De quel Royaume nous parle la Bible ?

Culte du 21 novembre 2021

Rova Rakotoarson et François Carayon, prédicateurs laïcs

Lectures bibliques

Daniel 7, 13-14

13 Je continue à regarder ce qui m’apparaît pendant la nuit. Un être semblable à un homme arrive avec les nuages du ciel. Il avance vers le vieillard et il est conduit devant lui. 14 Il reçoit la puissance, la gloire et le pouvoir d’un roi. Alors les gens de tous les peuples, de tous les pays et parlant toutes les langues se mettent à le servir. Sa puissance est une puissance qui dure toujours et qui n’aura pas de fin. Son royaume ne sera jamais détruit. »

Jean 18, 33-37

33 Pilate rentre donc dans le palais. Il fait venir Jésus et lui dit : « Est-ce que tu es le roi des Juifs ? » 34 Jésus lui répond : « Pourquoi est-ce que tu demandes cela ? Est-ce que tu as pensé à cela toi-même, ou est-ce que d’autres te l’ont dit de moi ? » 35 Pilate lui dit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Les gens de ton peuple et les chefs des prêtres t’ont livré à moi. Qu’est-ce que tu as fait ? » 36 Jésus lui répond : « Mon royaume n’appartient pas à ce monde. Si mon royaume appartenait à ce monde, j’aurais des gens sous mes ordres. Ils auraient lutté pour qu’on ne me livre pas aux chefs juifs. Mais non, mon royaume n’est pas d’ici. » 37 Pilate lui demande : « Donc, tu es roi ? » Jésus lui répond : « C’est toi qui le dis. Moi, je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Tous ceux qui appartiennent à la vérité écoutent mes paroles. »

Prédication

Qui est Jésus ? Quelle est la nature de son règne ?

Nos deux textes du jour, tirés l’un de l’Ancien Testament et l’autre du nouveau Testament, se complètent : ils nous aident à réfléchir ces questions. Qui est Jésus ? Quelle est la nature de son règne ?

Oui, s’il est vraiment roi, pourquoi est-ce que qu’il n’est pas plus présent dans ce monde ? Jésus, que fais-tu ? pourrions-nous demander.

Nous allons aborder trois points :

  1. Jésus, l’élu de Dieu, l’envoyé, le Messie annoncé par les prophètes
  2. Daniel et Jean annoncent tous deux la royauté du Messie.
  3. Et nous ? Qu’en tirons-nous pour nos vies aujourd’hui ?

Premier point : Jésus est bien l’élu de Dieu, l’envoyé, le Messie annoncé par les prophètes.

Le livre de Daniel évoque une vision de Daniel, la nuit, mais pas n’importe laquelle.

Daniel voit la venue, selon les traductions, d’un être semblable « à un homme » ou « à un fils de l’homme », traduction mot à mot de l’araméen. Et cet être arrive sur/avec les « nuées du ciel ».

Comme dans les autres visions de Daniel, ce personnage a une dimension symbolique. Cet être surgissant sur les nuées du ciel fait clairement référence au Divin : dans l’Ancien Testament, Dieu apparaissait dans les nuées (par exemple dans Ex 34.5).

En même temps, cette venue du fils de l’Homme préfigure l’annonce du Messie ; la tradition juive ultérieure l’identifiera au Messie attendu.

Dans le Nouveau Testament, nous retrouvons cet expression « fils de l’homme » qui est la formule que Jésus utilise pour parler de lui-même : (Mc 14.62) « Jésus répondit : Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel ».

Et on lit dans Daniel que cet être s’avance vers « un vieillard » – on pense au Dieu de l’ancien Testament – qui lui confère « la souveraineté, la gloire et la royauté ». Daniel a, en quelque sorte, la vision d’une onction divine donnée à cet être. Rappelons-nous que terme “christ” vient de la racine hébraïque “Mashiah” (Messie), qui signifie “l’oint” (du verbe oindre) : c’est un cérémonial qui consacre une personne à une responsabilité importante par application d’une huile sainte, comme par exemple pour les anciens rois d’Israël David et Salomon par des prophètes de Dieu. Ainsi, Jésus-Christ est celui qui a été désigné pour devenir le rédempteur, le Messie.

Donc cette vision de Daniel dans le chapitre 7 est au cœur de la révélation chrétienne : c’est bien l’annonce du royaume de Dieu, de la venue de Jésus. Mais alors, qu’est-ce qu’a de particulier ce Royaume de Dieu ? Qu’attendons-nous de cette venue de Jésus ?

Deuxième point : Daniel et Jean annoncent tous deux la royauté du Messie, mais c’est un royaume d’une nature spéciale.

Le « règne » dans la vision de Daniel est un règne sur tous les peuples, toutes les nations, tous les hommes de toutes les langues ; il s’agit d’un royaume qui ne sera jamais détruit. Ce royaume serait donc inébranlable ; on peut ainsi se remettre à ce Dieu en toute confiance et compter sur sa « Toute Puissance ».

Mais de quelle « Toute Puissance » s’agit-il ?

S’agit-il vraiment de puissance au sens « force », « pouvoir » ? On peut en douter car alors comment expliquer que Dieu n’intervienne pas pour éradiquer le mal, les souffrances, la maladie, les guerres sur cette Terre ? Que fait le Dieu « Tout puissant » ?

