce qui est le plus important !

 Il ne s’agit pas simplement d’une réflexion générale sur la Thora, la loi de Dieu mais il s’agit avant tout d’une prière. Le croyant d’autrefois parle à son Seigneur. Il médite. Il réfléchit. Il s’interroge mais avant toute chose il s’adresse à son Dieu « Ta parole est une lampe devant mes pas » Ta parole !; il s’agit de la parole de Dieu, de pas n’importe quelle parole. Je serais curieux de savoir ce que répondrait le visiteur « landa » du Centre 72 à la question : » mais qui se cache derrière cette expression Ta parole ? »

Oui, il s’agit bien déjà d’une confession du croyant d’autrefois qui exprime tout à la fois sa confiance en la parole de Dieu, son attachement, son désir d’en vivre et de l’appliquer mais aussi ses difficultés à la suivre, ses peurs face à l’avenir, ses résistances, ses craintes face aux forces adverses, ses fatigues et son manque de persévérance dans l’observance des commandements au quotidien.

Et pourtant, par ailleurs il dit qu’elle est plus douce que le miel et qu’elle vaut mieux que des milliers de pièces d’or et d’argent. En cela, l’auteur du psaume qui s’exprime, nous ressemble bien.

Désireux de bien faire et d’écouter la parole et d’en vivre mais confronté aussi à ses faiblesses, à ses infidélités et à ses manquements. Pas beaucoup de changement depuis 2000 ans ! Un verset, notre verset qui fait partie d’une longue et belle prière adressée à Dieu, tout à la fois faite de confiance mais aussi de supplication pour demander l’aide de Dieu dans ses peurs et ses manquements.

2éme temps, 2éme couple de mots qui touche au contenu de cette parole décrite comme une lumière, comme une lampe. En effet quelle est cette parole ? Son contenu ?

Une parole à la fois de loi et de grâce et voilà notre second couple.

Oui de loi, car comme vous l’avez entendu sans cesse, l’auteur évoque la Thora, les commandements de Dieu, les préceptes, les exigences qui détaillent ce que Dieu demande au peuple de la 1ére alliance, ce qu’il attend de lui. Les instructions, dit-il, exprime la volonté de Dieu, une volonté de vérité, de droiture, de justice face au mensonge, face à la tromperie, face à ceux qu’il désigne comme les méchants, face, dit-il, encore au mépris et à la moquerie de ceux qui lui veulent du mal.

Cette parole qui est comparée à une lampe et à une lumière renvoie assurément au décalogue, aux dix commandements donnés à Moïse au Mont Sinaï mais aussi aux paroles des prophètes qui en appellent à la justice, à la paix et à la pratique du bien. Des paroles de loi car elles disent ce que l’être humain fidèle à Dieu, doit faire.

Si nous nous arrêtions là, nous ferions de la Bible et du christianisme, une belle histoire de morale et de sagesse. Ce ne serait pas si mal, sans mauvais jeu de mots, mais nous nous priverions de tout un pan du message biblique et de la foi chrétienne.

Car si cette parole, dont parle le Psalmiste, dit ce que l’être humain est appelé à faire, elle dit, elle fait connaître aussi et là nous nous ouvrons à une dimension toute autre, à ce que Dieu fait.

Ce ne sont plus alors des paroles-ordres, des paroles-commandements, des paroles-exigences, mais des paroles-promesses, des paroles de bénédictions, des paroles de salut, des paroles de libération. Promesses, bénédictions, salut, libérations qui évoquent l’action de Dieu, sa bonté et sa fidélité. Des paroles de Dieu qui ne sollicitent plus l’action du croyant mais sa foi en la grâce de Dieu et en son action. « Oui, tu es bon Seigneur et tu fais du bien. Que ta bonté s’étende jusqu’à nous Seigneur, sauve-moi comme tu l’as promis, moi ton serviteur, dit le Psalmiste ; Que ta bonté vienne à présent me consoler comme tu me l’as dit. Tu as un cœur plein d’amour Seigneur, fais-moi vivre en accord avec tes décisions »

Des paroles de grâce, des paroles de pardon, de salut et de libération qui sont paroles de Dieu agissantes, donnant la lumière, ouvrant des horizons suscitant des perspectives.

« Ta parole est une lampe devant mes pas, une lumière sur ma route. » Une parole qui est à la fois « commandement- loi », ce que l’être humain est appelé à faire et à la fois « grâce-salut » ce que Dieu fait pour l’être humain.

Enfin terminons par notre 3éme couple de mots.

Le croyant d’autrefois semble être très au clair, c’est le cas de le dire ! sur cette parole qui lui est adressée. Il semble facilement l’entendre et la connaître car il l’identifie à la Thora, aux paroles des prophètes qui contiennent à la fois commandements et promesses de Dieu mais pour nous qu’en est-il ?

Oui comment connaître et entendre cette parole ?

Dieu peut nous sembler trop souvent muet et absent ; Il nous semble, à juste titre périlleux, voire dangereux et surtout prétentieux d’édicter la volonté de Dieu en quelques formules simples. Notre dernier couple sera donc « une parole entre la lettre et l’esprit ».

 En tant que chrétiens et surtout en tant que protestants, nous pensons que nous avons besoin de la Bible, de la lettre de la Bible, de la lettre des Écritures pour entendre cette parole de Dieu aujourd’hui, une parole vivante à ne pas confondre avec la lettre du texte ; une parole vivante manifestée en la personne de Jésus-Christ à recevoir en Esprit.

Cette parole sera lumière pour nous en ce sens qu’elle nous donnera une orientation à prendre, une direction à saisir, un souffle à suivre sans pour autant donner le détail exact de ce qu’il faudra faire. Cette parole sera pour nous lumière sous le souffle de l’Esprit dans la mesure où elle nous donnera force et direction pour agir, pour avancer dans tel ou tel sens. Avec cette parole reçue, nous ne connaîtrons jamais le détail de notre avenir et toutes les précisons sur la route à emprunter ; mais cette parole reçue en Jésus Christ par l’Esprit, nous aidera à voir plus clair sur ce que nous sommes, sur les décisions à prendre, les choix à faire. Une lampe devant nos pas, une lumière sur notre route ; non pas un puissant projecteur qui révélerait le détail de tous nos jours et de notre avenir.

Non, une parole lumière pour un regard renouvelé, pour des forces nouvelles ; pour ne pas perdre l’espérance, ni la confiance, pour agir en visant l’amour et le bien pour soi et pour les autres.

Une année nouvelle s’ouvre, une route nouvelle.

Nous aurons besoin de lumière. Que sa Parole nous éclaire, éclaire nos intelligences, nos décisions, nos choix.

Le long Psaume 119 se termine ainsi:  » je suis errant comme  une brebis égarée. Viens me chercher  car je n’oublie pas tes commandements ».

Amen

Pasteur Denis Heller