La Pentecôte où les 5 fruits de l’Esprit

Dimanche 24 mai 2015

Texte biblique : Actes 2, 1-13

Comment mettre du souffle dans nos vies ?Cinq_Fruits

Parfois, nous nous sentons fatigués, découragés, sans élan, avec le sentiment que nos rêves et ambitions se sont enlisés, et que notre foi aussi est à l’arrêt.

Où est passée alors cette liberté intérieure qui nous était promise, cette liberté de faire et de dire ce qui nous semble juste sans nous préoccuper de l’opinion d’autrui, cette liberté de partager notre foi en Jésus-Christ, sans peur du ridicule ?

Où est passé ce sentiment que Dieu est proche, qu’une vie nouvelle est possible ?

« Malheureux êtes-vous, qui ressemblez à des sépulcres blanchis ».

Cette parole de Jésus, adressée aux scribes et aux Pharisiens, cette parole qui fait écho à celle du prophète, résonne comme un avertissement.

Lorsque notre vie est à l’arrêt, comment lui redonner du souffle ?

2000 ans avant nous, une foule se pose la même question.

Cette foule est venue à Jérusalem parce que c’est la Pentecôte, la fête des moissons, devenue au fil du temps la fête de l’alliance, la fête du nouveau départ entre Dieu et son peuple.

Alors, la foule s’est rassemblée dans une maison.

Ils sont environ 120, nous dit Luc.

Et comme nous, cette foule manque de souffle, d’élan.

Bien sûr, il y a eu cette grande nouvelle : Christ est ressuscité. Mais il n’est plus avec eux, il est retourné auprès de son Père. Et on ne peut vivre de souvenirs seulement.

Alors, la foule ne sait plus quoi attendre.

« Tout à coup » décrit Luc, « survint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent : la maison où ils se tenaient en fut toute remplie; alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. Ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur avait donné d’enseigner« .

Tout est en mouvement, comme un film en accéléré.

L’Esprit souffle, les gens parlent en langues étrangères. Pierre prêche, 3000 adultes se convertissent, mettent leurs ressources en commun pour aider les plus pauvres. L’Evangile est vécu, il peut se répandre.

Christ l’avait promis à ses disciples. Le Saint-Esprit est là.

Chers amis, ce n’est pas une belle histoire ancienne.

Le Saint-Esprit continue de souffler.

Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes sont portés par lui et voient leur vie bouleversée.

Cette venue de Esprit n’est pas un phénomène bizarre réservé à des mystiques ou des exaltés: c’est tout simplement Dieu présent en nous, Dieu parlant en nous, Dieu agissant en nous, son Esprit nous poussant en avant comme le vent qui gonfle les voiles.

Et, comme le vent, l’Esprit ne se reçoit pas une fois pour toutes, il ne se capitalise pas.

Dans certains milieux évangéliques, on aime bien dire : « J’ai reçu le Saint-Esprit, le samedi 23 avril 1987, à 13h57. »

C’est très bien et je pense donc qu’à 13h58 de cette même journée, ces personnes étaient conduites par l’Esprit. Mais aujourd’hui, le sont-elles ?

Dans d’autres milieux, plus traditionnels, on préfère dire : « je suis protestant; mon grand-père était pasteur et j’ai une maison de famille dans les Cévennes ».

Très bien, mais vis-tu en Dieu et pour Dieu ?

Le vent ne se possède pas, ne se met pas en cage.

L’Esprit non plus.

Comme le vent, il peut se renforcer ou cesser de souffler.

Pour qu’il agisse en nous, la première chose à faire est de le désirer.

Même le don de l’Esprit sur les apôtres, le jour de la Pentecôte, ne survient pas sans que ceux-ci l’aient ardemment demandé dans la prière.

L’Esprit ne peut vraiment agir en nous que si nous nous disposons à l’accueillir.

Les rencontres les plus fulgurantes avec Dieu, les expériences les plus mystiques ont éyé le plus souvent précédées d’une attente, d’une soif spirituelles.

