Noé : l’Alliance de Dieu.

Lectures :  Genèse 8, 1 – 9, 17, Noé : l’Alliance de Dieu.

Prédication :  

Voilà la fin du Déluge !

« Dieu se souvint de Noé… Dieu fit passer un souffle sur la terre et les eaux s’apaisèrent » (Gen8v1). … Nous entendons peut-être ici, comme en écho, le récit de la « tempête apaisée » : Interpellé par ses disciples à bord d’une barque menacée par la tempête qui s’est jeté sur eux, Jésus « se leva, rabroua les vents et la mer, et un grand calme se fit » (Mt.8v26).

Ce n’est pas le seul lien entre l’épopée de Noé et les Évangiles ! Nous y reviendrons…

Revenons un instant en arrière : Noé avait « trouvé grâce aux yeux du SEIGNEUR » (Gen6v8), car considéré par Dieu comme « seul juste … au sein de cette génération » (Gen7v1), non pas parce qu’il aurait été, moralement, meilleur que les autres… il est et reste aussi, comme tous les humains, marqué par le fléau de la violence : « …car la terre est pleine de violence à cause d’eux » (Gen6v13).

Mais si Noé est considéré comme « juste », c’est qu’en son temps et dans sa génération, il était le seul à avoir écouté le SEIGNEUR, le seul à être en chemin avec Dieu : « Noé marchait avec Dieu » (Gen6v9), à être en dialogue avec Dieu, à écouter et à répondre à Sa Parole.

C’est pour cela que Dieu l’avait mis dans la confidence : « Alors Dieu dit à Noé : La fin de tous est arrivée, je l’ai décidée… » (Gen6v13).

Et c’est pour cela aussi que Dieu l’avait, ensuite, chargé de construire une « arche » pour échapper au Déluge, avec sa famille et un couple de chaque espèce d’animal.

Rappelons-nous au passage, que Dieu n’avait finalement pas mis en œuvre sa décision d’anéantir la création : avec la complicité de Noé, IL s’est arrangé pour laisser entrouverte une « porte de secours » (nous l’avions évoqué dimanche dernier déjà). …

Il est, d’ailleurs, curieux – et même touchant – d’observer comment Dieu s’est assuré personnellement que tous les passagers de l’arche soient bien à l’abri de la catastrophe : une fois Noé rentré dans l’arche, avec sa famille et tous couples d’animaux choisi, « …le SEIGNEUR ferma la porte sur lui » (Gen7v16).

Arrêtons-nous encore un instant sur ce drôle d’embarcation que représente cette arche. Le mot en hébreu est le même que celui qui désigne la « caisse de papyrus » que la mère de Moïse fabrique pour sauver son fils des eaux du Nil – et surtout de la mort décidée par le pharaon à l’encontre des garçons hébreux ! … Et, en effet, l’arche de Noé ressemble plus à une grande caisse carrée qu’à un bateau : Au chapitre précédent (chapitre 7), Dieu en avait donné les mesures d’une exactitude étonnante, une sorte de « mode d’emploi » – ou « plan d’assemblage » d’un kit de meubles Ikea ! Comme s’IL voulait en faire un modèle à reproduire aussi pour d’autres acheteurs potentiels…

Il s’agit, effectivement, d’une arche « sur mesure ». Sa disposition en trois étages correspond, en effet à l’architecture générale du temple (cf.1Rois6v6). L’arche est un Temple nageant sur l’eau.

Le Temple (nous dirions aujourd’hui l’église ou la salle de culte) comme lieu où l’humain se trouve en dialogue avec son Créateur. Où l’humain prend conscience qu’il doit sa vie – et même sa survie, face aux déluges et autres menaces de l’existence – à la Parole que Dieu lui adresse.

