Un verre d’eau froide !

EGLISE PROTESTANTE UNIE d’Argenteuil, Asnières , Bois Colombes , Colombes

le 16 août 2020 Pasteur Denis Heller

Matthieu 10 v 40 à 42       Un verre d’eau froide !

« Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.

Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste.

Et quiconque donnera seulement un verre d’eau froide à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense »

« En prévision des fortes chaleurs, nous vous recommandons de prévoir de l’eau pour toute la durée de votre voyage et dans le contexte de risque sanitaire, nous vous demandons d’être attentifs aux personnes âgées et sensibles  qui voyagent à vos côtés » fin de citation. Voici le message que je recevais par mail la semaine dernière, de la SNCF alors que je m’apprêtais à faire un aller et retour en province, pour la visite pastorale d’une personne hospitalisée.

Il est vrai que nous venons de traverser une période de grosses chaleurs à plus de 40 degrés, semblable pour celles et ceux qui s’en souviennent, à la canicule de 2003 qui avait provoqué bien des dégâts au niveau des cultures agricoles et sur le plan sanitaire. Nous étions cette fois ci mieux préparés, avec cette recommandation maintes et maintes fois fois répétée, de boire, de boire régulièrement un verre d’eau fraîche. Des recommandations suivies à la lettre en particulier, dans les maisons de retraite auprès des personnes âgées, qui n’ont pas toujours le sentiment d’avoir soif.

Boire régulièrement un verre d’eau fraîche, pour éviter le mal de tête, les yeux secs, la déshydratation.

Une recommandation à inscrire dans nos esprits, dans ces périodes de canicule et voilà que le texte biblique lu en Matthieu 10 parle de verre d’eau fraîche, il faudrait parler plutôt de coupe d’eau fraîche, car le verre en tant que tel que nous connaissons, n’existait pas encore. Je relis : » Et quiconque donnera seulement un verre d’eau froide  à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité il ne perdra point sa récompense » Fin de citation.

Un passage dans lequel Jésus souligne l’importance , la valeur d’un verre d’eau froide ; cela peut sembler peu de chose, que de donner un verre d’eau froide. Cela peut sembler insignifiant, dérisoire, une goutte d’eau dans la mer , c’est le cas de le dire ! et pourtant cela transforme la vie, soutient la vie, donne la vie. Et nous en savons quelque chose en ces périodes de grande chaleur. Combien il est bon de boire de l’eau fraîche lorsque nous sommes assoiffés, déshydratés. C ‘est comme si nous revivions, nous ressuscitions, nous reprenions vie !

D’ailleurs cela ne se refuse jamais. Vous savez peut être que la loi française impose à tout café de donner gratuitement un verre d’eau à celui qui le demande, sans faire payer. Un des derniers gestes de gratuité !! Vous savez aussi peut être que dans le désert, où l’eau est si rare et si précieuse, on ne refuse jamais de l’eau à celui qui a soif qui n’a plus à boire ; c’est vital, c’est précieux. Boire un verre d’eau fraîche gratuitement, pour celui qui a , c’est comme un signe de grâce, un moment de grâce.

Il reçoit gratuitement ce qui lui est donné. Et cela le fait vivre et le remplit de plénitude, un geste d’évangile !

Lorsque Jésus prononce ces paroles, il s’adresse à ses disciples qu’il envoie en mission pour annoncer l’Evangile dans les villes de Judée et de Galilée. »Allez prêchez et dites le Royaume des cieux est proche, ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures .. Vous avez reçu gratuitement, donner gratuitement »

Des hommes envoyés pour témoigner de l’amour de Dieu dans ces régions de Palestine, au climat méditerranéen , chaud , ensoleillé , où la température souvent avoisine 35 à 40 degré, où le paysage est parfois désertique, par manque d’eau.  Imaginez , après une longue marche harassante de toute une journée sur les chemins poussiéreux et rocailleux de Judée et de Galilée, où le soleil tape et écrase de sa chaleur , pas d’aire de repos ou d’autoroute le long de ses chemins ! , combien il est bon et précieux de se désaltérer avec un verre d’eau froide offert. Cela requinque ; revigore ! Régénère !!

Alors Jésus loue, honore, rend grâce pour celles et ceux qui sont capables d’un tel geste , gratuit , généreux, humain, simple mais vivifiant. De l’eau froide offerte, donnée qui aura demandé du travail , des efforts, de l’attention à l’époque de Jésus. Ce n’est pas comme aujourd’hui, où il suffit d’ouvrir l’eau du robinet et de laisser couler l’eau quelques instants pour qu’elle devienne fraîche,

pour ensuite la donner. A cette époque , il fallait aller au puits parfois loin, un puits d’eau claire et bonne car l’eau n’était pas toujours buvable, puiser parfois profondément, puis la garder précieusement dans des cruches pour la conserver à la fraîcheur.