Dans l’Évangile de Jean, on lit la réponse très claire de Jésus : « mon royaume n’est pas de ce monde.»

Comment comprendre ces mots : mon royaume « n’est pas de ce monde mais d’un autre monde » ?

  • 1ère manière : faut-il le comprendre comme le monde d’après : de la fin des temps, quand il reviendra comme l’évoque l’Apocalypse ?
  • 2ème manière : faut-il le comprendre comme le monde auprès de Dieu, que nous connaitrons après notre mort et notre résurrection auprès du Seigneur ?
  • Ou plutôt 3ème manière, celle que personnellement nous choisissons : son royaume est d’une autre nature, d’une autre dimension. Pas de la domination et du pouvoir : nul besoin de force, de pouvoir politique, de violence pour régner. La royauté de Jésus n’est pas politique mais spirituelle.

Jésus l’exprime à Pilate : il n’a pas de serviteurs qui combattent pour lui et le sauvent. Pourquoi ? Parce qu’il est lui-même serviteur. Celui qui se donne aux autres, pour les autres, de façon totale, jusqu’à donner sa vie.

C’est le principe de la non-violence qui règne. La puissance de Jésus c’est la puissance du non-pouvoir, la puissance du service aux autres, la puissance de l’Amour qui nous transforme, qui fait de nous des femmes et des hommes neufs.

Nous savoir aimés par Dieu nous donne confiance, quoi qu’il arrive. Cette confiance en son Amour, c’est une force incroyable que Dieu nous donne ! Bien plus précieuse que la fausse puissance de l’argent ou des armes.

Après avoir vu que Jésus était le Messie annoncé par les prophètes, puis dans un deuxième temps que son règne est un règne spirituel, nous en arrivons à notre troisième point :

[Troisième point] : Jésus s’adresse personnellement à chacun de nous et nous propose de le suivre.

Jésus est amené devant Pilate et Pilate l’interroge. Pilate voudrait bien comprendre ce que ce Jésus a commis de si grave pour que les prêtres juifs veuillent le condamner à mort. Il demande à Jésus : « Es-tu le roi des Juifs ? »

Franchement, il a l’air sympa ce Pilate. Au fond, ce gouverneur romain n’a rien contre Jésus. Et on sent bien qu’il voudrait libérer ce Jésus, ou du moins qu’il n’a pas envie de le condamner à mort.

Et d’une certaine manière, nous sommes tous des « Pilate ». Car Pilate se pose les mêmes questions que nous : Jésus est-il roi ? pourquoi celui qui se dit fils de Dieu n’utilise-t-il pas sa puissance pour se libérer ? Pourquoi Dieu ne le sauve-il pas ?

Or, Jésus ne dit pas « je serai roi » mais « je suis roi ». Il parle non au futur, mais au présent. Ce royaume commence dès maintenant, car dès maintenant nous pouvons entrer dans son projet. Dès maintenant nous pouvons naître de nouveau.

Il ne dit pas non plus que seuls quelques initiés pourraient accéder à ce royaume. Non, tous ceux qui le suivent peuvent y accéder. La Bonne Nouvelle est pour tous.

Et Jésus ne nous impose rien, comme le ferait un empereur ou un despote. Il nous « propose ».

Il nous propose de le suivre sur un chemin de vérité, comme le dit l’Évangile de Jean. Le mot « vérité » peut mettre mal à l’aise, sembler orgueilleux. Personne, et moi le premier (la première) ne peut prétendre détenir une vérité qui a plus de valeur que celle de mon voisin. Mais ce n’est pas une vérité intellectuelle, morale que nous propose Jésus, c’est un « chemin » en vérité. Dans l’Évangile de Jean, au chapitre 14 verset 6, Jésus dit « je suis le chemin, la vérité, la vie », il ne dit pas « j’ai la vérité », mais je « suis ». Il nous propose non des certitudes mais un chemin, un chemin de vie, avec ses voies droites, ses pentes escarpées, des difficultés… mais un chemin où Dieu nous accompagne et nous éclaire par son Amour.

Pilate reconnaît l’innocence de Jésus, mais il finit par relâcher Barnabas pour « plaire » aux Juifs, par facilité ; il se « conforme au monde », contrairement à ce que prêche l’Évangile. Et nous ? Qu’aurions-nous fait ? Sommes-nous prêts à renoncer à notre confort, à nos petites habitudes, à être bousculés, à nous mettre en marche et suivre les enseignements de Jésus ?

C’est à nous de choisir. C’est notre liberté de prendre le chemin de Jésus et de participer à son projet d’Amour.

Conclusion

Donc reprenons, si vous le voulez bien, les conclusions de nos trois points. Nous avons, d’abord, vu que Jésus est celui que les prophètes avaient annoncé. Ensuite, nous avons vu que son royaume n’est pas matériel mais spirituel et que c’est là la vraie puissance. Enfin, nous avons vu que Jésus nous donne la liberté : à chacun de nous de choisir de la suivre, ici et maintenant.

Alors, mon frère, ma sœur, c’est à toi de choisir, à toi de lui dire « oui », à toi de choisir l’Amour !

Amen.