Parole qui l’invite à entrer, toujours de nouveau, en dialogue avec Dieu – et avec ses semblables, sœurs et frères humains. …

Par ailleurs, les Pères de l’Église n’ont pas manqué de faire le parallèle entre l’arche de Noé et l’Église : elle peut, en effet, s’identifier à cette arche ballottée, bousculée par les tempêtes du monde. Elle a souvent été symbolisée sous les traits d’une barque, dont le mât avait la forme d’une croix. … C’est sur cette barque que se trouvent embarqués Jésus et ses disciples dans le récit de la « tempête apaisée » dont nous avons parlé tout à l’heure ! …

Revenons au Déluge dont la fin est, enfin, en vue « au bout de 40 jours » (Gen8v6)[1]. Dans la Bible, le chiffre 40 fait, en plus, penser à la traversée du désert du peuple hébreu en 40 jours. Dans les Évangiles, il évoque les 40 jours de Jésus dans le Désert pendant lesquels il a été mis à l’épreuve par le tentateur.

Cela nous indique deux points importants : un temps d’épreuve peut être une véritable traversée de désert ou de tempête. Mais il reste limité dans le temps : « Dieu se souvint » (cf. Gen8v1) – et surtout, IL est et reste présent avec nous – comme le Christ dans la barque avec ses disciples et comme Noé dans l’arche qui représente le temple : lieu de présence de Dieu dans l’AT. …

« Au bout de 40 jours Noé ouvrit la fenêtre… » (Gen8v6) et envoie, successivement un corbeau, puis une colombe. Ainsi faisaient les marins de l’Antiquité qui emmenaient des oiseaux à bord pour connaître la direction et la distance des terres. La colombe symbolise dans le NT « l’Esprit de Dieu » qui descend sur Jésus au moment de son baptême.

Le « frais rameau d’olivier » (Gen8v11) qu’elle rapporte en son bec est le signe de la paix de Dieu qui met fin à l’hostilité et la menace du Déluge…

La fin du Déluge est aussi marquée par l’Alliance que Dieu propose à Noé et à sa descendance. Une alliance unilatérale : c’est Dieu seul qui en a l’initiative et Lui-seul aussi qui s’y engage – sans demander aucune contrepartie à Noé : cette Alliance n’est pas conditionnée par un engagement demandé aux humains ! Mais elle est accompagnée d’une exhortation qui leur est adressée et qui les appelle à respecter le sang, c’est-à-dire la vie des êtres vivants, humains et animaux !

L’Alliance que Dieu propose aux rescapés du Déluge est, de fait, une promesse : la promesse solennelle de ne plus envoyer de Déluge ou autre malédiction sur la terre – tout en constatant l’impossibilité des humains d’éviter la violence :

« Certes, le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait » (Gen8v21).

Cette promesse contient donc une concession que Dieu fait aux humains et qui se traduit aussi par l’autorisation désormais accordée d’inclure dans leur nourriture la viande : « Tout ce qui remue et qui vit vous servira de nourriture comme déjà l’herbe mûrissante, je vous donne tout » (Gen9v3).

L’Alliance de Dieu faite à Noé a comme signe l’arc-en-ciel. Elle sera, à la fois, confirmée, prolongée et approfondie par l’Alliance que Dieu nous offre en Christ crucifié et ressuscité.

En lui, Dieu abolit, une fois pour toutes, la violence : en la personne du Crucifié, Dieu s’est désolidarisé définitivement à toute forme de violence et de punition que les humains pourraient exercer en son nom à d’autres humains !

En la personne du Ressuscité, Dieu proclame tout aussi définitivement la victoire sur la mort : désormais, ce n’est plus la mort qui a le dernier mot sur la vie humaine, mais l’Amour de Dieu : « Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, … ni le présent ni l’avenir, … ni les puissances, … ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ » (Rom8v38-39).

 Amen. Pasteur Andréas Seyboldt


[1]     Selon un autre verset « les eaux diminuèrent au bout de 150 jours » (Gen8v3) seulement. Comment expliquer cette différence des chiffres ? Le récit biblique du Déluge a, en fait, été transmis par deux narrateurs différents, l’un indique la durée avec 150 jours, l’autre avec 40. Le rédacteur final de notre récit a gardé les deux chiffres qui, au fond, veulent dire la même chose : une durée, à la fois  longue et limitée dans le temps !