« Heureux l’homme …. il est comme un arbre…. »

EGLISE PROTESTANTE UNIE d’Argenteuil,Asnières, Bois colombes, Colombes

le 14 avril 2019 Jour des Rameaux 

Psaume 1 : « Heureux l’homme qui ne prend pas le parti des méchants, ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs et ne s’assied pas au banc des moqueurs, mais qui se plaît à la loi du Seigneur et récite sa loi jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près des ruisseaux :il donne du fruit en sa saison
et son feuillage ne se flétrit pas ;
il réussit tout ce qu’il fait. Tel n’est pas le sort des méchants :
ils sont comme la bale que disperse le vent. Lors du jugement, les méchants ne se relèveront pas,
ni les pécheurs au rassemblement des justes. Car le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perd. »

Dimanche des Rameaux ; les chrétiens fêtent l’entrée de Jésus à Jérusalem. La foule de Jérusalem agite des rameaux, plus précisément, nous dit-on, des branches de palmier et voit en Jésus le messie, le sauveur . Il l’accueille comme un roi , un roi bien particulier. En effet, il recherche la paix pour tous ; preuve en est qu’il est assis sur un modeste ânon. Il invite à la réconciliation, appelle au pardon, parle de guérison , prône la conversion, la conversion de cœur. Si il promet le changement, ce changement ne passera pas comme souvent par un surplus de lois mais par un changement de chacun , changement intérieur, d’orientation, de regard, d’attitude.

Les auteurs bibliques nous ont habitués à associer de manière imagée les arbres, la végétation toute entière à des heureux événements , à des moments festifs comme celui des Rameaux .

 Il est dit que les arbres des forêts poussent des cris de joie devant l’Éternel Dieu lorsque l’arche de l’alliance avec le décalogue entre à Jérusalem au temps de  David( 1 Chron. 16 v 33). De même lorsque le prophète Esaïe évoque le retour à Jérusalem du peuple exilé à Babylone, il est dit que tous les arbres des champs battront des mains et qu’au lieu de l’épine s’élèvera le cyprès( Esaïe 55 v12) . Enfin le peuple d’Israël est invité à fêter la fête des tabernacles ou des fêtes des tentes , de soukkot en prenant des branches de palmier, des rameaux d’arbres touffus et des saules de rivières pour se réjouir devant l’Éternel Dieu pendant 7 jours( Lévi. 23v40)

Chers amis, quelques exemples parmi d’autres pour nous rappeler que le thème de l’arbre parcourt l’ensemble des textes bibliques .

Depuis la Genèse, le tout premier livre biblique avec l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; arbres repères, arbres symboles  qui tracent des limites , donnent une orientation jusqu’à l’arbre  cité dans l’Apocalypse , le dernier livre de la Bible qui évoque la pleine communion de Dieu avec les humains et une abondance de fruits pour toujours. Ailleurs dans les Évangiles il est l’image du royaume de Dieu qui accueille tous les oiseaux du ciel et nous pourrions citer bien d’autres passages. Je connais une collègue pasteurs qui avait décidé de prêcher tout au long d’une année, chaque dimanche ou presque sur un arbre biblique : le figuier, le sycomore, le cyprès, l’olivier, le buisson ardent, le cèdre etc, etc. Rassurez-vous nous ne le ferons ici à Bois colombes qu’un seul dimanche. C’est dire l’importance du thème de l’arbre dans la tradition judéo chrétienne.

 D’ailleurs dans toutes les cultures et toutes les religions, à toutes les époques, l’arbre  a inspiré l’être humain. Il a par lui même une force symbolique incontestable : lien entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes , entre le monde visible  et le monde invisible, entre une vie intérieure et une vie extérieure. Sa taille, sa robustesse, sa durée ont de tout temps impressionné les humains ; d’où les arbres sacrés dans bien des croyances religieuses.

Le 1er testament y fait souvent allusion en parlant du culte des arbres toujours verts devant lesquels les Cananéens font des sacrifices. Nous pourrions évoquer encore aujourd’hui avec peut être la vague écolo excessive de certains la sylvothérapie; c’est à dire la guérison par le contact physique avec les troncs des arbres et par l’immersion en forêt.

Au milieu de ce foisonnement de symboles, d’inspirations et de pratiques suscités par les arbres, je retiens ce matin ce symbole fort que propose le psalmiste, l’auteur du Psaume 1 ainsi que de nombreux passage de l’Evangile, à savoir l’arbre comme l’image de l’être humain.

