Le repas

Église Protestante Unie d’Argenteuil, Asnières, Bois-Colombes et Colombes
Culte du 11 septembre 2022 – Le Repas – Aurélie Dor et Claire Amiraux

Lectures bibliques

Genèse 18, 1-15

1 Le Seigneur apparut à Abraham près des chênes de Mamré. Abraham était assis à l’entrée de sa tente à l’heure la plus chaude de la journée. 2 Soudain il vit trois hommes qui se tenaient non loin de lui. De l’entrée de la tente, il se précipita à leur rencontre et s’inclina jusqu’à terre. 3 Il dit à l’un d’eux : « Je t’en prie, fais-moi la faveur de t’arrêter chez moi, ton serviteur. 4 On va apporter un peu d’eau pour vous laver les pieds et vous vous reposerez sous cet arbre. 5 Je vous servirai quelque chose à manger pour que vous repreniez des forces, puis vous continuerez votre chemin. Ainsi vous ne serez pas passés pour rien près de chez moi. » Les visiteurs répondirent : « Bien ! Fais ce que tu viens de dire. » 6 Abraham retourna en toute hâte dans la tente pour dire à Sara : « Vite ! Prends trois grandes mesures de fine farine et fais des galettes. » 7 Ensuite il courut vers le troupeau, choisit un veau tendre et gras. Il le remit à son serviteur, qui se dépêcha de le préparer. 8 Quand la viande fut prête, Abraham la plaça devant ses visiteurs avec du lait caillé et du lait frais. Ils mangèrent tandis qu’Abraham se tenait debout près d’eux sous l’arbre. 9 Ils lui demandèrent : « Où est ta femme Sara ? » – « Dans la tente », répondit-il. 

10 L’un des visiteurs déclara : « Je reviendrai chez toi l’an prochain à la même époque, et ta femme Sara aura un fils. » Sara se trouvait à l’entrée de la tente, derrière Abraham et elle écoutait. 11-12 Elle se mit à rire en elle-même, car Abraham et elle étaient déjà vieux et elle avait passé l’âge d’avoir des enfants. Elle se disait donc : « Maintenant je suis usée et mon mari est un vieillard ; le temps du plaisir est passé. » 13 Le Seigneur demanda alors à Abraham : « Pourquoi Sara a-t-elle ri ? Pourquoi se dit-elle : “C’est impossible, je suis trop vieille pour avoir un enfant” ? 14 Le Seigneur n’est-il pas capable de réaliser un prodige ? Quand je reviendrai chez toi l’an prochain à la même époque, Sara aura un fils. » 15 Effrayée, Sara nia : « Je n’ai pas ri », dit-elle. « Si, tu as ri ! » répliqua le Seigneur.

Luc 14, 15-24

15 Après avoir entendu ces mots, un de ceux qui étaient à table dit à Jésus : « Heureux celui qui prendra son repas dans le règne de Dieu ! » 

16 Jésus lui raconta cette parabole : « Un homme offrit un grand repas auquel il invita beaucoup de monde. 17 À l’heure du repas, il envoya son serviteur dire aux invités : “Venez, car c’est prêt maintenant.” 18 Mais tous, l’un après l’autre, se mirent à s’excuser. Le premier dit au serviteur : “J’ai acheté un champ et il faut que j’aille le voir ; je te prie de m’excuser.” 19 Un autre lui dit : “J’ai acheté cinq paires de bœufs et je vais les essayer ; je te prie de m’excuser.” 20 Un autre encore dit : “Je viens de me marier et c’est pourquoi je ne peux pas venir.” 21 Le serviteur retourna auprès de son maître et lui rapporta ces réponses. Le maître de la maison se mit en colère et dit à son serviteur : “Va vite sur les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les infirmes, les aveugles et les boiteux.” 22 Après un moment, le serviteur vint dire : “Maître, tes ordres ont été exécutés, mais il y a encore de la place.” 23 Le maître dit alors à son serviteur : “Va sur les chemins de campagne, le long des haies, et insiste pour que les gens entrent, afin que ma maison soit remplie. 24 Je vous le dis : aucune des personnes qui avaient été invitées ne mangera de mon repas !” »

Prédication à deux voix

1/ Menu

Abraham : (assis, un peu las)

Bonjour ! Je m’appelle Abraham. Je suis fatigué, je me repose ici sous le chêne. Je vis là dans une tente à la campagne (à gauche) avec ma femme Sarah et un serviteur qui m’aide pour les troupeaux.

