Culte du jeudi de l’Ascension

EGLISE  PROTESTANTE UNIE d’Argenteuil , Asnières, Bois Colombes, Colombes

Culte de l’Ascension.  21 mai 2020  Pasteur Denis Heller

Accueil

La grâce et la paix sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Seigneur .

. Nous  fêtons aujourd’hui l’Ascension.

Introduction

Souvent la question  est posée : mais vous protestants quelles fêtes, fêtez-vous ?

Rien de très original , ni de très spécifique à répondre si ce n’est que nous suivons en quelque sorte la vie de Jésus telle qu’elle est évoquée dans les Évangiles : sa naissance d’où le temps de Noël et la période qui précède l’Avent, puis sa mort et sa résurrection d’où le temps de Pâques et des Rameaux et la période qui précède Carême. L’événement de Pentecôte relaté dans le livre des Actes est aussi fêté comme la venue du Saint-Esprit sur les disciples et le début de l’Église.

Ce sont toutes des fêtes chrétiennes, me direz-vous, retenues par l'ensemble des Églises et qui n’ont rien de particulièrement protestant.

Seule la fête de la Réformation, fixée le dimanche le plus proche du 31 octobre a un caractère typiquement protestant. Pourquoi cette date du 31 octobre ? ; car on situe le début de la Réforme protestante au 31 octobre 1517 , jour où Martin Luther affiche ses 95 thèses contre les indulgences sur les portes du château de Wittenberg , pense-t-on . Cette fête de la Réformation donne lieu non pas à magnifier un homme ou une époque où une action mais à revenir aux sources de l’Évangile et de la foi chrétienne. Tout compte fait, peu de fêtes dans le protestantisme par volonté de simplicité et de se centrer sur le cœur de la révélation chrétienne : Jésus-Christ crucifié et ressuscité faisant connaître un Dieu Père , riche en bonté et en miséricorde et promettant aux humains le Saint-Esprit, souffle de foi, d’espérance et d’amour.

Car si il y a fête c’est toujours pour chanter, magnifier, glorifier, fêter le Dieu Père, Fils et Saint-Esprit qui nous désigne, par grâce, comme ses enfants, ses fils et ses filles et qui nous rend alors frères et sœurs les uns des autres.

En ce sens, chaque dimanche est une grande fête, fête de la résurrection, fête de la victoire de la vie de Dieu sur la mort, fête de son amour et de sa grâce sur nos ténèbres, fête des enfants de Dieu réunis dans la louange et l’écoute de l’Évangile . Et cela est largement suffisant.

Au milieu de ces quelques fêtes, on en viendrait à oublier celle de l’Ascension, 40 jours après Pâques et 10 jours avant Pentecôte. Il est vrai qu’au hit-parade des fêtes chrétiennes l’Ascension se classerait bien après Pâques et Noël. Et pourtant, la célébration est attestée dès le 4 éme siècle, parfois fêtée simultanément avec la Pentecôte jusqu’au 5éme siècle.

Alors, si les protestants fêtent l’Ascension, montée ascension de Jésus au ciel ,et non l’Assomption, montée ascension de Marie au ciel, nous sommes un 21 mai et non un 15 t ! , que retiennent ils de cet épisode des Évangiles, relatif à Jésus ?

Que fêter en fêtant l’Ascension ? Un départ , une montée, une disparition , une absence, un vide ? Jésus serait-il désormais aux abonnés absents ? Curieux que de mettre en

avant une disparition, plutôt qu’une apparition ou une révélation ?. L’Ascension une fête qui n’en est pas une ? Une contre fête ? Est-ce à dire que désormais Jésus se mettrait en arrêt de travail et que nous aurions droit alors à son silence ?

Les textes bibliques parlent peu, très peu de l’Ascension . Parmi les quatre Évangiles, seuls Marc et Luc l’évoquent de manière très brève.

« Le Seigneur après lui avoir parlé fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu »,un seul verset dans l’Évangile de Marc. L’Evangile de Luc lui, propose une évocation un peu plus longue qui reste encore succincte.

« Il les emmena jusque vers Béthanie, puis il leva les mains et les bénit.

Pendant qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel. Pour eux, après l’avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ; et ils étaient continuellement dans le temple et bénissaient Dieu ».

C’est dans le livre des Actes , livre écrit par le même auteur que l’Évangile de Luc que l’allusion à l’Ascension est la plus détaillée , la plus développée. Un moment de l’Ascension mis en perspective avec la Pentecôte et l’attente du Saint Esprit.

Mon collègue Andréas Seyboldt méditera dimanche sur ce récit de l ‘Ascension tel qu’il est relaté dans le livre des Actes. Je n’en dis pas plus.

Nous prions

O Christ , Reste avec nous Reste avec nous , lumière du monde pour dissiper nos doutes calmer nos terreurs et nous montrer le chemin.

O Christ Reste avec nous , pour pardonner nos fautes pour nous fortifier dans l’épreuve pour nous délivrer du mal.

