Il est ressuscité ! Et nous ?

Dimanche 20 avril 2014

Pâques

 

Texte biblique : I Co. 15,1-11

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Cette bonne nouvelle fonde notre foi. Mais que change-t-elle à notre vie ?

La première réponse est historique : la résurrection du Christ est à l’origine de l’Eglise.

Si Pierre, si les douze apôtres, si plus de 500 disciples sont devenus les témoins de Jésus Christ, c’est parce qu’ils ont rencontré le Christ ressuscité. Directement, « en chair et en os ».

Nous pouvons douter de la résurrection, nous sommes incapables de nous représenter cette résurrection ; mais nous devons admettre qu’un événement s’est produit, transformant un petit groupe de disciples, découragés et effrayés, en témoins intrépides.

Si, en 2014, deux milliards d’individus sont chrétiens, c’est parce qu’à l’origine, le Christ est ressuscité.

Si, aujourd’hui, le christianisme est la religion qui progresse le plus dans le monde, c’est parce qu’un nombre considérable de personnes rencontrent spirituellement le Christ ressuscité.

Inversement, si le Christ n’était pas ressuscité, l’Eglise n’existerait tout simplement pas et Jésus de Nazareth serait resté un réformateur religieux, martyr sous Ponce Pilate, comme il y en eut tant dans l’histoire des religions, ou un maître de sagesse comme Confucius ou Marc-Aurèle.

La résurrection est donc au commencement de l’Eglise. Elle est, surtout, au commencement de notre foi.

Quel est le B.A.B.A de la foi, sinon cette victoire de la vie sur la mort ?

Cette victoire nous est promise. 

La grande question qui traverse notre vie est celle de notre mort. L’homme est un animal qui sait qu’il va mourir.

Lorsque la peur de la mort l’envahit, il passe sa vie à s’abrutir de travail et de divertissements pour oublier cette échéance.

La Bible n’est pas le « guide du routard » de l’éternité.

Nous ne savons pas comment nous vivrons éternellement, en quel lieu, avec quelle apparence.

L’au-delà de la mort reste im-pensable.

Simplement, nous pouvons croire que, de même que Dieu a ressuscité le Christ, de même qu’il nous accompagne durant l’ensemble de notre vie, il nous accompagnera au-delà de celle-ci.

La résurrection du Christ nous assure donc que notre vie humaine n’est pas une parenthèse entre le hasard et le néant. En amont, nous avons été attendus et désirés ; en aval, nous serons accueillis.

Dieu est lié à nous personnellement et notre mort ne cassera pas ce lien.

Comme l’écrit Paul, « rien, pas même la mort, ne nous séparera de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ ».

Ainsi, une espérance nous est donnée, l’espérance d’une vie en Dieu, au-delà de notre propre vie.

La résurrection du Christ concerne donc notre propre résurrection.

Elle est aussi une promesse pour aujourd’hui.

La vie est belle, elle est un don de Dieu et nous désirons mener une existence longue, joyeuse, fructueuse. Mais, justement, pour qu’il en soit ainsi, des pensées, des impulsions, des tentations doivent peu à peu mourir en nous.

Je suis un très mauvais jardinier mais je sais qu’un jardin doit se débarrasser de ses mauvaises herbes pour que des plantes désirées puissent grandir.

De même, nous devons faire progressivement disparaître en nous ce qui nous empêche de vivre selon l’Evangile.

Ce peut être l’égoïsme et l’orgueil.

Ce peut être aussi la peur, le manque de confiance, le ressentiment, la désespérance.

Ces mauvaises herbes doivent disparaître pour que les beaux fruits de la foi puissent mûrir.

En ce dimanche de Pâques, j’insisterai sur l’un des plus beaux fruits de la foi : l’espérance.

Saint Augustin a une très jolie formule sur l’espérance : « l’espérance a deux très beaux enfants qui s’appellent le courage et la colère. L’espérance a deux beaux enfants : la colère et le courage. La colère face aux choses telles qu’elles sont, et le courage pour les changer ».

Colère contre tout ce qui abîme l’homme.

Colère contre cette marginalisation sociale et économique d’un nombre considérable de personnes, notre Entraide en sait quelque chose.

Colère contre une conception de la société selon laquelle chaque individu est en compétition permanente avec son prochain.

Colère contre cette avidité érigée en modèle.

Contre ce relativisme généralisé, faisant dire à Lévy-Strauss : « Si vraiment tout se vaut, alors le cannibalisme n’est qu’une affaire de goût ».

Colère et courage.

Le courage de changer notre façon de vivre, en tenant compte des besoins des autres hommes sur terre et des générations à venir.

Le courage de tenir le pari de la foi, d’oser la fidélité conjugale, d’oser la persévérance dans notre prière, d’oser le témoignage, d’oser s’engager à cause de Jésus-Christ.

Il y a quelques temps, un homme disait: « dans mon métier, pendant une dizaine d’années, j’étais un chrétien silencieux, c’est à dire que j’essayais de vivre de la façon la plus fidèle possible et j’attendais que quelqu’un m’interroge sur le pourquoi de mon comportement afin de pouvoir lui parler de Jésus-Christ…Et personne n’est venu m’interroger. Il faut croire que mon comportement n’était finalement pas si différent de celui, des autres. Et puis un jour, suite à un livre que j’ai lu, j’ai dit Jésus-Christ. Je ne suis pas allé voir les gens pour les agresser mais je disais simplement pourquoi je faisais ce que je faisais. Depuis ce jour là, pratiquement il ne se passe pas de semaine, sans qu’un collègue de travail vienne me voir pour me partager un souci ou une question. »

Cet homme a eu le courage de sortir de sa clandestinité spirituelle, et il s’est aperçu qu’il réveillait autour de lui une soif d’échanges.

Partager sa foi, ce n’est pas brider des libertés, c’est indiquer une source.

Libre à chacun de s’y abreuver ou de passer son chemin.

Je terminerai cette prédication en citant l’évêque luthérien de Jordanie et Palestine: « Des gens me demandent si je suis optimiste ou pessimiste face à un conflit tellement complexe. Et je réponds toujours que je ne suis ni optimiste ni pessimiste, mais plein d’espérance.

Mon espérance ne vient pas de Washington, Berlin, Londres ou Paris – elle vient du coeur de Jérusalem et du tombeau vide.

Le récit de Pâques, la puissance de la croix et de la résurrection qui s’est manifestée à Jérusalem est la seule source de notre espérance.

Le vendredi saint, Jésus a rencontré toutes les forces obscures que nous connaissons aujourd’hui au Moyen-Orient. Il a accepté la mort afin que nous puissions espérer et nous pouvons avoir confiance en sa puissance.

Nous ne laisserons pas l’extrémisme, l’oppression, la violence, l’effusion de sang, la haine, les murs, les démolitions, les colonies ou les confiscations de terres diminuer notre espérance, nous conduire à céder au désespoir. L’espérance triomphera des forces obscures que nous affrontons…. Je prie pour que cette espérance maintienne vos coeurs et vos esprits tournés vers Jésus-Christ, notre Seigneur malgré ce que le monde met sur nos chemins. “Et l’espérance ne trompe pas, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné.” (Romains 5, 5)

Je terminerai par les voeux de Pâques à Jérusalem : Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! ».