Il est vrai que tous deux naissent ; naissent fragiles, grandissent, grandissent en étant confrontés parfois aux épreuves et difficultés de la vie, vieillissent ; vieillissent en connaissant la faiblesse et la maladie, puis un jour meurent. Il est vrai aussi que tous deux sont en capacité de produire du fruit et de voir une génération leur succéder. Il est vrai  aussi que tous les deux connaissent la même stature, celle d’être débout , presque à la verticale du sol. On pourrait ainsi continuer à énumérer les similitudes, à la différence près tout de même , me direz-vous que l’un est mobile et marche et que l’autre est immobile fixé à un même lieu pour toute sa vie. Différence non négligeable .

Mais si l’auteur du Psaume 1 compare l’être humain à un arbre, c’est pour aborder la question de leur croissance, de leur vigueur, de leur solidité ; en un mot de leur qualité de vie et de leur faculté à donner du fruit. Nous quittons alors les considérations botaniques et sylvicoles  et sommes interrogés en profondeur sur ce qui fait grandir, sur ce qui nous donne force, sur le fruit que nous portons.

Qu’est ce qu’une vie réussie pour reprendre le titre d’un livre écrit il y a quelques années par le philosophe Luc Ferry ? Quelle force nous permet de tenir debout, de trouver stabilité,  et de toucher à une qualité de vie ? Il me semble que confusément même si ces question ne sont pas formulés de la sorte, nous sommes tous travaillés , habités par ces questionnements, nous qui aspirons tous à une vie , à une existence qui ait du sens , du goût, de la densité.

Au tout début du livre des Psaumes, au 1er chapitre comme une porte d’entrée, comme un code d’accès, comme une clé de passe, l’auteur du Psaume nous ouvre à ce qui lui semble le plus important, à ce qu’il a compris de l’existence, à son secret et à sa joie.

« Heureux, écrit-il, car il est question de joie ; de bonheur, oui heureux celui qui trouve son plaisir dans l’enseignement de Dieu ou la parole de l’Éternel et qui la médite jour et nuit. Il est comme un arbre planté près d’un cours d’eau. Il produit ses fruits quand la saison est venue et son feuillage ne perd jamais sa fraîcheur ».

 Le croyant d’autrefois dit qu’il trouve sa force, sa vigueur dans l’écoute, l’accueil, l’étude de la Parole de Dieu. C’est comme si il plongeait ses racines dans un courant d’eau ; c’est comme si il tirait par ses racines la sève qui le fait croître d’une source d’eau vive à laquelle la Parole donne accès. C’est comme si sa vie intérieure et spirituelle était nourrie, fortifiée par cette Parole, par une eau vive, salutaire et abondante que l’eau du baptême vient rappeler.

A quelle parole nourrissons nous nos existences et celles de nos enfants ? Sur quel terrain et à quelle source grandissons nous et faisons nous grandir nos proches, nos enfants ? Quelles paroles nous construisent ? À l’heure trop souvent des paroles de violences, de dénigrements, de dérisions, de provocations.

L’auteur du Psaume évoque cette Parole qui a accompagné toute l’histoire du peuple d’Israël et qui s’incarnera par la venue de Jésus-Christ en une parole vivante, une parole de grâce, une parole d’accueil, une parole d’amour.

Une parole d’accueil inconditionnel adressée à tout être humain, qui suscite la confiance, nous désigne comme des êtres humains dignes, capables .

 Une parole d »accueil et de grâce qui nous met debout et qui nous fait grandir en humanité et en fraternité. Des racines qui puisent au terreau de l’amour, à l’eau de la gratuité, à la source de la bienveillance et qui permettent de grandir, de croître en confiance pour porter fruits et donner des fruits à soi-même et aux autres.

C’est dans ce message large de grâce et d’amour manifesté en plénitude en Jésus Christ que vous souhaitez enraciner votre existence , vous Jeanne qui demandez aujourd’hui en tant qu’adulte  le baptême.

Cela ne fera pas disparaître les coups de vents ,ni les coups de tempêtes, ni les fragilités et faiblesses inhérentes à toute existence.

Pour autant , se savoir aimé de Dieu et accueilli par Lui de manière inconditionnelle est une force sans mesure pour grandir et porter fruit et vivre en fraternité.

Puissions-nous tous nous retrouver dans ces paroles du même psalmiste et situées dans le final du Psaume 92 : « Le fidèle, dit-il, pousse droit comme un palmier. Il s’étend comme un cèdre du Liban. Il est un arbre planté dans la cour du Temple. Il s’épanouit Chez le Seigneur Dieu ; même en vieillissant il porte encore des fruits . Il reste plein de sève et de vie « .

Amen

Pasteur Denis Heller