Jésus notre lumière

Dimanche 4 septembre 2016

Texte biblique : Jean 1,1-5 ; 9-14 ; 16-18

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Jésus est-il encore d’actualité ?

Il peut paraître surprenant de poser cette question au cours d’un culte.

Et pourtant, il semble passé de mode.

Bien sûr, il figure toujours parmi les « maîtres de sagesse » à côté de Bouddha et de Confucius.

Bien sûr, Jésus continue à fasciner. On l’aime pour sa sagesse et son message d’amour.

Bien sûr, la Bible reste un succès de librairie et beaucoup sont prêts à reconnaître qu’en affirmant que tout humain est fils ou fille de Dieu, elle est la source de l’universalisme. Mais, le plus souvent, cette Bible est achetée et lue comme une œuvre littéraire et historique, non comme le témoin de la Parole de Dieu.

Plus fondamentalement, la question de la pertinence du christianisme – et à plus forte raison des Eglises – nous est quotidiennement posée.

Les religions sont soupçonnées d’entretenir l’obscurantisme, la misogynie et surtout la violence. Après chaque attentat, des journalistes estiment que le problème ne vient pas seulement des intégristes musulmans ni même de l’islam mais de la religion, en elle-même…comme si ces attentats étaient commis par des conseillers presbytéraux réformés ou par des moines tibétains !

Quant aux Eglises, elles sont accusées d’avoir trahi l’Evangile, culpabilisé des générations de croyants et sanctifié l’impérialisme occidental.

Plus grave encore, si elles ne font plus recette, c’est parce qu’elles n’auraient plus grand chose à dire. Des pans entiers de leur doctrine ne seraient plus opérants aujourd’hui : le péché, le salut, la sanctification.

Alors, quelle bonne nouvelle pouvons-nous recevoir et transmettre ?

Quel est le cœur de nos convictions ? De notre foi ?

« La Parole s’est incarnée … et cette lumière est la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme ».

En rendant compte de l’incarnation, et en l’exprimant symboliquement, Jean atteint l’essentiel.

Cet essentiel évangélique n’est ni une morale, ni une sagesse, encore moins des rites ou des dogmes, c’est une bonne nouvelle : par Jésus, la lumière est venue dans le monde pour que nous devenions, à notre tour, lumineux.

C’est, je le crois, cette bonne nouvelle, que nous pouvons intérioriser, aimer et partager.

Premier versant de la bonne nouvelle : en Jésus, la lumière est venue dans le monde.

En assimilant Jésus à la lumière, Jean utilise un symbole universel : celui de la lumière qui brise l’obscurité. Il reprend également une image chère au peuple juif. Car, dans le Premier Testament, la lumière n’est rien d’autre que la Parole de Dieu.

Cette Parole a créé l’univers, elle s’est adressée aux grands hommes du peuple juif, elle a guéri, redressé, redonné vie.

Ainsi, en annonçant d’emblée que Jésus est la lumière venue dans le monde, Jean proclame que Jésus est la Parole incarnée, la Parole « en chair et en os ».

Cette bonne nouvelle n’est pas théorique. Elle a une dimension tout à fait existentielle, c’est-à-dire qui concerne notre existence.

Par son image de la lumière, Jean nous aide à le comprendre.

Vous le savez aussi bien que moi, la lumière a une triple fonction : elle permet de se repérer, d’éclairer les autres et de vivre – sans lumière, les plantes meurent et les humains dépérissent. Proclamer que Jésus est la lumière, c’est donc confesser que Jésus voit clair, guide et donne la vie.

D’abord, Jésus voit clair sur Dieu.

Par eux-mêmes, les hommes imaginent des dieux qui leur ressemblent étrangement et qui incarnent un aspect de leur vie ou de leurs sentiments. C’est ainsi que les Grecs et les romains avaient les dieux de la guerre, de l’amour, de la justice.

Les juifs puis les chrétiens ont parfois cédé à la tentation de projeter sur Lui ce qu’ils étaient ou aspiraient à devenir.

Suivant les époques, ils ont cru en un Dieu juge, nationaliste, guerrier ou au contraire, dans des époques moins ferventes et plus consensuelles, ils l’ont réduit à une fonction d’horloger ou à un bisounours universel, sympathique mais sans grand effet.

Comme l’écrivait Voltaire, ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme à son image, c’est plutôt l’homme qui s’est forgé un Dieu à son image.

Dans un livre passionnant, Régis Debray a décrit une histoire de Dieu qui n’est rien d’autre que l’histoire des représentations que l’homme lui donne.

Ainsi, spontanément, nous projetons au ciel le Dieu de nos désirs, de nos peurs, de nos idéaux ou de nos frustrations.

Parce qu’il est lumière, Jésus voit clair sur Dieu.

Il sait qui est Dieu et il nous le donne à connaître ; non pas le Dieu que nous imaginons mais celui qui était, qui est et qui sera.

Jésus est le révélateur de Dieu.

Il le sera auprès de tous ceux qu’il rencontrera.

A la femme adultère qui se croit définitivement condamnée par les hommes et par Dieu, il met en lumière le pardon divin et l’interdiction pour tout homme de condamner sans appel.

Au jeune homme riche qui penser réussir sa vie en se donnant de multiples règles, Jésus lui propose simplement de le suivre et de se débarrasser de ce qui l’empêche de le faire.

Aux disciples qui pensent que l’aveugle né a dû commettre une faute, Jésus dissocie la souffrance et la faute et annonce un Dieu qui libère des ténèbres.

Jésus est la lumière qui nous guide sur Dieu.

Hier comme aujourd’hui.

C’est pourquoi, en ce jour, nous pouvons nous réjouir, parce qu’enfin, nous avons accès à Dieu.

Enfin, nous savons qui il est pour nous.

Enfin, nous savons qu’il est le « tout proche ».

Enfin, nous savons qu’il est notre Père ou notre Mère.

Jésus est la lumière parce qu’il voit clair, parce qu’il guide, parce qu’il fait vivre.

La lumière est à l’origine de la vie.

C’est vrai dans la nature – sans lumière, la plupart des organismes vivants disparaissent.

C’est également vrai spirituellement.

Comme la lumière donne la vie, Jésus nous communique la vie éternelle, c’est-à-dire une vie, où dès aujourd’hui, nous sommes accompagnés, fortifiés et aimés.

En recentrant notre vie sur le Christ, sur son message, sa foi, sa confiance, en suivant pour chemin pour rencontrer le Père, nous recevons de lui la vie.

De même que les plantes et les arbres poussent naturellement dans la direction de la lumière, que notre croissance soit orientée vers la lumière de Dieu.

Second versant de la bonne nouvelle : Jésus fait de nous des « diffuseurs de lumière », il fait de nous des êtres lumineux.

Oui, vous êtes éclairés afin de devenir, à votre tour, lumière.

Transmettez la Parole de Dieu, en paroles, en faisant connaître le Dieu de Jésus-Christ !

Transmettez la Parole de Dieu par des actes inspirés de l’Evangile, des actes de paix et de partage !

Oui, les chrétiens ont quelque chose à dire et à vivre !

Parce qu’ils croient que Jésus est la lumière, parce qu’ils se laissent illuminer par lui, ils peuvent être à leur tour des porteurs de lumière.

Amen !