Les trésors de la foi (10 août 2014)

Prédication du dimanche 10 août 2014

Texte biblique : Hébreux 11 (et Matthieu 17,14-20)

Irina a 10 ans. Elle ressent en elle une grande foi. Elle est prête à donner sa vie à Dieu. Elle le prie, elle l’écoute. Seulement, elle constate que sa foi n’est guère partagée par ses camarades de classe. Alors, elle se sent un peu honteuse. Devrait-elle renoncer à aimer Dieu de peur d’être rejetée ?

Pierre a 25 ans. Jeune ingénieur, il se souvient avec tendresse de sa foi d’enfant, de ses prières, le soir, sur l’oreiller. Aujourd’hui, il n’arrive plus à concilier les textes bibliques avec une lecture scientifique du monde.

Isabelle a 40 ans. Elle adhère au message moral du christianisme et admire Jésus. Mais la foi lui semble superflue. Quant à participer à la vie d’une Eglise, elle ne le souhaite pas car les « chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres ».

Jacques a 65 ans. Au fil des ans, il s’est peu à peu éloigné de la foi de ses ancêtres. C’est sûrement un réconfort pour les gens qui vont très mal, mais moi, dit-il, je n’ai pas besoin de cette béquille.

Irina, Pierre, Isabelle et Jacques : quatre personnages inventés, mais quatre motifs bien réels de prendre ses distances avec la foi en Christ : parce qu’elle nous rend différents des autres, parce qu’elle se heurte à la science, parce qu’elle ne nous rend pas meilleurs, parce qu’elle est inutile à tout humain qui va raisonnablement bien.

Alors, pourquoi la foi ? Quels en sont les trésors ?

D’abord, accordons-nous sur le sens du mot « foi ». Quelle définition en donnez-vous ?

Voici ce qu’en dit l’auteur de la lettre en Hébreux ; nous l’avons entendue mais je vous la relis : « La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas ».

Cette définition est très belle, très profonde mais plutôt paradoxale.

Comment être sûr de ce qu’on ne voit pas ?

Comment posséder déjà ce que l’on n’a pas encore ?

L’auteur veut ici attirer notre attention sur quatre trésors de la foi : la confiance, la connaissance et l’espérance, la rencontre avec Dieu.

D’abord la confiance.

Je ne peux voir Dieu ; pourtant, j’ai crois qu’il se tient près de moi.

Je ne peux prouver son pardon pour moi ; pourtant, je crois qu’il me pardonne et j’en vis.

Je n’ai jamais rencontré un ressuscité ; pourtant, je crois qu’après ma mort, je serai auprès de Dieu.

Qu’est-ce qui me donne une telle assurance ?

La confiance.

Il n’y a pas de foi sans confiance, ni d’ailleurs, je le crois, de confiance sans foi.

Foi et confiance sont indissolublement liées.

D’ailleurs, en français, le mot « foi » a donné le mot « confiance ».

Se faire confiance, c’est avoir foi, l’un pour l’autre.

D’autres mots viennent du mot « foi » : « fidélité » ou « fiancé ».

Avoir foi en Dieu, c’est lui faire confiance, c’est unir ma vie à la sienne comme deux fiancés, sur une seule parole échangée, sue unr promesse, sans preuve, sans assurance.

Deuxième trésor, la connaissance : « Connaître des choses qu’on ne voit pas ».

Par la foi, j’en sais plus et sur Dieu et sur moi.

Par la foi en Jésus-Christ, je sais qui est Dieu pour moi : je sais qu’il veille sur moi comme un berger, je sais qu’il m’aide à grandir comme de bons parents le font avec leurs enfants, je sais qu’il est amour.

La foi en Christ m’aide également à mieux me connaître.

Par la foi, je découvre que je ne suis ni un surhomme ni un sous-doué mais un enfant de Dieu.

En méditant les psaumes, je me vois, comme en miroir, avec ma confiance, mes sentiments de haine, mon souci de venir en aide, ma soif d’aimer, mes préjugés.

Enfin, par la prière, la méditation, je prends du recul par rapport à ma propre vie.