Maître de maison :

Bonjour Abraham ! (lui serre la main) (Veste et carton d’invitation) Enchanté ! Moi je suis le maître de la parabole ; je vis dans une maison (à droite) avec un serviteur qui m’aide pour toutes sortes de choses. Je passais par ici car c’est dimanche, il fait beau, je me promène…

Abraham : (fatigué, sans entrain)

Moi, j vais bientôt rejoindre Sarah pour le déjeuner : un peu d’eau et un morceau de pain (les placer sur la table), comme chaque jour qui passe. Je me fais vieux et Sarah aussi, on n’a pas besoin de grand-chose.

C’est un dimanche bien ordinaire… C’est la rentrée comme chaque année. Ordinaire comme l’autre jour, tenez ! Laissez-moi vous raconter cette histoire !

J’étais seul. En pleine chaleur du jour. On allait prendre un repas tout simple à Mamré, avec Sarah. Et voilà que je vois venir du monde. Une visite ! Quel honneur ! de façon impromptue ! sans prévenir. C’est super ! On va faire la fête et préparer un bon repas. Aussitôt nous avons cuit des galettes, apprêté un veau bien tendre et sorti le fromage caillé, une fois n’est pas coutume. Et bu du lait.

Nous avons pris ce repas tous ensemble, c’est cela qui nous a fait du bien.

Le premier partage avec quelqu’un qu’on ne connait pas est souvent celui du repas. C’est ce qui est accessible et naturel. Cela délie les langues, on ne se trouve pas en tête à tête sans savoir quoi se dire. Le repas c’est le moment le plus important d’une rencontre avec les autres.

Maître de maison : (enthousiaste)

Vous leur avez fait un sacré bon accueil à ces gens de passage ! Royal même !

(s’asseoir) A propos de bonne bouffe, moi aussi l’autre jour, j’avais fait préparer un grand repas pour de nombreux amis : une centaine quasiment.

Tenez, j’ai encore le carton d’invitation : « Je serais heureux de vous accueillir le dimanche 11 septembre à 12h30 pour prendre un repas ensemble. Venez comme vous êtes, je vous aime. » Sympa, non ?

Bon, le menu n’est pas précisé dessus car ça ne se fait pas, de décrire ce qui sera servi, mais je peux vous dire qu’il y avait de bons plats et de bonnes bouteilles ! J’avais fait le maximum pour un maximum d’invités ! C’est comme ça chez moi : la maison doit être pleine, car comme on dit familièrement : « plus on est de fous, plus on rigole ! 

Ça, c’était le projet de départ…       

2/ Accueil et invitation

Abraham : (se lever et s’appuyer sur la canne)

Vous l’avez bien dit ! Nous, à la campagne les gens sont simples, ils viennent à nous, parce qu’ils sont de passage. Pas besoin de les inviter. Quand on les voit, on court à leur rencontre. (s’animer) On s’empresse de leur faire honneur, qu’ils soient voyageurs au long cours, inconnus, migrants, on s’incline totalement, jusqu’à terre. Chez nous on veille tout le temps, même aux heures les plus chaudes et les plus pénibles. Le plus important c’est la disponibilité pour accueillir et servir. Qui connait Celui qui va venir ? Qui sait quand Il va venir ?

Et quand Il arrive, on a à cœur de se mettre au service, de s’impliquer totalement, de préparer un bon repas.  Il n’y a pas de bon accueil sans repas et c’est important d’offrir un accueil de qualité.

Et du coup, chez vous, ça s’est passé comment votre grand repas ?

