Culte du 8 juillet 2012: Devenir une pierre vivante

Prédication du 8 juillet 2012

Texte biblique : I Pierre 2,1-6

Comment grandir dans la foi ?

Comment devenir spirituellement adulte ?

Comment poursuivre notre croissance spirituelle

« Vous aussi, comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés en maison spirituelle pour constituer une sainte communauté sacerdotale » écrit Pierre.

D’emblée, Pierre répond : un adulte dans la foi est une « pierre vivante ».

Soyons honnêtes, cette expression est quelque peu énigmatique.

Que recouvre-t-elle ? Que signifie-t-elle pour vous, pour moi ?

Comme souvent, il nous faut revenir à la source, au Premier Testament.

Pour tout juif, « pierre vivante » renvoie au Temple de Jérusalem.

Rappelez-vous : en même temps que la royauté unifie les tribus d’Israël et que la lutte contre les autres cultes s’accentue, le Temple devient le lieu central de la foi juive.

C’est vrai géographiquement.

En lieu et place des nombreux sanctuaires, les foules se rassemblent désormais à Jérusalem, dans le Temple.

Israël fonctionne ainsi par cercles concentriques : le Royaume, la Capitale, le Temple, le « Saint des saints ».

Mais le Temple est plus que cela. Il n’est pas seulement le centre géographique. Il est surtout le lieu de la rencontre entre Israël et l’Eternel, lieu symbolique, spirituel, cosmique.

Lorsque le grand-prêtre entre dans le « Saint des saints », il confie le peuple à Dieu, lui remet ses péchés et ses détresses. Simultanément, le grand-prêtre reçoit de Dieu le pardon des péchés et la confirmation de l’alliance.

Ainsi, dans le « Saint des saints », le grand-prêtre présente le peuple à Dieu et Dieu à son peuple. Le ciel et la terre se rencontrent, l’Eternel est présent, il demeure parmi son peuple.

Seulement, peu à peu, cette représentation devient inopérante.

Progressivement, au sein même d’Israël, émerge l’attente d’un temple nouveau, où les pierres ne seraient plus matérielles mais humaines.

Depuis l’exil à Babylone, beaucoup savent désormais que l’Eternel n’a pas besoin du Temple pour entrer en communion avec son peuple. Il a, en effet, manifesté sa présence, parlé à des prophètes alors que le Temple était détruit et qu’une partie du peuple vivait à Babylone.

Désormais, Dieu se promet d’agir directement dans le cœur des hommes.

Désormais, les pierres et les rites importent moins que la foi et sa mise en pratique.

Comme le proclame l’Eternel à Esaïe : « Voici que je pose dans Sion une pierre angulaire, précieuse, établie pour servir de fondation. Celui qui s’y appuie ne sera pas pris de court. Je prendrai le droit comme cordeau et la justice comme mesure ».

Pour les chrétiens, un homme va répondre à cette attente.

Cet homme, c’est Jésus-Christ.

En lui s’accomplit ce que le temple de Jérusalem ne réalisait qu’imparfaitement : la rencontre entre Dieu et les hommes.

Christ, en effet, nous fait connaître Dieu. t

Par son enseignement, ses paraboles, il dit la volonté de Dieu.

Par sa relation au Père, sa confiance, sa façon de prier, il fait connaître la tendresse de Dieu pour chacun de ses enfants.

Par ses guérisons et ses miracles, il fait comprendre qu’en Dieu, toutes choses deviennent nouvelles : les infirmes peuvent guérir et les coupables se pardonner à eux-mêmes.

Par sa mort, il montre jusqu’où vont la folie des humains et l’amour inconditionnel de Dieu.

Par sa résurrection, il manifeste que rien ne peut casser le fil qui relie à Dieu, même pas la mort.

Ainsi, Jésus n’est pas seulement le porte-parole de Dieu, il est la Parole.

Autrement dit, par l’ensemble de son être, il nous révèle Dieu.

Comme l’écrit Jean : « Nul ne peut connaître Dieu. Le Fils unique … nous l’a dévoilé ».

Jésus révèle ainsi Dieu au monde.

Réciproquement, il présente le monde à Dieu.

Le grand-prêtre portait à Dieu les demandes et les péchés du peuple.

Jésus prie son Père pour le monde, il lui présente des mourants comme Lazare, il intercède pour les disciples. Et sur la croix, il demande au Père le pardon pour tous.

Ainsi, Jésus réalise les promesses du temple : présenter Dieu au monde et le monde à Dieu.

Il est bien la « pierre angulaire ».

Seulement, une pierre d’angle n’a pas de sens si elle reste seule.

Une pierre d’angle a besoin d’autres pierres pour édifier un temple vivant.
Ces autres pierres, ces pierres vivantes, ce peut-être vous, moi

Au début de la prédication, nous nous sommes demandé comment devenir une « pierre vivante ».

Ce détour par le Temple de Jérusalem et le Christ nous met sur la piste.

Devenir une pierre vivante, c’est d’abord faire partie d’une communauté.

Des pierres seules, les unes à côté des autres, ne forment pas un édifice mais un champ de ruines.

Il est d’autant plus nécessaire de rappeler cette dimension communautaire que le protestantisme a parfois défendu une conception individuelle de la foi.

L’individu, porté par une relation personnelle avec Dieu et par une exigence éthique forte, vivait sa foi dans le monde sans réel besoin d’une communauté.

Cette démarche a sa grandeur et sa pertinence : chaque personne doit en effet être responsable d’elle-même ; chaque personne peut en effet prier Dieu et lire la Bible sans l’intermédiaire d’un clergé.

Néanmoins, participer au culte, lire la Bible ensemble, prier ensemble, servir ensemble nous font grandir les uns les autres.

Je ne suis pas l’Eglise tout seul.

Je ne suis pas autosuffisant, en matière de foi comme ailleurs.

Je grandis et j’aide à grandir en apportant ma pierre à l’édifice.

Devenir une pierre vivante, c’est aussi s’attacher au Christ.

Une pierre non reliée à la pierre d’angle chute.

De même, nous ne pouvons devenir « pierre vivante » qu’en restant liés au Christ.

Concrètement, cela signifie revenir encore et toujours à son enseignement, à sa façon de rencontrer, de guérir, de parler de Dieu, de prier.

Nous ne pouvons savoir qui est Dieu pour nous qu’en nous inspirant de ce que le Christ dit et vit.

Nous ne pouvons savoir comment aimer les autres qu’en nous inspirant de la façon dont le Christ rencontre et aime.

Alors, inspirons-nous inlassablement de la personne, de l’enseignement, des rencontres, de la prière, de la mort et de la résurrection du Christ.

Enfin, être une pierre vivante, c’est participer à la vocation de l’édifice, à savoir : aider à la rencontre entre Dieu et son peuple, présenter les hommes à Dieu et Dieu aux hommes.

Présenter Dieu aux hommes parce que sa parole n’est pas réservée à un club ou à un groupe d’initiés. Elle est pour tous car tous ont besoin de Dieu, pas du Dieu manipulateur ou de celui du destin mais du Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob, qui aime, relève, porte, donne du sens, arme contre le mal.

Présenter Dieu aux hommes, en paroles mais aussi en actes.

Pour répondre à cette vocation, priez donc pour vos proches, mais priez aussi pour le monde et ceux qui le gouvernent, priez pour vos ennemis et ceux qui vous ont blessés, priez pour participer à ce travail de Dieu dans le monde, pour le monde, contre ce qui le dénature, le défigure et le rend in-sensé.

Alors vous serez, alors nous serons des pierres vivantes, édifiées en temple spirituel.

Amen !