Qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je ?

Dimanche 25 novembre 2018 Culte à Bois-Colombes, avec Cène

Lecture Jean 1, 1-18.

Prédication :

Ah, le prologue de l’évangile de Jean. …

Lumière qui surgit au milieu des ténèbres qui n’ont pas de prise sur elle

Parole créatrice de vie, prélude à la gloire du fils unique qui dévoile le Père.

Un poème, un chant : véritable hymne à la vie. …

Un prologue au récit d’Évangile qui, plus qu’une simple introduction, en donne déjà, au fond, le message fondamental. Un texte fondamental, donc, qui veut et qui peut répondre à toutes les questions que nous nous posons sur nous: sur le monde, sur la vie… et sur Dieu…

Quoi de mieux pour un culte de de fin novembre … avant d’entre dans le temps de l’Avent?!…

Je crois qu’on peut résumer nos questions existentielles avec celles-ci :

Qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je ?

Et la dernière : y a-t-il un Dieu ?

Les humoristes se sont bien amusés avec ces questions :

« Moi, je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne… »

… et ajoutent volontiers cette question tout à fait existentielle :

« A quelle heure on mange ? »

 

Restons-donc sur nos questions existentielles, qui, au fond, se résument à la recherche de sens et la question de l’identité.

Qui suis-je? Qu’y avait-il avant moi? Et, pourquoi suis-je né ?

En résumé : Quel est le sens de ma vie ?

Les enfants, les adolescents se posent ces questions très fortement, et c’est passionnant (même si cela peut parfois aussi être un peu fatiguant!!) quand on est père ou mère ou pasteur! …

C’est une source de vie et de vitalité pour eux comme pour nous qui nous permet de rester connecté à la vie, la vraie, pleine de vitalité… le battement du cœur est dans le questionnement, non pas dans les réponses !

À l’âge adulte, il arrive qu’on ne prenne plus le temps de se reposer ces questions, pris par le travail, les responsabilités et les contraintes de la vie.

Toutefois, quand survient un accident, une épreuve personnelle, alors ces questions reviennent, parfois avec violence.

Quel est le sens de la vie, de ma vie, de la vie de ceux qui m’entourent ?

 

Au commencement était la Parole et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement auprès de Dieu.

Tout est venu à l’existence par elle, et rien n’est venu à l’existence sans elle (Jean1,1-3).

Voici la première réponse : si nous existons, c’est par la volonté de Dieu qui crée par la Parole.

Si nous existons, c’est que Dieu a désiré notre venue

Tout est venu à l’existence par elle. Par sa Parole créatrice de vie. …

Ce n’est pas un hasard que le Prologue de Jean évoque, dès ses premiers versets, le récit de la création en tout début de notre Bible!

Oui, Dieu a désiré notre existence, à chacun personnellement, et tous ensemble.

Reconnaître ce désir à l’origine de notre vie, en prendre conscience, peut tout changer.

Même si nos parents n’ont pas su ou pas pu nous aimer, un Autre nous a désirés et aimés, un Autre a souhaité notre existence.

 

Découvrir cette volonté de vie à l’origine de notre propre vie peut tout changer, a tout changé…

L’être humain n’a plus besoin de perdre son temps, son énergie, à chercher une reconnaissance.

Il n’a plus besoin de se perdre dans des ambitions effrénées, ou des trafics malhonnêtes par désir de puissance.

Il est reconnu par Dieu dès avant sa naissance !

L’homme cherche toute sa vie, et souvent en vain, un amour parfait, absolu, alors que dès la création du monde, cet amour lui est donné, dès le commencement.

 

Qui suis-je ?

Je suis enfant de Dieu, voulu, désiré, aimé par Dieu.

Et ceux qui m’entourent également, puisque rien de ce qui fut ne fut sans lui, sans la Parole de Dieu.

S’il nous est difficile parfois de reconnaître que nous sommes aimés, fût-ce par Dieu, il nous est encore plus difficile d’accepter que Dieu ait voulu l’existence de tous, et surtout, n’en doutons pas, de ceux que nous avons tellement de mal à supporter (et je ne parle même pas d’aimer !).

Parfois, il nous arrive de penser que, vraiment, il y a de grosses erreurs dans la création de Dieu !

Pourtant, si nous prenons au sérieux cette présence de Dieu dans toute la création, alors c’est toute notre vision du monde qui en est transformée.

