Philippe l’évangéliste et Simon « le Mage »

Dimanche 10 juin 2018 à 10 h 30, avec baptême

Maison des Jeunes, Bois Colombes

LECTURES :

Actes 8 / 1b – 25

Prédication :

 Quelle est la différence entre Philippe l’évangéliste et  Simon « le Mage » ?

L’un et l’autre semble être habité par une même « Puissance de Dieu » .

L’un et l’autre prêchent et font des merveilles.

L’un comme l’autre exerce une attraction sur la foule samaritaine qui s’attache à eux. …

 

Quelle est la différence effective, concrète entre la magie que Simon exerce et qui émerveille la foule et l’Évangile qu’annonce Philippe à cette même foule « hommes et femmes » et qui leur donne la foi ?

La puissance de l’un et de l’autre semble avoir le même effet : produire des « grands signes et miracles », (Actes8/13).

Pour les les gens, leur puissance est celle de Dieu = « la grande puissance »…

Mais cette « grande puissance », est-elle le signe de la présence de Dieu dans leur vie….

 

L’apôtre Pierre (qui a connu Jésus de son vivant et qui l’a vu accomplir des miracles et des guérisons au nom de Dieu) ne se laisse pas tromper par les apparences!

Pour lui, la puissance de Simon le Mage – même si elle est grande, même si elle semble venir de Dieu – n’est pas une preuve que Dieu agit en lui :

« Que ton argent soit détruit avec toi, puisque tu as pensé que le don de Dieu peut s’acheter avec de l’argent », (Actes 8 / 20).

 

Simon le Magicien et Philippe l’évangéliste semblent avoir un pouvoir aux effets semblables ; mais ce n’est pas le même Dieu qu’ils servent.

Alors que le magicien se désigne soi-même comme quelqu’un d’ « important », quelqu’un de « grand » (v9b-10), Philippe désigne et prêche le Christ (v5) ;

Simon personnalise le message et la foule s’attache à lui, tandis qu’elle s’attache aux paroles de Philippe (v6a).

Résultat : alors que Simon fascine la foule par son pouvoir (v9), la mission de Philippe provoque « une grande joie » (v8) – qui est la même que celle que l’ange annonce aux bergers quand Jésus est né. C’est la grande joie que produit l’annonce de l’Évangile chez ceux qui le reçoive !

 

D’un côté, Simon dont les foules disent qu’il est, lui la « Puissance de Dieu ».

De l’autre côté, Philippe qui proclame le Règne et la Puissance d’un Autre : Jésus Christ (v12a).

 

Alors que Philippe est plutôt discret dans cette histoire… en fait : il ne parle même pas, il ne se met pas en avant mais montre le Christ, Simon, quant à lui, se présente comme une vedette, une star qui veut briller par ce qu’il sait faire…

La différence entre les deux ne tient pas en une technique, mais en une éthique, c’est à dire une attitude, une façon d’être.

 

Le pouvoir que Dieu donne par son Esprit – et dont Simon est jaloux ! –  … il n’est pas à marchander. 

Il n’est que « don » ; il ne donne pas aux chrétiens, aux croyants pratiquants – un pouvoir magique, surhumain … cela se saurait, sinon ! …

 

Mais cet Esprit de Dieu leur permet de vivre dans ce monde constamment  tiraillé entre la vérité et le mensonge, entre la soif d’une vie vraie, authentique, profonde et la tentation du pouvoir absolue qui domine, qui me place « au-dessus » des autres, mais qui exige, au fond, une négation, la négation de notre humanité telle qu’elle est …

 

L’Esprit de Dieu ne nous arrache pas à la réalité de ce monde et de nos existences fragiles, vulnérables, imparfaite, souffrante ; mais il nous permet de vivre tels que nous sommes, avec nos forces et nos faiblesses, avec nos réussites et nos échecs, avec toute notre humanité, réconciliée avec nous-mêmes et avec les autres !

 

L’Esprit de Dieu est « promis » par Jésus à tous ses disciples, jadis comme aujourd’hui. Il se donne et se reçoit dans la prière…

C’est cela ce que nous raconte le récit de Simon le magicien et de Philippe l’évangéliste ; c’est cela la différence fondamentale entre Simon et Philippe.

C’est ainsi que, Pierre et Jean, avant d’imposer les mains aux Samaritains, pour qu’ils « reçoivent » l’Esprit, se mettent à prier.

 

Que signifie la prière ici ?

 

Elle abandonne le pouvoir d’agir à un Autre.

Elle remet l’homme à sa place d’homme et laisse Dieu occuper sa place « dans les cieux » – ET dans notre vie d’humains.

La prière unit celui qui prie, au Christ ressuscité – qui a traversé l’impuissance, l’échec, l’imperfection, le mal – sans y être resté enfermé. …

Cette prière m’atteste la présence de Dieu dans ma vie comme d’un fidèle compagnon qui m’accompagne et qui me porte au travers les épreuves et les souffrances.

Cette prière me permet de rester en dialogue, en relation avec Dieu – au-delà de mes incompréhensions, de mes doutes, de mes révoltes.

Cette prière me donne la paisible confiance en un Dieu qui manifeste sa puissance dans mon impuissance – promesse du Christ que l’apôtre Paul nous a transmises à travers sa propre vie :

« Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse », (1 Cor12/9).

Elle me permet d’être témoin d’un Dieu dont l’Amour est plus puissant que mes échecs, mes manquements, mes déceptions.

 

Au milieu de mes soucis, de mes interrogations, de mes tourments elle me permet de recevoir l’Esprit, ce défenseur-consolateur, envoyé par Dieu le Père et qui me donne cette paix dont Jésus parle :

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre », Jean14/27.                          

Pasteur Andréas Seyboldt