Un geste banal porteur de vie, signe de grâce que Jésus met en exergue.

Deux ou trois remarques sur ce geste du don du verre d’eau qui peuvent rejoindre notre vie au quotidien et notre vie de foi.

Vivre de l’Évangile, j’oserais dire est  d’une simplicité évangélique. Il ne nous est pas demander tout compte fait, de grandes actions, des projets démesurés, grandiloquents, extravagants, extraordinaires. L’Evangile se vit dans des gestes du quotidien, dans la banalité des jours. Des gestes simples, humains, fraternels, solidaires, parfois si secrets et si discrets qu’on ne les voit pas et pourtant ils transforment la vie.

 Le don d’un verre d’eau, le don d’un sourire, le don d’une parole de réconfort, le don d’une écoute attentive, le don d’une invitation, le don d’une aide au moment opportun, le don d’une présence, le don d’un coup de pouce , ces attentions portées aux autres dans l’ordinaire de la vie.

 L’Évangile ne nous demande pas l’extraordinaire mais un ordinaire transformé par des gestes d’attention, de gratuité, de don qui font vivre et régénèrent.

Les pratiquer c’est servir le prochain, c’est servir le Christ lui même. C’est Lui qui nous le rappelle dans ce passage « celui qui vous reçoit me reçoit dit il »  Il dira ailleurs «  celui qui rend visite aux prisonniers, aux malades qui donne à boire, donne à manger. Toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un des plus petits c’est à moi que vous ne les avez pas faites »

Vivre de l’Évangile concrètement passe à travers ces gestes d’aide et d’entraide de tous les jours, dans la banalité du quotidien. C ‘est ce à quoi Dieu nous appelle.

Mais si nous sommes appelés à pratiquer,  à la suite de Jésus de tels gestes qui sont signes du Royaume , signes de grâce, c’est que Jésus lui même est pour nous cette eau vive, ce verre d’eau froide, cette source d’eau jaillissante. En effet ce verre d’eau offert qui fait vivre renvoie à l’eau du baptême, symbole de la vie nouvelle. Jésus s’offre à nous pour désaltérer nos soifs intérieurs, nos soifs d’être, de vivre, d’aimer et d’être aimé. Il est ce verre d’eau fraîche qui abreuve.

Peut être avez vous eu connaissance d’un des derniers livres de la romancière Amélie Nothomb, romancière de renom , un livre intitulé « Soif » ?

Un roman de fiction où elle fait parler Jésus. Elle l’imagine la veille de sa crucifixion, dans ses pensées, ses réflexions sur la vie , la mort, l’amour, sur le sens de Dieu, le sens de l’éternité, le sens de la vie , la soif d’être et de vivre pleinement qui devrait habiter tout humain.
Et voilà ce qu’elle lui fait dire sur la soif ; je cite : «  Il y a des gens qui pensent ne pas être des mystiques ( je traduis à ma manière « qui pensent ne pas avoir le sens de Dieu ») ; ils se trompent. Il suffit d’avoir crevé de soif un moment pour accéder à ce statut ; Et l’instant ineffable où l’assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d’eau , c’est Dieu. C’est un instant d’amour absolu et d’émerveillement sans bornes. Celui qui le vit est forcement pur et noble aussi longtemps que cela due . Je suis venu  enseigner cet élan, rien d’autre. Ma parole est d’une simplicité telle qu’elle déconcerte . …. (puis un peu plus loin) Ne buvez pas le gobelet d’eau d’un trait ; Prenez une seule gorgée d’eau ; mesurez cet émerveillement, cet éblouissement , c’est Dieu » Fin de citation.

Un sentiment de gratitude, de reconnaissance, de plénitude de vie, de grâce face à ce qui est donné de boire.

 Le Christ dira de lui même dans une belle rencontre  qu’il a avec la Samaritaine » Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». Par sa présence, par son amour, par son Esprit, par sa Parole, par ses bienfaits, il est cette eau vive.

Chers amis, vous connaissez l’expression « Vivre d’amour et d’eau fraîche ». Elle est souvent utilisée en négatif pour dénoncer et critiquer quelqu’un qui s’illusionne et qui n’a pas le sens des réalités. On lui dit : «  La vie ne consiste pas à vivre d’amour et d’eau fraîche !! »

Et si nous renversions au contraire la formule.

Et si vivre, vivre en plénitude, vivre l’Évangile, vivre avec le Christ, c’était justement vivre d’amour et d’eau fraîche, les pieds bien campés au sol.

Vivre de l’amour et de l’eau fraîche reçus de Dieu , un amour et une eau fraîche alors à partager , à répandre, à donner , à faire connaître aux autres de manière, concrète et réaliste.

Amen