Maître de maison : Maintenant       (Claire s’assied)

Eh bien, une fois le repas préparé, j’ai envoyé mon serviteur aller chercher les invités ; il disait :  

« Venez ! Tout est prêt ! Venez maintenant ! En toute simplicité, pas de manières ; c’est vous que mon maître attend et personne d’autre. Il vous attend tout de suite, il est impatient de vous retrouver. »

Car c’est vrai que pour moi, un repas amical, fraternel, c’est un moment précieux ; synonyme de plaisir, détente, et d’échange de nos histoires, de nos pensées, de nos soucis, de nos petits trésors. C’est un moment où nos portes s’ouvrent et laissent passer un peu de lumière.

3/ Abondance, promesse, fécondité

Abraham : (assis)

Je suis d’accord avec vous ! Même s’il y a eu abondance de bonnes choses pour accueillir nos visiteurs (montrer la table), ils ont su donner beaucoup aussi.  Ils ont pris des nouvelles de Sarah qui avait tout préparé pour le repas. Ils voulaient savoir où elle était, comment elle allait, elle qui n’a pas eu d’enfant. Elle n’était pas avec nous et c’est eux qui l’ont interpellée et un dialogue s’est noué entre nous tous. On a parlé de notre vieillesse, en toute simplicité, et de notre tristesse de ne pas avoir eu d’enfant. Tu vois, bien au-delà des galettes et du veau que nous avons mangé ensemble, nous avons partagé nos joies et nos peines. Sarah a parlé et elle a ri aussi avec nous.

(se lever) Et puis il s’est passé un truc incroyable, prodigieux même : ils ont parlé de revenir, revenir au temps du renouveau. Mais qu’est-ce qui peut bien être nouveau ici ? On dit « Rien de nouveau sous le soleil ! » Et bien ils ont dit que Sarah aurait un fils, tu y crois toi à ce genre de promesse ? tu crois que c’est pour cela qu’ils veulent revenir ?

Je crois que jamais rien n’est perdu, et que le champ des possibles s’ouvre quand on est à plusieurs. Quand des personnes se rencontrent il se passe toujours autre chose d’inattendu qui surgit tout d’un coup. Une rencontre joyeuse féconde quelque chose ou quelqu’un.

(s’asseoir) C’est pour cela que je veille devant ma tente. Moi j’y crois à cela. Un petit rien qui devient abondance, promesse, fécondité (grand cercle avec le bâton). C’est cela la véritable nourriture !

(poser le bâton)

4/ Surprise

Maître de maison :

Ah ! Pas si simple ! Figure-toi que mon serviteur qui était parti chercher les invités est revenu… tout seul ! Les invités ont préféré continuer leurs occupations habituelles : courses, travail, famille.

  • Je peux pas j’ai une nouvelle voiture
  • je peux pas j’ai un nouveau boulot
  • je peux pas, je reste avec ma femme
  • je peux pas, je reste en lieu connu.

Nous étions consternés. Pas tant pour le repas qui allait être perdu que pour le moment qui allait être perdu.

Alors voici comment j’ai réagi : « pas question de reporter, d’annuler ou de me décourager, mon repas aura lieu maintenant, pas plus tard ! Va, mon serviteur, va chercher les autres, ceux qui n’ont pas eu l’invitation, ceux qui ne sont pas au courant ! »

Alors, il est parti les chercher dehors, dans la rue, partout ! Et là, miracle ! Des gens sont venus, alors qu’ils ne me connaissaient même pas.

Après, comme il restait encore de la place, je lui ai dit de repartir en chercher d’autres, plus loin, jusque dans la campagne. Et d’autres sont venus. Incroyable.

Quand j’y pense, il a bien travaillé, mon serviteur ; ce jour-là, il m’a étonné !

Abraham : (debout)

Et tu sais, c’est joyeux quand on ne s’attend pas à quelque chose et que c’est une surprise. Tu crois que je m’y attendais à avoir de la visite en ce jour si chaud où personne ne s’aventure sur les chemins ?

Et je ne suis pas certaine que les trois hommes s’attendaient à trouver un hôte qui les accueille sur leur route, en plein cagnard.

Et puis Sarah, tellement surprise qu’elle s’est mise à rire en elle-même en les entendant dire qu’elle aurait un fils. Une femme stérile qui va donner naissance ! Croire à une chose pareille quand on a son âge !