Lorsqu’un peintre est au travail, il doit régulièrement s’arrêter, faire quelque pas en arrière et regarder son œuvre.

Un joueur d’échecs est toujours plus lucide quand il regarde une partie que lorsqu’il joue.

Par la prière, je prends de la hauteur, du recul ; je deviens plus clairvoyant sur moi et ma vie.

Troisième trésor de la foi : l’espérance.

Avoir l’espérance, c’est connaître l’avenir et commencer à en vivre, dès maintenant.

Je sais que Dieu m’accueillera auprès de lui, après ma mort. Dès maintenant, je vis de sa présence.

Parce que Dieu l’a promis, je sais qu’un jour, l’amour et la paix auront le dernier mot sur terre ; je le crois, je le sais malgré les apparences, malgré les actualités, malgré le terrorisme. Dès maintenant, je travaille pour la paix, le pardon, l’amour.

Celui qui adopte ce regard n’est pas un doux rêveur.

Au contraire, parce qu’il ne se laisse pas envahir par ce qu’il voit, il se donne les moyens d’agir, concrètement.

Il entend vivre dès maintenant ce qui lui a été promis pour plus tard.

Comme l’écrit Claudel : « L’espérance voit et aime ce qui n’est pas encore et qui demain sera tout ».

Cette année, enfants et adultes, nous allons suivre l’Evangile selon Luc.

Avec son Evangile et les Actes des apôtres, Luc raconte la naissance des premières communautés chrétiennes.

Franchement, que pouvaient espérer ces chrétiens ?

Ils étaient quelques dizaines à suivre Jésus, ils avaient contre eux une partie des autorités juives et surtout, l’Empire romain.

Je cite quelques-uns des empereurs qui se sont succédé à l’époque et vous comprendrez la difficulté de leur tâche : Auguste (il se prenait pour dieu et exigeait que sa statue soit adorée dans le temple de Jérusalem), Claude, Caligula l’empereur fou, persécuteur des juifs et des chrétiens ; enfin Néron, incendiant Rome et tuant des chrétiens pour détourner la colère des Romains.

Que pouvaient-ils espérer ces chrétiens ? Rien !

Pourtant, parce qu’ils étaient remplis de foi et donc d’espérance, ils ont vécu leur foi, parlé de Jésus-Christ, à Jérusalem puis de part et d’autre de la Méditerranée.

Quelques générations plus tard, le christianisme s’était répandu jusqu’en Inde !

Aujourd’hui, nous sommes près de deux milliards à partager cette foi en Christ.

L’espérance a mis en mouvement ces chrétiens.

Elle peut également nous porter.

Quatrième trésor : la rencontre

La foi est comparable à l’amour entre deux humains.

Je désire former un couple, je suis disponible à une rencontre amoureuse.

Parfois, surgit le moment de la rencontre, souvent inattendue.

Alors, je me consacre à l’être aimé et j’évite tout ce qui pourrait menacer notre amour.

De même, je désire me rapprocher de Dieu, je me rends disponible à sa présence, je le prie.

A un moment, mystérieusement, une relation m’unit à Lui.

Alors, je choisis de lui laisser de la place, de lui réserver du temps pour le prier, lire la Bible, vivre en Eglise.

Un tableau illustrant ce verset a été peint au XIXème siècle par le peintre Holman Hunt.

Intitulé ‘la Lumière du Monde’, il dépeint Jésus qui frappe à la porte d’une maison.

La porte n’a pas été ouverte depuis longtemps, elle est envahie de lierre et de mauvaises herbes.

Quelqu’un a remarqué : « Il n’y a pas de poignée sur la porte. »

Le peintre a répondu : « Ce n’est pas une erreur. Il n’y a qu’une poignée, à l’intérieur».

Jésus ne force pas la porte de nos vies.

« Si tu ouvres, j’entrerai. »

Une fois que nous avons invité le Christ à entrer, il promet qu’il ne nous quittera jamais : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ».

Chers amis, avec la foi, ce qui est en jeu, ce n’est rien d’autre que notre capacité à vivre et à agir, car, comme le dit Jésus « avec une foi, grosse ne serait-ce que comme une graine de moutarde, vous déplacerez des montagnes »

Amen !