Bougiville (jeu de scène du culte de Noël parents-enfants, 15 décembre 2013)

BOUGIVILLE

Tableau 1

Musique de fête.

Narrateur (seul sur le devant de la scène) : Il était une fois une ville appelée « Bougiville » parce qu’elle était habitée uniquement par des bougies. On raconte qu’il fut un temps où chacun aimait se rendre à cette ville parce qu’il s’y passait toujours des choses étonnantes…

Par exemple, tous les jours, on fêtait l’anniversaire de la ville…

Tous les soirs, les bougies venaient danser sur la grande place.

On entendait la musique de la fête de très loin, dans la plaine, mais surtout, comme Bougiville était située sur la plus haute montagne, la lumière de la ville illuminait le pays, jusqu’à ses plus lointaines frontières.

Mais voilà, c’était hier.

Aujourd’hui, les choses ne sont plus comme avant.

Que s’est-il passé ?

Personne ne s’en souvient plus.

Mais aujourd’hui les rues sont froides, les nuits sont tristes, la ville a perdu l’éclat de son passé. Les bougies n’ont plus la flamme d’avant, elles n’ont plus le cœur à la fête…

Il fait trop souvent nuit à Bougiville.

Dans la pénombre, une bannière déchirée informe : « Fête nationale de Bougiville, 15 décembre ! ». Coline, Sandrine, Corinne et Cyrille entrent un par un depuis le fond de la salle avec des bougies éteintes à la main et prennent place en se heurtant quelque peu. Ils attendent le maire

Corinne : Qu’est-ce qu’il fait sombre aujourd’hui ! On ne voit même plus la couleur de nos mèches, c’est un comble !

Sandrine : Sais-tu pourquoi le Maire a voulu nous réunir ?

Corinne : C’est toujours pour la même histoire. Des paroles, des paroles, ça oui, il sait faire, ça crépite comme le bois dans le feu mais jamais rien de concret pour améliorer notre vie.

Sandrine : je sais bien qu’il n’est pas une lumière mais il pourrait quand même faire quelque chose.

Corinne : Tais-toi, le voilà.

Maire(Andréas sur une petite estrade ou chaise) : Hum, hum, Bougivilloises, Bougivillois, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, habitants de la vallée de Bougiville, euh … qui j’oublie ? …

Notre ville s’apprête à fêter ses 2000 ans. Elle a donc une longue histoire, je vous propose de lever vos verres à l’avenir de notre belle cité qui va être rayonnant et lumineux car mes amis, l’avenir est devant nous. Et c’est vers là que nous allons.

Le Conseil et moi-même dont vous savez le dévouement…

4 habitants :Ouh, ouh, ouh

Maire (Andréas) : D’accord, et bien voilà il n’y aura pas de fête pour nos 2000 ans !

Il se sert un verre d’eau et s’éponge le front

Coline : Quoi ?

Le Maire (Andréas) : Je vous assure, j’ai tout essayé, j’avais prévu un cracheur de feu, un feu d’artifice offert par les établissements Latorche, j’avais même pensé faire venir une troupe de théâtre qui aurait brillé des mille feux de la rampe. Mais voilà, nous n’arrivons pas à rétablir la lumière sur notre ville. Chez nous, il fait si sombre qu’il ne se passe pas un jour, pardon une nuit, sans qu’il y ait un accident !

Un jour, nous trouverons peut-être une solution à notre problème d’obscurité, mais pour le moment, chers concitoyens, je vous demande un peu de patience.

Je sais que vous vous réjouissiez de célébrer cette fête, mais sans décoration lumineuse, aurons-nous vraiment le cœur à cela ? C’est donc sur vous que je compte afin que chacun fasse un effort. Je suis persuadé que vous en êtes capables. Et un jour, à nouveau, nous connaîtrons la lumière. Merci de votre attention.

Coline : Il peut bien parler, mais c’est lui que je rencontre le matin. Il finira par m’écraser avec sa grosse bougie hyper puissante qui roule à tombeau ouvert, sans respecter la priorité. Si ça continue, il va écraser Bougillon, mon petit dernier.

Tableau 2

Cyrille : Dis maman, c’est quoi la lumière ?

Coline : La lumière, nous sommes nés pour cela. Nous avons été créés pour porter la lumière. C’est notre raison de vivre. Nous sommes bien tristes de ne plus en avoir.

Cyrille :Mais c’est quoi ?

Coline : C’est ce qui nous permet d’y voir clair. Ce qui te parait gris et que tu découvres à tâtons, se voit facilement avec la lumière.

La lumière nous fait voir l’horizon. Tout prend du relief.

C’est difficile de vivre comme nous le faisons car nous n’y voyons plus clairs, nous sommes un peu comme des aveugles.

Cyrille : Mais pourquoi vivons-nous sans lumière à Bougiville ?

Coline : Nous étions inconscients du danger. Nous vivions heureux parce que tout était normalement lumineux.

Nous ne pensions pas que la lumière pouvait disparaître un jour.

Quand il y avait un coup de vent, on allait voir nos anciens, les bougeoirs.

Ils nous donnaient toujours un peu de leur lumière avec plaisir. Mais voilà, on n’a pas fait attention, on les a laissés s’éteindre les uns après les autres, sans relever le flambeau.

Nous ne pensions pas aux conséquences.

Et puis, un jour, la dernière flammèche s’est éteinte.

Depuis, nous cherchons à redevenir lumineux, mais rien à faire !

