Où est la vérité ? (Dimanche 12 janvier, Festival chrétien du cinéma)

« Qu’est-ce que la vérité « ?

Cette question, posée par Pilate à Jésus, reste la nôtre aujourd’hui.

Elle est même plus prégante que jamais.

Qu’est-ce que la vérité en économie, alors que les grands modèles, libéral ou social-démocrate, sont fragilisés par la crise ?

Qu’est-ce que la vérité en matière d’information alors qu’internet bruisse de rumeurs, de pseudo-complots et, parfois, de vrais scoops ?

Qu’est-ce que la vérité en politique, alors que partis et dirigeants naviguent à vue ? D’autant plus que l’Occident a payé cher pour se méfier des idéologies.

Qu’est-ce que la vérité, en éthique, alors que les repères sont flous et que les notions de « bien » et de « mal » ont été remplacées par celles de « légal » et « d’illégal » ?

Inévitablement, le cinéma se fait l’écho de ces questionnements se retrouve autour de la vérité et de nos « petits arrangements » avec elle.

Vérité que l’on cache pour protéger nos proches comme dans « Good Bye Lenin », au risque de provoquer des souffrances plus terribles encore comme dans « Je vais bien, ne t’en fais pas ». Vérités au pluriel qui s’entrechoquent dans « Une séparation » et qui dissimulent parfois des tromperies et des dissimulations.

Vérité, parfois, qui nous échappe et beaucoup de personnages de cinéma errent dans leur existence, sans savoir où la vérité se trouve. Ils seraient bien en peine de la cacher ou de la trahir; ils ne savent plus où elle se trouve. Ceux qui aiment les films de Woody Allen se souviendront de son homme flou … qui ne sait même plus vraiment qui il est.

Vérité, enfin, qui est suspectée de conduire à l’intolérance. Dans les trois films diffusés, deux évoquent des « pseudo vérités » religieuse ou politique : c’est celle de l’islam des mollahs dans « Une séparation » et celle du « marxisme Léninisme » dans « Good-bye Lenin ».

Toutes deux sont destructrices.

Comme chrétiens, nous partageons, en partie au moins, ce rapport ambigu à la vérité.

Peut-on prétendre la détenir alors que tant d’autres croyances existent ?

Ne serait-ce pas le signe d’une arrogance insupportable ?

Peut-on continuer à affirmer que nous possédons la vérité et que les autres religions sont dans l’erreur ?

Faut-il au contraire afficher une large tolérance et affirmer que toutes les croyances se valent ?

Entre une vérité unique, brandie comme un étendard et une relativité molle, que choisir ?

Le message biblique nous sort de ce dilemme.

En effet, au coeur de l’Evangile, il y a bien une vérité mais cette vérité ne réside ni dans une Eglise, ni dans des dogmes, pas davantage dans un livre.

La vérité est une personne.

La vérité est Jésus-Christ.

« Je suis, le chemin, la vérité, la vie » affirme-t-il.

Jésus ne prétend pas seulement communiquer la vérité.

Il est la vérité : dans son être même, dans son enseignement, sa mort et sa résurrection.

Jésus est la vérité.

Vérité sur Dieu, d’abord.

« Nul ne connait Dieu « écrit Jean, le Fils de Dieu nous l’a fait connaître.

Par Jésus, nous savons désormais que Dieu n’est pas un juge suprême prêt à sanctionner chacune de nos fautes ni un marionnettiste qui nous manipule.

Désormais, nous connaissons la vérité sur Dieu : nous savons qu’il est au milieu de nous; nous savons qu’il est semblable à un père accueillant bras ouverts son enfant perdu ou à un berger recherchant une brebis tellement blessée par la vie qu’elle ne peut plus entreprendre une quelconque démarche.

Vérité sur Dieu. Vérité sur le prochain.

Par Jésus, je sais désormais que ceux qui m’entourent ne sont pas seulement des concurrents, des menaces ou des instruments au service de mon épanouissement personnel. Ils sont des prochains, des êtres dont je peux m’approcher, des personnes dont la vie m’importe, des frères et des soeurs. L’ACAT ne fait que tirer la conséquence pratique de cette vérité.

Vérité, enfin, sur moi.

Fondamentalement, je ne suis ni un winner ni un looser, ni une victime ni un coupable.

Je suis un être sûrement ambigu et contradictoire, mais inconditionnellement aimé de Dieu, toujours en capacité d’écrire une nouvelle page de mon existence, fils ou fille du Créateur.

Je le crois. Jésus est la vérité.

Et cette vérité ne me conduit pas à l’intolérance car je ne peux pas mettre la main sur lui. Je ne peux que le suivre, grandir à sa suite en confiance, foi, esprit de douceur et de révolte.

Chacun peut vivre de cette vérité.

Puisse-t-elle inspirer notre année !

Vincent Nême-Peyron