Reste avec nous, vainqueur de la mort pour nous consoler dans nos tristesses pour nous secourir dans nos défaillances pour nous encourager dans nos efforts. Reste avec nous, avec toute l’Église, avec toute la terre.

Reste avec nous, au soir du jour au soir de la vie au soir du monde.

Reste avec nous par ta grâce, par ta bonté par ta Parole , par ta bénédiction.

Reste avec nous pour le temps et l’éternité. Amen

L’Ascension est donc évoqué dans les Évangiles, dans le livres des Actes mais aussi par l’apôtre Paul en particulier dans l’Épître aux Philippiens au chapitre 2  v 1 à 11

« S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque encouragement dans l’amour, s’il y a quelque communion de l’Esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde, mettez le comble à ma joie afin d’avoir une même pensée ; ayez un même amour, une même âme, une seule pensée ; ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas

estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »

Méditation

Tout d’abord, l’apôtre Paul exhorte les Philippiens à l’amour fraternel, à la communion fraternelle. Puis, il poursuit cette recommandation en mentionnant l’exemple de Jésus-Christ qui par sa vie, sa mort et sa résurrection s’est fait serviteur les uns des autres. Il en arrive à cet hymne au Christ qui, pense-t-on, est une formule liturgique très ancienne utilisée lors des célébrations baptismales ou eucharistiques .

Cet hymne retrace l’abaissement de Jésus puis son élévation ; son abaissement, par son incarnation au milieu des hommes, par son engagement fait de service , d’amour, de don de lui-même, par sa mort sur la croix. Après le mouvement de l’abaissement où Jésus est acteur, voici celui de l’élévation qui renvoie à l’Ascension, où Dieu agit. « C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom »

Curieusement, pas de référence explicite à la résurrection dans cet hymne au Christ, mais l’élévation que Jésus connaît et que Dieu lui accorde, concerne tout à la fois la résurrection et l’Ascension. Cette élévation est étroitement liée à un nouveau nom donné à Jésus.

Emmanuel, Dieu avec nous, c’était le nom de la promesse faite à Joseph. Jésus, Dieu sauve, c’était le nom de l’enfant né parmi les hommes. Jésus de Nazareth, Jésus le Nazaréen, c’était le nom de l’homme Jésus, l’homme juif, fils de Marie et de Joseph .

Jésus le Christ c’est à dire l’oint, le messie ; c’était le nom de Celui qui est connu, reconnu

par les disciples, comme l’envoyé de Dieu, le messie Sauveur, annoncé dans la 1ere alliance. A tous ces noms, au moment de l’élévation ,de l’ascension, Dieu vient en rajouter un autre : un nom, est-il dit, au-dessus de tout nom, celui de Seigneur. Au moment du baptême, Jésus avait été déclaré comme le fils bien aimé de Dieu. Au moment de l’élévation, de l’Ascension, Jésus-Christ est déclaré comme Seigneur. Il est en quelque sorte intronisé comme Seigneur. Seigneur , c’est le nom Adonaï donné à Dieu par les Hébreux de la 1ere alliance , prononcé à la place du tétragramme Yahvé « je suis celui qui est » du buisson ardent. Jésus-Christ, en recevant ce nom de Seigneur, Adonaï en hébreu , Kyrios en grec, s’inscrit dans cette longue histoire de l’alliance de Dieu avec les humains, commencée avec Abraham

.

Et qui est déclaré comme Seigneur au moment de l’élévation, au moment de l’Ascension ? : celui-là même, qui s’est abaissé, s’est incarné, s’est fait humble, s’est livré, s’est donné dans la fragilité d’une crèche, la vulnérabilité d’une existence humaine . Celui-là même qui s’est révélé, dévoilé dans la fragilité d’une parole offerte, dans des gestes d’accueil et de grâce.

Qui est Seigneur ?: celui-là même, qui a estimé les autres supérieurs à lui et s’est fait serviteur, celui-là même qui plutôt que de considérer ses propres intérêts, a su considérer ceux des autres et tout particulièrement ceux des oubliés, des exclus et des malades.

Qui est Seigneur ?: celui-là même, qui dans la faiblesse et le don total, a été sur la croix, jusqu’au bout de l’amour et du pardon. Est Seigneur Celui qui s’est fait serviteur; là est sa puissance, là est sa présence, là est sa bénédiction.

Qui est Seigneur ? celui qui a été pleinement humain habitant , assumant ses faiblesses et sa fragilité restant à hauteur d’homme, rayonnant d’un amour jamais aveuglant, jamais étouffant, jamais écrasant.

Élevé et connaissant l’Ascension, car restant à bonne hauteur en humain, en serviteur .

Et que pourrait nous dire cette fête de l’Ascension qui célèbre un Seigneur Serviteur alors que nous traversons cette pandémie et que nous entamons ce déconfinement progressif ?

