Une nouvelle alliance (dimanche 12 janvier 2014)

Texte biblique : Jérémie 31,31-34 ; 32, 36-41

L’alliance puise ses racines dans une terre très profonde, dans une mémoire très ancienne.

Plusieurs siècles avant Jérémie, 3000 ans avant notre époque, Dieu a conclu une alliance avec son peuple sur le Sinaï.

Le premier, dit l’Eternel en substance, je me suis tourné vers toi, je t’ai libéré de l’esclavage en Egypte. Sache que je continuerai à agir en ta faveur. Et, pour que tu restes libre, je te donne ces commandements. En échange, tu te tourneras vers moi et tu respecteras ces lois.

Plusieurs siècles après, selon Jérémie, cette voie nouvelle s’est transformée en impasse.

Une nouvelle alliance est nécessaire car celle du Sinaï a échoué.

Nous entrons dans une année d’élections et de nombreux responsables politiques vont nous dire de « ruptures », de « chocs » voire de « révolutions coperniciennes », car les anciennes méthodes auront échoué.

Il en est de même ici.

Une nouvelle alliance est nécessaire car l’ancienne a échoué, du fait des hommes.

Jérémie constate que son peuple est incapable d’obéir à l’Eternel.

Il lui parait même incapable de se convertir : « Un Ethiopien peut-il changer de peau ? Une panthère de pelage ? Et comment pouvez-vous bien agir, vous les habitués du mal ? » affirme-t-il.

D’ailleurs, peu après cet oracle, le roi Yoyaqîm brûlera le rouleau des prophéties de Jérémie, refusant ainsi d’être mis en cause.

Un point de non retour est atteint.

Il ne s’agit plus de rafistoler des liens distendus.

Une nouveIle alliance est nécessaire et I’EterneI prévient : Elle sera différente de l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte.

En quoi cette nouveIle aIliance est-eIle si différente ?

 

Première différence : l’alliance est asymétrique.

SeIon Jérémie, l’alliance antérieure a été rompue parce que Ie peupIe hébreu Iui a été infidèIe.

AIors Dieu reprend l’initiative.

II n’exige pIus que Ies croyants Iui soient fidèIes et obéissants.

C’est Iui, d’abord, qui se tourne vers eux, qui Ies aime, qui Ies sauve, indépendamment de Ieurs mérites.

Jésus incarnera cet amour inconditionneI de Dieu.

Il le prêchera, il le mettra en pratique.

En acceptant de mourir sur la croix, il prouvera que rien ne peut empêcher Dieu de se tourner vers nous, rien, pas même ce mal qui est en nous, pas même la croix.

Si, dans notre Eglise, nous baptisons des enfants, qui n’ont rien demandé, rien mérité, c’est justement parce que Dieu se tourne vers eux sans condition.

Bien sûr, nous espérons qu’un jour, nos enfants répondront par la foi et que cette foi irriguera l’ensemble de leur vie. Mais quoi qu’iI en soit, Dieu les aime.

2ème nouveauté : Dieu inscrit sa volonté en nous.

Dieu prend acte de notre incapacité à vivre en paix les uns avec les autres, à nous pardonner, à vivre en harmonie avec nous-mêmes.

Bref, Dieu prend acte de notre incapacité à suivre sa volonté.

Alors, par son Esprit, il inscrit sa volonté en nous : je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être; je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi »

Ce renouvellement intérieur fait écho aux prophéties d’Ezéchiel : Je mettrai en vous un esprit neuf; je leur enlèverai du corps leur coeur de pierre et je leur donnerai un coeur de chair, afin qu’ils marchent selon mes lois, qu’ils gardent mes coutumes et qu’ils les accomplissent. Ils seront mon peuple et je serai leur Dieu.

Les protestants appelleront « sanctification » ce travail de Dieu en nous, ce renouvellement de notre être, tel un tableau dont l’éclat originel a été voilé et qui, patiemment, est restauré et retrouve ses couleurs, sa beauté.

Cette promesse ne nous rend pas passifs.

Dieu agit en moi, malgré mes limites, mes failles, mon manque de foi.

Mais il m’appartient de refuser certains choix qui m’éloignent de lui.

Il m’appartient de désencombrer ma vie des préoccupations stériles et des divertissements ineptes.

Il m’appartient de laisser de la place à Dieu, de le laisser travailler au plus profond de mon être, de le laisser visiter tous les recoins de ma vie pour qu’il y apporte sa lumière.

Troisième nouveauté : l’unité.

«Tous me connaîtront » dit le Seigneur.

L’alliance n’est plus réservée à un peuple, au sens culturel du terme.

Elle s’ouvre à l’universel.

Désormais, tous ceux qui le désirent font partie du peuple de Dieu.

De même que Dieu est un, il nous unifie.

Le Talmud de Babylone reprend cette idée : « le Saint, béni soit-il, a dit à Israël : vous m’avez fait une réalité unique, précieuse et aimée dans le monde car il est écrit : Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est un. Eh bien, moi je ferai de vous une réalité unique dans le monde ».

Les peuples de la terre conservent des usages, des langues, des cultures différents et c’est heureux mais ils trouvent leur unité dans la présence de Dieu.

L’humanité est une car les humains sont spirituellement membres d’une même famille. Il est bon de le rappeler en ces temps de crispations identitaire, communautaire et nationaliste.

Mais l’unité est également intérieure.

Parfois, nous ressemblons à ces dessins de cochons, dans les charcuteries, où l’animal est divisé en différentes parties : côtes, jarret etc.

Nous sommes divisés.

Il y a mon être social, mon être conjugal, mon être spirituel, mon être professionnel et ces éléments sont aussi distincts que les morceaux du cochon.

L’alliance avec Dieu me donne mon unité.

Je suis « un » car tout mon être est orienté vers Dieu: mon couple, ma vie de famille, mon travail, mes engagements dans la société, ma vie spirituelle.

Tout est tourné vers Dieu et par lui, tout est relié.

Oui, chacun de nous, est au bénéfice de cette nouvelle alliance.

Désormais, Dieu prend l’initiative.

Il agit en vous et vous renouvelle.

Il vous intègre dans cette vaste famille des enfants de Dieu.

Il vous unifie intérieurement.

Alors, réjouissez-vous

Amen !