Le départ d’Abram ( Genèse 11 v 27 à 12 v 5)

Nachor

Et Abram ; mon frère Abram, me reconnais tu ? Je suis Nachor , ton frère , ton frère Nachor.

Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes pas vus.

Tu as, j’ai l’impression, grossi depuis notre dernière rencontre. Attention aux bons repas et aux « loukoum » ! Et oui le temps passe vite. Chacun de nous mène sa vie de son côté avec ses préoccupations et ses activités.. Et nous ne prenons pas la peine de voir nos proches.

Abram

Et oui Nachor, comme cela me fait plaisir de te revoir. Toujours la moustache, ce signe distinctif qui  ne te quitte pas mais il me semble qu’elle s’est rallongée et qu’elle a blanchi.

Je crois savoir que la dernière fois que nous nous sommes vus , c’était à la mort de notre père Terach, il y 3 ou 4 ans mais qu’est ce qui t’amène à Charan?

Nachor

Et bien Abram à dire vrai, j’ai entendu dire que tu allais partir toi et les tiens alors que tu es si bien ici , si bien installé . On peut dire que tu as réussi avec de nombreux serviteurs autour de toi. Tu as de nombreux biens et beaucoup de bêtes. Pourquoi partir ? Je voulais en avoir le cœur. Avec mon épouse Milca on s’est dit que le meilleur moyen pour voir clair était de me rendre sur place. Ce départ, un faux-bruit, une rumeur, une fake news ? D’où ma visite

Abram

Et bien Nachor , c’est bien vrai . Tu ne fais pas erreur. Je suis … décidé … décidé à partir, … bien décidé à me lancer sur des chemins nouveaux, sur des chemins inconnus, vers des horizons nouveaux …. même si, je te l’avoue, ce n’était pas une décision facile !!

Nachor

Mais quel vent de folie t’a saisi ? Tu es tombé sur la tête. Oui le ciel t’est tombé sur la tête !

Abram

Ce n’est pas de la folie, ni un coup de tête mais simplement de la confiance.

Une parole m’a été adressée. Elle me disait:

« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. Je ferai naître de toi une grande nation; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres. Je bénirai ceux qui te béniront, mais je maudirai ceux qui te maudiront. A travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre ».

Nachor

Mais Abram , sois un peu raisonnable. Tu es mon aîné , je suis ton cadet et je te dois respect mais que notre frère Haran aujourd’hui décédé dirait la même chose.

Tu ne vas pas faire çà ! , une grosse bêtise que tu vas regretter.

Tu n’es pas persécuté, ni pourchassé. Tu n’es pas comme ces populations qui sont obligées de tout quitter, pays , famille, culture pour fuir un pouvoir qui les poursuit et les emprisonne ; des populations qui parfois traversent même la mer pour trouver un pays de refuge. Tu n’es pas dans la « dèche » et la famine au point de chercher un pays plus favorisé sur le plan économique

Abram

Oui mon frère, tu as raison. Si je pars c’est avec d’autres motivations. Comme tu le dis, je suis tout compte fait bien ici,  trop bien, même – et tu connais bien mon goût pour une vie confortable à la maison, avec tout le confort voulu : 4×4, piscine avec salle de sport et sauna, smartphone, sans oublier les sorties en resto avec mon épouse préférée. ….

Je pourrai jusqu’ à la fin de mes jours me satisfaire de ma réussite, me satisfaire d’un ronron habituel, de cette vie centrée sur moi-même et sur le confort…

Mais cette parole reçue est venue me bousculer dans ma petite vie tranquille, me faire comprendre qu’une vie qui a du sens n’est pas forcement confortable, ni pépère, ni construite sur l’acquisition de biens matériels et de mes habitudes agréables, mais toujours les mêmes, en fait ! …

Cette parole m’apportait comme qui dirait : un vent de nouveauté, de liberté, d’aventure aussi, dont je pensais avoir perdu le goût !

Nachor,

Abram je t’arrête. Réfléchis un peu Reprends tes esprits ? Tu vas mettre en danger tes proches Saraï ton épouse, Lot ton neveu le fils de notre frère décédé Haran lui qui va aussi te suivre. Rends toi compte ; tu vas te lancer dans l’aventure au risque de te perdre et de les perdre . Tu te lances dans l’inconnu sans savoir où aller. Quel est ce Dieu qui s’adresse à toi pour te faire cette promesse ?

Le connais tu ? Est il fiable , fidèle. N’as tu pas rêvé ?

Rappelles toi notre père Terach qui a Ur en Chaldée fabriquait et vendait des idoles. Un commerce sûr et juteux . Une croyance facile au moins,car ces idoles tu les vois, tu les connais. Il suffit de leurs sacrifier quelques offrandes d’argent et quelques fruits de la terre et nous voilà tranquilles avec leur protection assurée.

Toi, tu fais alliance avec un Dieu qui ne fait que parler, qui fait des promesses, des belles promesses comme nos hommes politiques , un Dieu que tu ne vois. Méfies toi .