Cyrille : Tu crois que je connaîtrais la lumière, maman ? Tu crois que je pourrai me servir de ma mèche, moi aussi ? Un jour ? Pour être utile ? Pour faire briller ceux qui en ont besoin ?

Coline :Peut-être, mon petit, peut-être !

Coline et Cyrille sortent.

Bref intermède au piano (Gabriel)

Tableau 3

Narrateur : Une nuit passe. Le lendemain, deux passants se croisent dans la rue.

Corinne : Ah c’est vous ? Bonjour, voisin. Il ne fait pas chaud ce matin.

Sandrine: Tu connais la nouvelle ? Il y a un nouvel habitant en ville.

Corinne : Ah bon ?

Sandrine : On ne sait pas trop bien d’où il vient. Il n’est pas méchant, au contraire mais il est bizarre. On le reconnaît tout de suite, il n’est pas comme nous.

Corinne : Essaye de me le décrire un peu, ça m’aidera si je le rencontre.

Sandrine :Oh celui-là, tu le reconnaîtras sans problème. Tu n’auras qu’à regarder sa tête, elle brille comme une torche.

Corinne : Tu crois qu’il a trouvé le secret de la lumière ?

Sandrine : En tout cas, ce n’est pas ici qu’il a pu le trouver !

Corinne: Il doit être dangereux, personne n’a ramené de lumière ici depuis des années; moi-même je ne l’ai jamais vu. Le maire est au courant ?

Sandrine :Je ne crois pas, mais il va vite l’être. Cette espèce de bec de gaz à déjà autour de lui tous les paumés de la ville.

Corinne: Tu parles, il ne risque pas de leur faire de l’ombre.

Maire (Andréas): Où est-il ? Je veux cet étranger dans mon bureau cet après midi. Je veux savoir où cet imposteur a volé la recette de la lumière. (à lui même) : Pourvu qu’il lui reste un peu de la lumière, j’ai une petite réception privée chez moi demain !

Coline : Monsieur le maire, vous savez, il n’est pas trop coopératif, je voulais lui prendre un peu de lumière pour illuminer mon magasin, juste de quoi faire quelques affaires avant les fêtes. Il n’a pas voulu. Il m’a dit, je ne sais plus quoi, que c’était trop précieux pour être gaspillé.

Maire (Andréas) : Ah il est futé, il fait ça pour faire monter les enchères. Je trouverai bien un moyen.

(Le maire s’en va)

Coline : Tiens, Bougillon, il semblerait que tu aies croisé l’étranger ?

Cyrille: En effet, quel homme ! A peine nous a-t-il vu tenter de faire fonctionner cette ampoule qu’il nous as donné un peu de sa lumière. Et voyez comme cela brille maintenant.

Coline: On dit qu’il est bizarre et que …

Cyrille  : Comment peux-tu dire une chose pareille ? ! Quelqu’un de si bon et généreux !

Coline : Oui, on dit ça on dit ça, mais après on regrette. C’est comme pour ma nièce, Chandelline : un jour, alors qu’elle …

Narrateur : Bougivillois, Bougivilloises. Le maire fait une réunion exceptionnelle à la mairie dans 5 minutes. Tous les habitants de notre belle cité sont invités à s’y rendre. Bougivillois, Bougivilloises…

Les bougies sortent de la scène ensemble

 

Tableau 4

Des bougies sont assises sur des cubes ou autres…

Maire (Andréas): Bon, heu … si je vous ai réunis ici, c’est pour un problème de la plus haute importance. J’ai découvert que l’étranger qui marche dans nos rues depuis ce matin n’est autre qu’un imposteur …

Corinne : Impossible ! Moi, il m’a remis sur les feux de la rampe !

Sandrine : Et à nous, il nous a apporté la vue !

Coline :L’homme de la grande lumière m’a donné sa lumière. Il a fait briller mon existence…

Maire (Andréas) l’air un peu angoissé par la tension qui monte : Du calme, du calme mes chers administrés. Je ne veux que votre bien, et je vous assure que ce n’est pas ce charlatan qui va résoudre nos problèmes ni faire d’étincelles.

Corinne : Moi j’ai tout vu ! Le maire il voulait que l’étranger reste avec lui, pour illuminer une fête chez lui, et comme ça il pouvait garder la lumière rien que pour lui !

Tous, en fixant le maire : OooooHHhhhhh ! ! 

(L’étranger traverse toute la salle etrejoint le petit groupe; puis ensuite l’étranger prend la parole)

Esther : C’est exact ! Et la lumière que j’apporte doit briller pour vous tous ; et non seulement vers certains … (il se tourne vers le maire puis le fixe quelques secondes. Celui ci, honteux, baisse la tête). La lumière est comme l’amour que vous devez porter à chacun : il faut l’entretenir chaque jour, et surtout le partager (se retournant vers le maire ).Je ne viens pas prendre votre place, mais simplement vous donner cette lumière, comme un cadeau. Il ne faut pas la garder pour soi. Tenez, je vous la donne. Partagez-la ! C’est dans la lumière qu’il nous faut vivre.

Chacun allume sa bougie, l’un après l’autre, la lumière de la scène augmente légèrement…

Corinne : « Je suis la lumière du monde » a dit Jésus

Sandrine :« Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ».

Cyrille : « Pendant que je suis là, je suis la lumière du monde ».

Coline : « Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière afin de devenir des enfants de lumière ».

Tous ensemble : Lumineux non ?

Musique