David et Goliath : le combat et la confiance

Prédication du dimanche 8 novembre 2015

Texte biblique : 1 Samuel 17

L’histoire de David et Goliath ressemble à un conte : elle a son héros, le jeune David, le petit qui triomphe du géant, le berger qui combat le guerrier.

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Une femme en est l’un des enjeux.

La victoire de David est celle de l’agilité sur la force brute.

D’ailleurs, le général israélien Moshe Dayan considérait ce combat comme un chef d’oeuvre de stratégie militaire.

David utilise à plein ses atouts – la mobilité et une arme qui frappe à distance – et empêche Goliath de profiter de ses points forts : l’équipement militaire et la force physique.

Et Moshe Dayan remarquait, avec une triste ironie, que David était israélien et Goliath un Philistin, donc un habitant de Gaza et qu’aujourd’hui, les rôles étaient probablement inversés.

Au-delà de la situation en Israël et Palestine, au-delà des questions de stratégie militaire, pouvons-nous nous identifier à David dans son combat contre Goliath ?

Je crois que nous le pouvons jusqu’à un certain point.

Oui, nous pouvons nous identifier à David parce que, c’est vrai, la vie est parfois un combat.

Nous sommes souvent confrontés à des obstacles, des défis, parfois des adversaires.

La vie est alors un combat, pour lequel nous sommes tentés de nous armer, de nous munir de toutes sortes de défenses, de nous blinder.

Et même lorsqu’il pourrait en être autrement, nous tenons un discours à tonalité guerrière sur les plans économique, social, politique, éducatif, scolaire.

Tout n’est que lutte, affrontement, défi à relever.

En particulier, nous mettons une pression immense sur les jeunes générations, en les incitant à se préparer au mieux au dur combat de l’accès au monde du travail, par exemple.

Pourtant, est-ce vraiment la seule façon de répondre à la difficulté d’être soi ?

Et quelle place pour ceux qui ne figurent pas bien dans cette compétition, ceux que l’on traite de loosers, ou d’assistés ?

Dans un monde de combat et de compétition, quelle place pour les plus fragiles ? Pour ceux que la vie a fragilisés ?

Et nous-mêmes, à force de vivre l’existence comme un combat, est-ce que nous ne fragilisons pas des parts essentiels de notre être : l’intériorité, la relation à autrui, la spiritualité ?

Dans son combat contre Goliath, David ouvre à une autre dimension, essentielle : la confiance

Vous l’aurez sûrement remarqué : Dieu n’est pas un personnage central de cette histoire.

David échange des invectives avec Goliath, il s’intéresse visiblement à la récompense promise au vainqueur, mais sa parole fait revenir Dieu dans une histoire dont il était singulièrement absent.

En effet, David voit dans les insultes de Goliath une offense faite à Dieu, une question de foi avant d’être une question de rivalité guerrière.

Bien sûr, il se vante de ses qualités de berger intrépide, prompt à affronter le lion et l’ours. On peut l’entendre comme de la vantardise et le frère de David ne manque pas de le faire.

Pourtant, la situation de David change parce qu’il fait confiance en Dieu.

« Le Seigneur me délivrera de la menace de Goliath, comme il m’a arraché des griffes de l’ours ».

Cette parole éclaire d’une lumière nouvelle notre attitude devant les difficultés de la vie.

Ce sont peut-être des combats, quoique l’adversaire ne soit pas toujours facile à désigner.

La vraie question, nous fait comprendre David, n’est pas de nommer l’adversaire, de décrire ses armes et de nous armer pour le combattre.

La vraie question est celle de la confiance.

La vraie question est spirituelle.

Quelle place accordons-nous à la confiance, en tant qu’individus, en tant que citoyens, en tant que membres de l’Entraide ? Confiance qui ne signifie rien d’autre que « foi partagée ».

Est-ce que nous décidons, sans naïveté, de faire confiance en Dieu, de nous faire confiance mutuellement, en commençant par nos proches, par ceux qui oeuvrent dans cette maison ?

Confiance dans le prochain.

Confiance dans notre vie.

Confiance d’autant plus fondée que nous savons que le seul combat crucial a été mené et gagné par un autre que nous, le Christ.

Dans sa vie, sur la croix, le Christ a mené ce combat contre le mal, il a été jusqu’à donner sa vie pour nous. Et il a remporté la victoire.

Chers amis.

Nous avons parfois peur des défis et des combats de la vie.

Nous nous sentons parfois démunis devant l’énormité des combats à mener.

Si nous décidons de faire confiance, si nous savons qu’un autre a combattu pour nous et l’a emporté, alors nous cesserons d’être paralysés par le poids de nos peurs et de nos armures.

Alors, notre vie retrouvera du mouvement, de la créativité, de la légereté.

Amen !