(se lever et récupérer le bâton) Renouveler notre regard, renouveler notre attitude, renouveler nos gestes, voilà peut-être à quoi nous sommes invités, c’est cela la véritable surprise ! C’est un retournement, un changement de direction ! C’est le clin d’œil de Dieu qui nous bouscule et nous étonne !

Finalement qu’est-ce que tu retiens de ton histoire d’invitation ?

Maître de maison : Conclusion      (se rapprocher mais pas trop près)

D’abord, sans l’avoir prévu, sans bien me connaître, de nombreuses personnes ont accepté mon invitation au pied levé ! Ils ont pris le risque de venir, ils sont venus voir, ils ont lâché leurs occupations, ils ont fait confiance, ils ont joué et ils ont gagné !

Ensuite, il y a eu le sel du repas qui estde se retrouver à coté de quelqu’un de différent, de peu ou pas connu, d’inattendu. Et là, ils ont été servis si je puis dire ! Parmi les invités, il y avait toutes sortes de gens : des pauvres, des infirmes, des aveugles et des boiteux ! Un peu comme nous tous ici, tiens.

Dieu met sur notre chemin différentes personnes, ce sont nos prochains. Marchons avec eux car c’est ainsi que nous recevrons le royaume de Dieu ici et maintenant. Un repas c’est l’image même du Royaume de Dieu nous dit Jésus.

— phrase musicale de rupture — Retrait des accessoires et des tenues

5/ Actualisation paroissiale – Ici et maintenant, le rapport au temps

Claire :

La vie de l’Église, c’est comme un grand repas où Dieu invite et accueille : une communauté qui se rassemble, qui mange ensemble lors des repas partagés, des pots de l’amitié, lors de la Cène le dimanche, lors des fêtes comme la fête de la soupe, la table de Djorah, le déjeuner de la Vente paroissiale, l’anniversaire des 50 ans de notre Centre 72, le barbecue des 4 comités, la kermesse de la Maison des Jeunes, les dîners-rencontres, et bien d’autres encore …

Aurélie :

Quelle place aura la communauté paroissiale pour moi cette année ? Et quelles vont être les surprises ? Oui bien sûr, par définition on ne peut pas les connaitre maintenant. Mais comment être en capacité de recevoir ces surprises ?

Dans ces deux récits entendus ce matin de nombreux personnages sont mentionnés. A qui je m’identifie dans ces histoires aujourd’hui ? Suis-je :

  • Aurélie : l’hôte qui invite ?
  • Claire : l’hôte qui se lève, reçoit à l’improviste ? au pied levé ? pour accueillir l’étranger ?
  • Aurélie : l’invité qui décline l’invitation ?
  • Claire : l’invité qui se laisse chercher, emmener, convaincre par les autres et par Dieu ? qui prend le risque de la découverte, de la surprise ?
  • Aurélie : le visiteur cad l’inconnu qui s’invite et prend le risque de débarquer sans savoir comment il va être accueilli ?
  • Claire : un serviteur / une servante qui prépare ?
  • Aurélie : un serviteur / une servante qui va chercher les invités en dehors de l’église ?

Aurélie :

Les rôles sont nombreux ! Nous les jouons tous à tour de rôle, selon les jours et les moments de notre vie, forts ou fragiles. Être ensemble nous renforce pour inviter, venir, servir.

Et moi, qui serai-je cette année ?

Claire :

Quelle sera mon attitude ? Veiller ? Inviter ? Attendre la demande ? accepter les invitations ? en décliner certaines ?

Aurélie :

Suis-je prêt à me laisser interpeler ? et sous quelle forme ? en donnant de mon temps ? en donnant un part de ce que j’ai ? en prenant le temps d’échanger avec les autres ?

Est-ce que je me détourne ? ou bien est-ce que je me retourne ?

Suis-je prêt à entendre l’incroyable, l’incongru, l’irréaliste, l’inconcevable, l’imprévisible que Dieu prépare pour moi comme une Bonne Nouvelle ?

Claire :

Amen