Ceux que nous côtoyons, ceux que nous croisons, les hommes et les femmes qui sont mis sur notre route sont tout autant enfants de Dieu que nous-mêmes.

Beaucoup d’entre eux l’ignorent.

Certains sont fascinés par le pouvoir, d’autres sont envahis par la méchanceté, d’autres encore luttent seulement pour survivre.

Mais à tous la même promesse est faite : le désir de Dieu est à l’origine de leur naissance et l’amour de Dieu est un horizon possible de leur vie.

Cette promesse ne se résume pas à l’humanité.

C’est la création toute entière qui est concernée par la volonté de Dieu : animaux et nature ne peuvent pas être ignorés, détruits ou exploités.

Car « rien n’est venu à l’existence sans elle » (v.3a)

La réalité toute entière est l’expression de la volonté et de la créativité de Dieu.

En elle était vie, et la vie était la lumière des humains, (v.4)

Le don de la vie n’est pas un cadeau empoisonné.

Cette vie a un sens : elle est lumière !

 

Nous avons chacun à témoigner de cette lumière les uns pour les autres, lumière pour le monde.

Quelle formidable reconnaissance, quelle responsabilité et quelle mission !

Avec Dieu, pas de chômage, nous sommes tous nécessaires et indispensables.

Ne mettons pas notre lumière sous le boisseau…

Et quand nous voyons cette vie se transformer en enfer pour tant d’hommes et de femmes, quand nous entendons des discours qui cherchent à diviser les humains, quand nous sommes témoins d’actes qui déshumanisent ceux que Dieu lui-même nous donne comme frères et sœurs, nous avons la responsabilité de dire haut et fort : toute l’humanité a été voulue par Dieu, dans sa diversité.

 

Les richesses du monde sont à partager entre tous et chacun doit avoir une vie digne.

Si nous habitons un pays riche et en paix, nous avons le devoir de l’ouvrir à ceux qui fuient la guerre et la famine. La vie est lumière et non enfer.

Nous avons les moyens de faire briller cette lumière pour ceux que nous croisons. Chacun là où il est. Oui, nous le pouvons.

A tous ceux qui disent que oui, peut-être, la vie est lumière, mais seulement pour certains, qui seraient nés dans la bonne partie du monde, à tous ceux là, nous nous devons de dire : la vie est lumière pour tous, et nous avons la responsabilité de conduire tout homme à la lumière.

Mais je m’égare. Reprenons nos questions :

Qui suis-je ? Je suis enfant de Dieu.

D’où viens-je ? Je suis né du désir de Dieu de donner la vie.

Où vais-je ? Je suis appelé à faire briller la vie, qui est lumière des hommes.

Par contre, je ne sais toujours pas à quelle heure on mange, c’est vrai…

Et pourtant… nous trouvons dans ce texte une véritable parole d’incarnation qui nourrit notre faim de vie et comble notre soif d’aimer et d’être aimé :

            « La Parole est devenue chair ; elle a fait sa demeure parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire de Fils unique issu du Père ; elle était pleine de grâce et de vérité », (v.14)

Depuis plus de 4000 ans, chante le cantique, les prophètes l’annonçaient. Depuis des siècles des hommes de foi avaient mis par écrit les promesses de Dieu et son désir de vie pour toute l’humanité.

Mais ces textes ne suffisaient pas à faire comprendre aux hommes comment orienter leur vie.

Alors Dieu est venu lui-même, la Parole s’est faite chair, « elle a fait sa demeure parmi nous ».

Littéralement, « elle a campé » parmi et avec nous.

La Parole incarnée de Dieu a plantée sa tente à côté de la nôtre, … est même devenue un des nôtres et a enfanté notre vie… pour chanter pour nous et avec nous l’hymne à la vie, …

La Vie avec un grand « V », la Vie en plénitude, la « vie éternelle », comme l’appelle la Bible, cette Vie que nous offre la Parole depuis la nuit des temps et jusqu’à la fin de tous les temps….

Dieu, par sa Parole incarnée – en l’homme Jésus de Nazareth, a ainsi montré de quelle manière on peut renoncer au pouvoir et à la violence.

Il a montré dans sa vie l’accueil inconditionnel de chacun, homme ou femme, jeune ou vieux, malade ou bien portant, riche ou pauvre.

L’invincible puissance d’amour de Dieu en Christ transforme, guérit et sauve ceux qui se laissent toucher.

Personne n’a jamais vu Dieu. Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé.

 

Pasteur Andréas Seyboldt

Amen.