L’être humain qui croyait s’élever de sa condition humaine, redécouvre qu ‘il est fragile et mortel ?

L’être humain qui pensait pouvoir s’élever au rang des petits dieux, et qui déjà rêvait d’immortalité par les promesses d’un transhumanisme présomptueux, réalise brutalement qu’il est marqué par la finitude.

L’être humain qui rêvait d’une toute puissance illusoire, est mis face à sa fragilité constitutive.

L’être humain qui s’illusionnait en pensant construire un monde totalement du contrôle et de la maîtrise , prend conscience avec effroi qu’il est soumis au risque et qu’il est à la merci de l’imprévu , de l’imprévisible

L’être humain qui voulait s’élever au-dessus de la création pour ne pas en être dépendant , voit qu’il fait partie d’un tout et qu’il est lié aux autres créatures , aux autres animaux ; Il n’est pas à part, il fait partie du monde des vivants.

Que de tentatives de l’être humain de s’élever par orgueil au-dessus de sa condition humaine, au-dessus de sa condition de créature, au-dessus des autres créatures et de son environnement !

Que de tentatives fausses pour l’être humain de quitter sa place pour dominer, écraser, assujettir, régner !

Et la parole ce matin de l’Ascension qui vient nous rappeler qu’est Seigneur  celui qui est serviteur  , celui qui se met à bonne hauteur , celui qui considère les autres supérieurs à lui-même. Une toute autre perspective, Un renversement des situations, des relations, des rapports……

Accepter ses fragilités et ses faiblesses et accepter celles des autres et changer de regard et d’attitude. Un regard qui se porte vers les fragiles, les plus fragiles.

La pandémie a  fait retomber l’être humain très bas dans la peur, le trouble, l’incertitude, la finitude , l’angoisse de la mort.

La Pandémie l’a fait tomber de son pied d’estale.

Souhaitons que cette expérience douloureuse conduise à plus de sagesse et d’humanité.

Que le rouleau compresseur du tout économique , du tout rentabilité, du tout efficacité , du tout performance , du chiffre avant tout ! ; laisse place à davantage de simplicité, de sobriété, d’humanité, de solidarité.

A l’Ascension, les disciples sont  envoyés sur les routes humaines, avec la promesse de la bénédiction de Dieu, la promesse de son Esprit ;Le Seigneur leur laisse  la place, avec comme seule puissance celle de sa bénédiction, les mains nues, la bouche proclamant l’Évangile, le cœur insufflé d’amour, l’être tout entier poussé par le souffle de l’Esprit .

L’Ascension met en lumière un Seigneur serviteur. Est élevé celui qui s’abaisse. A sa suite, les disciples deviennent témoins et serviteurs pour faire rayonner son amour.

Prière

Notre fête de ce jour monte vers Toi, Dieu notre Père.

Tous nos silences, nos chants et nos paroles, sont tendus vers Toi

et participent à la louange de toute la création.

Tu as rappelé à Toi Ton Fils Jésus-Christ par qui nous fut donné

Ton salut, Celui que tu désignes comme Seigneur.

Il retourne aujourd’hui partager ta gloire, dans ce mouvement

qui l’entraîne avec Toi, pour que soit donné Ton souffle à notre humanité.

Ainsi, nous pénétrons dans le mystère de ton Fils.

Nos yeux ne peuvent plus voir, mais nous savons que son retour est déjà commencé ;

Sa disparition crée en nous le vide de l’amour, Mais nous savons que par notre amour nous lui redonnons son visage.

Par cet amour nous demeurons en Lui et par Lui nous demeurons en Toi.

Il nous rassemble en ce jour Et c’est par son Esprit

Que notre communion acclame Ta gloire.

Alors, nous ouvrons nos cœurs et nos mains, à celles et ceux que nous avons croisés sur nos routes pour les confier à Ta lumière.

Nous ouvrons notre prière aux familles endeuillées, aux malades du Covid, aux personnes angoissées, aux équipes médicales pour les confier à Ta lumière

Nous ouvrons nos esprits et nos bras, aux isolés , aux réfugiés, aux victimes

des catastrophes naturelles, aux victimes de l’injustice et de la bêtise humaine pour les placer sous Ta lumière.

Nous ouvrons nos vies et nos bouches, pour dire à ta suite, Toi le Seigneur Serviteur,

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne

que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal.

Car c’est à toi qu’appartiennent, le règne, la puissance et la gloire, Aux siècles des siècles. Amen

Envoi bénédiction

Aujourd’hui, nous pouvons nous exposer à la lumière de Dieu : « il est avec nous tous les jours » .Aujourd’hui ,nous pouvons exposer au grand soleil de Dieu, les temps agités, ténébreux, tumultueux, assombris par la violence des hommes.

Il est avec nous « jusqu’à la fin des temps »

Jésus s »approcha et leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.

Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du St Esprit soient avec chacun de nous dès maintenant et à jamais. Allons d’un pas confiant, vers des lendemains peuplés de prochains.