Dans un tableau du XIXème siècle, Jésus frappe à la porte d’une maison.

Cette porte n’a pas été ouverte depuis longtemps, elle est envahie de lierre et de mauvaises herbes.

Quelqu’un a remarqué : « Il n’y a pas de poignée sur la porte. »

Le peintre a répondu : « Ce n’est pas une erreur. Il n’y a qu’une poignée, à l’intérieur».

Ouvrons donc la porte de notre être intérieur à l’Esprit et veillons à lui laisser une place.

Comment se fait-il que nous consacrions tant d’énergie à des aspects secondaires de la vie et parfois si peu à notre vie intérieure ?

Nous prenons soin de notre corps, nous prenons soin de notre environnement matériel.

A plus forte raison, prenons soin de notre spiritualité.

Prenons-en d’autant plus soin que ses fruits sont nombreux.

Rappelez-vous les disciples de Jésus !

Au moment crucial, ils avaient abondonné le Christ; même après sa résurrection, ils s’étaient enfermé dans une maison dont ils avaient verouillé les portes et les fenêtres.

Puis, le vent de l’Esprit a soufflé.

Aussitôt, ils se sont mis en route, ils ont témoigné de Jésus-Christ, ils ont créé la première Eglise, répandu l’Evangile dans l’Empire romain, malgré les moqueries et les persécutions.

C’est le 1er fruit de l’Esprit : lorsque je sors de ma torpeur pour être témoin, partager ma foi avec mes enfants, mes proches, mes collègues de travail.

2ème fruit : lorsque l’Evangile n’est plus idée, une tradition ou une morale mais un souffle intérieur.

Nietzsche affirmait ne pouvoir croire qu’en un dieu qui danse et fait danser.

La présence de Dieu donne cette légèreté de vivre à celui qui la reçoit.

Car il sait qu’il ne joue rien de tragique dans sa vie professionnelle ou sentimentale, car il sait que même les pages les plus douloureuses de sa vie peuvent se tourner ; car il sait que l’amour de Dieu lui est donné, sans condition.

3ème fruit de l’Esprit : l’amour.

Ecoutons Paul : « Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour ».

Cet amour n’est pas mièvre.

Il consiste en une bienveillance active, y compris au profit de ceux pour qui nous n’avons aucun atome crochu, ceux qui nous « hérissent le poil », ou, plus difficile encore, ceux qui nous ont blessés.

Il se caractérise par la patience, la douceur, la maîtrise de soi mais aussi par notre indignation et colère contre ce qui abaisse et détruit.

4ème fruit : la joie

Tous, nous ressentons des moments de bonheur, lorsque les circonstances de la vie nous sont favorables : une guérison, une promotion, un amour naissant.

La joie, elle, peut se comparer à un courant marin, profond, qui ne dépend pas des flux et reflux de l’existence.

Notre joie naît de la découverte que Dieu accompagne et éclaire notre vie et qu’il est donc possible d’en jouir pleinement.

« Que votre joie soit complète » dit Jésus à ses disiciples

5ème fruit : l’unité en Christ

Nos Eglises sont constituées de membres qui ont des personnalités différentes, des spiritualités différentes, et parfois des avis différents; le récent synode national sur la bénédiction l’a bien montré.

Sans l’Esprit, nous risquons de nous fourvoyer dans deux impasses : la division – et le protestantisme a souvent cédé à cette tentation – ou une tolérance molle qui nous fait cohabiter les uns à côté des autres dans une même Eglise, sans réelle communion.

Le miracle de la Pentecôte n’est pas la capacité de parler de nombreuses langues étrangères même si ce talent me serait parfois bien utile.

Lorsque l’Esprit descend sur les personnes assemblées, elles deviennent capables de se comprendre, d’être en communion les unes avec les autres, tout en restant différentes.

Notre vie manque parfois de souffle ?

Je n’ai pas de remède miracle à vous proposer.

Je n’ai que du vent, celui de l’Esprit.

Alors, ouvrez les portes et fenêtres, pour laisser l’Esprit souffler en vous.

Amen !