Nous avons été élevés dans la religion polythéiste de nos pères avec les ziggourats , ces grandes tours qui touchent le ciel et communiquent avec les dieux. Et toi tu fais confiance à un Dieu inconnu qui te promet sa bénédiction. Il va te mener Dieu  sait où !!!
Mais réalises ce que tu es en train de faire ; de bousiller ta vie et celle de ta famille

Abram

Nachor mon frère, tu ne me comprends pas. La vie, la vie véritable, en fait, la vie vraie, en profondeur, elle est faite de départs, de mises en route, de mises en mouvement. …

Sinon tu tournes en rond, tu fais du surplace sans perspectives d’avenir, sans ouverture sur le monde, sur les autres … avec toujours les mêmes interrogations mortifères : est-ce que je suis à la hauteur de mes responsabilités ? Est-ce que je suis à ma place ? Est-ce que je me fais assez confiance ? Est-ce que ma vie à un sens ? …

Et là, il y a eu cette voix, qui m’a parlé ! Ce Dieu que je ne connais pas encore très bien, c’est vrai en fait, et bien, LUI, il me fait confiance !!  Il me dit : Vas-y, tu peux y aller ! Je te connais mieux que tu

te connais toi-même, et je sais que tu vas y arriver !

Quitte ton ronronnement, ton confort qui ne te satisfais pas vraiment et pars à l’aventure, à la rencontre avec ton être profond … et avec les autres ! …

Alors, tu vois, c’est pourquoi j’ai envie de LUI faire confiance – parce que LUI me fait confiance à moi, petit homme que je suis, malgré tout mon conforts, malgré tous mes biens et mes richesses matériels. … Il m’ouvre à un avenir , à une espérance . Il promet un devenir, une bénédiction, un pays, un peuple. Il me fait sortir d’un destin tout tracé d’avance, il me délivre d’un formatage culturel, familial qui m’était imposé. Avec Lui toute de sorte de possibles sont ouverts.

Nachor

Stop stop Abram ! Ne me fais pas ce coup là . C’est du délire. Tu ne te rends pas compte que tu t’emballe-là ? Tu prends tes désirs pour des réalités… Et ce n’est pas à moi que tu vas faire avaler cette couleuvre . Tu parles d’un peuple qui te sera donné mais regarde la réalité en face. Saraï ton épouse est vieille et stérile Comment peux tu dire de telle bêtise ?

Abram

Nachor je crois à cette bénédiction de Dieu promise sur mon chemin. J’ai conscience de la réalité des  difficultés. Rassure toi je ne suis pas un bisounours ! Mais la parole que j’ai reçue a éveillé en moi une faim qui est plus profonde, plus « saine » que la faim obsessionnelle du consommateur ! Une faim qui a fait naître en moi une grande espérance.

Nous ne sommes pas condamnés à faire et refaire ce que nous faisions déjà et ce qui s’est toujours fait .

Nous ne sommes pas condamnés par un passé parfois pour certains lourd à porter.

Avec Lui des chemins nouveaux sont possibles, à imaginer, à explorer, à inventer .

Il faut s’y lancer dans nos vies personnelles, familiales, ecclésiales.

Nachor ;

Abram je vois que rien ne va te dissuader de partir et de faire une telle erreur. Si notre père Terach était là, il te ramènerait à la raison : ne pas s’écarter de nos anciennes habitudes, refaire ce que les anciens nous ont appris, chercher à construire un lieu de vie bien clôt à l’abri des dangers du monde, respecter les dieux de nos Pères les dieux du soleil , de la terre et du feu , de la nature ; rechercher sa stabilité et le sens de sa vie dans l’accumulation des biens matériels et l’agrandissement de ses troupeaux.

Abram

Et bien, tu vois Nachor, je dis non à tout cela . Je crois à cette promesse d’un peuple guidé par une Parole, porté par une bénédiction. Un peuple de témoins d’une grande espérance , explorateurs de terres étrangères. Je crois que c’est en marchant, en cheminant, en avançant, en risquant que la vérité de cette promesse se dévoile peu à peu. Frère, viens avec moi sur ce chemin de la foi et de l’espérance. Plus nous serons nombreux, plus nous serons heureux.

Nachor

Vraiment Abram je ne te comprends pas . Je ne te suis pas. Je crois à ce que je vois . D’où vient cette parole ? Quelle est la valeur de cette promesse ? Qui est ce Dieu qui t’a parlé ? Un illustre inconnu ?

Abram

Je crois qu’il se révèle, qu’il se fait connaître dans la mesure où nous faisons chemin avec Lui . IL nous précède, Il nous devance dans cette mise en marche , dans nos démarrages ou redémarrages.

Nachor Veux-tu dire que cette promesse est encore valable pour tous nos départs ;nos mises en mouvements, nos rentrées, nos reprises ?

Abram

Oui laissons-nous porter par sa bénédiction, faisons Lui confiance et regardons en avant.

Une autre voix dans l’assemblée
ATTENTION DEPART , LES ATHLETES SONT INVITES A SE PLACER DANS LES STARTING BLOCK

 1, 2, 3 PARTEZ

 ( Abram part, Nachor tombe lamentablement)

 

Pasteurs Andréas Seyboldt et Denis Heller