Mise en quarantaine

Matthieu 4 v 1à 11

Voici le récit d’une mise en quarantaine, d’une mise à l’écart, d’une mise à l’épreuve de Jésus au désert.  Une vraie mise en quarantaine de 40 jours et non pas la quarantaine de 14 jours, à laquelle les personnes suspectées d’être atteintes par le Coronavirus sont contraintes.

Mise en quarantaine que les Églises Chrétiennes sont invitées en quelque sorte à vivre en cette période de Carême , de 40 jours avant Pâques  et qui commence en ce premier dimanche de Carême.

Mais entendons-nous bien ! Il ne s’agit pas de se morfondre, ni de se faire souffrir volontairement, ni de se priver, ni de se sacrifier, ni de s’imposer des prescriptions alimentaires ou vestimentaires draconiennes . Ce n’est pas trop du style du protestantisme ! , comme si la souffrance était bénéfique, comme si par nos pratiques nous pouvions faire venir la grâce !

La mise en quarantaine qu’elle soit choisie ou imposée, permet une mise à l’écart, une mise à distance, une coupure avec la vie habituelle.

Jésus dans le désert est seul, dans le dénuement et le dépouillement. Moment de vérité et de lutte pour lui.

Cette mise en quarantaine au désert est pour lui un vrai combat, une véritable épreuve qui le confirme dans sa mission et son identité de Fils de Dieu. Cette mise à l’épreuve le rattache à l’essentiel, à savoir l’attachement à la Parole de Dieu son Père ; elle le détourne des séductions de l’avoir, du pouvoir et de l’illusoire.

En ce sens, le Carême qui nous oriente vers Pâques peut être de l’ordre de ce cheminement intérieur , de cette mise en quarantaine spirituelle. Une quarantaine pour nous aider à voir plus clair sur ce qui nous encombre, nous alourdit inutilement, pour nous faire prendre conscience de ce qui est secondaire et accessoire et nous faire redécouvrir ce qui est essentiel.

Une mise en quarantaine intérieure, pour nous alléger de fardeaux et de besoins inutiles, de richesses et d’obligations encombrantes, pour ainsi devenir plus libres, plus simples, plus disponibles à l’autre, aux autres, à l’imprévu, à l’urgence, à la présence du prochain.

Un travail personnel intérieur sous le souffle de l’Esprit Saint qui évite de tout ramener à soi-même sans pour autant s’oublier soi-même, qui favorise le désencombrement de soi-même pour l’ouverture à Dieu, aux autres , au partage.

Jésus dans son parcours au désert est conduit par l’Esprit de Dieu et tenu par sa Parole. Une quarantaine, 40 jours de mise à l’épreuve et de préparation qui seront suivis du début de son ministère, fait de paroles de pardon et d’actes de libération et de guérison. La quarantaine, au sens propre du terme, est souvent imposée pour des raisons sanitaires ; c’est le cas avec l’épidémie du coronavirus.

La période du Carême, que propose les Églises Chrétiennes, sollicite une démarche personnelle et spirituelle choisie, qui vise une quarantaine intérieure ; cela pour nous désencombrer de ce qui nous empêche de vivre une pleine solidarité et fraternité les uns avec les autres.

Le Carême est ainsi un temps  favorable pour prendre conscience de nos richesses et de nos pauvretés, à la lumière des richesses et des pauvretés  de ceux qui nous entourent.

En ce dimanche d’AG de l’Entraide, prendre un tel chemin, vivre une telle démarche ne peut que nous sensibiliser à l’action de l’Entraide.

Amen

Pasteur Denis Heller