le Noël de Marc

le 10 janvier 2021 Pasteur Denis Heller

Marc 1 v 7 à 11

« 7Jean-Baptiste prêchait, disant: Il vient après moi celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers.

8Moi, je vous ai baptisés d’eau; lui, il vous baptisera du Saint Esprit.

9En ce temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

10Au moment où il sortait de l’eau, il vit les cieux s’ouvrir, et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.

11Et une voix fit entendre des cieux ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute mon affection »

Chers amis,

En ce dimanche 10 janvier 2021, grâce à l’Evangéliste Marc, nous fêtons Noël, Noël encore une fois !

C’est peut être ce que vous avez  été amenés à faire , compte tenu des restrictions sanitaires en cette fin d’année , puisqu’il ne fallait pas être trop nombreux à table !

Noël plusieurs fois, avant le 25 , le 25, après le 25 avec des personnes différentes. Chez nous compte tenu aussi des calendriers des belles familles, nous l’avons fêté  le 2 janvier !

Et bien ce matin, grâce à l’Évangéliste Marc, nous fêtons à nouveau Noël. Certes il n’ y a pas de sapin ; il n’y a pas de cadeau.

Mais Marc, le plus court des Évangiles, au style lapidaire, ne s’encombre pas de détails, ni d’apartés, ni de parenthèses , ni de considérations secondaires.

Il va droit au but. A ce titre, Marc aurait été avant l’heure, un communiquant parfait sur Twitter.

Oui, il va droit au but . Il fait court de manière simple et nous offre son Noël à lui.

C’est à dire, ce qu’il considère comme le commencement , comme la naissance, en quelque sorte la genèse de tout, à savoir le baptême de Jésus . C’est là que tout commence , à être intéressant, important, significatif, reprenons ce mot à la mode depuis le confinement, essentiel.

Pour lui, tout ce qui précède , tout ce qui se situe avant ce baptême, est, passez l’expression au sens propre du terme, de l’enfantillage ; pour lui, inutile, les récits de naissance et d’enfance de Jésus, sur lesquels on s’ attarde en cette période de Noël souvent trop longuement, au risque de faire de la foi chrétienne et de l’Évangile, un joli conte pour les enfants,  avec le petit enfant Jésus en sucre d’orge ; au risque  de faire de l’Evangile, un conte à dormir debout.

Non, avec lui , rien de tout cela ; ce n’est pas tant la biographie de Jésus , ses conditions de naissance, son enfance, sa jeunesse qui l’intéressent mais plutôt la bonne nouvelle, littéralement l’Évangile, qu’il apporte, proclame, incarne, manifeste.

Il ne veut pas se tromper de rôle . Il ne veut pas jouer aux historiens de la vie passée d’un prétendu Jésus ,  qui aurait vécu au début de notre ère. Non , il se  situe clairement en témoin, en messager, en évangéliste, proclamateur de l’Évangile.

« Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu ». C’est ainsi qu’il commence son Évangile. Puis quelques versets sur jean-Baptiste , celui qui précède et annonce la venue de Jésus-Christ. Et dés le 9éme verset de son Évangile, une information sur Jésus, au moment de son baptême, le Noël du ministère de Jésus, le Noël, la naissance, le commencement de son ministère, de l’annonce en même temps que de la manifestation du royaume de Dieu. La 1ére étape en quelque sorte de cet Évangile bonne nouvelle que l’Évangéliste Marc souhaite répandre et faire connaître.

En quoi ce Noël , à la manière de  Marc, est déjà une bonne Nouvelle ; bonne nouvelle de vie, de foi, d’espérance pour les destinataires de son Évangile et par ricochet pour nous aujourd’hui 20 siècle après ?

C’est la question que nous devrions nous poser devant toute parole, geste, enseignement de Jésus, sans oublier bien sûr sa mort et sa résurrection.

Deux remarques pour entrer dans ce Noël, si particulier que Marc nous propose.

La première , elle a trait à cette indication qu’il donne au moment où Jésus est baptisé par son cousin Jean-Baptiste.

Je lis : » Au moment où il sortait de l’eau , il vit les cieux s’ouvrir et l’Esprit des cendre sur lui comme une colombe » fin de citation.

En même temps que Jésus est baptisé, les cieux s’ouvrent et une communication se fait entre le ciel et la terre. Ciel et terre sont en lien, sont unis.

Souvenez vous du récit de Luc ; je lis encore ; «  Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant » gloire à Dieu dans les lieux  très hauts et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée. » Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur la terre.

Même image, même métaphore pour signifier qu’avec la venue de Jésus, ciel et terre se rencontrent, se rejoignent.Il n’ y aurait pas d’un côté, à tout jamais, le ciel lointain, mystérieux, inaccessible demeure de Dieu, et de l’autre côté, la terre, habitation des humains, livrés pour toujours à eux mêmes, dans leurs turpitudes, inquiétudes et incertitudes. Avec Jésus, ciel et terre se croisent, les cieux s’ouvrent. La présénce de Dieu descend au milieu des hommes. Le Royaume est proche , est là.

Le St Esprit, présence de Dieu ,souffle et force de Dieu descendent sur lui.

Vrai Noël !, vrai commencement, vrai naissance d’un Dieu qui s’incarne, qui s’abaisse jusqu’à nous pour s’associer à nos histoires personnelles et à notre histoire avec un grand H.

Bonne nouvelle dont nous sommes blasés, car trop habitués !!

 Il fait alliance avec notre humanité et avec l’humanité de chacune de nos existences. . Il n’est pas le Dieu déiste ou théiste si distant des hommes qu’il en est absent. Il est proche d’une proximité bienveillante qui ne contraint jamais.

Le mot grec « baptizo » qui est traduit par baptiser,  signifie aussi plonger. C’est comme si Dieu et le ciel par ce baptême, plongeaient dans l’humanité pour faire corps avec elle , plongeaient dans nos vies pour les rendre vivantes.

2éme remarque. Le récit de baptême est bonne nouvelle car il se termine par une parole forte. « tu es mon Fils Bien Aimé , en toi j’ai mis toute mon affection ».

Première Parole de Dieu, en tant que telle, qui retentit dans l’Évangile de Marc : une parole de salutation, une parole de désignation qui nomme Jésus comme le Fils de Dieu bien aimé de Dieu , en qui il a mis toute son affection.

Une parole de grâce, une parole d’accueil, une parole d’amour adressée à Jésus au moment de son baptême , au tout début de son ministère, qui le lance désormais dans l’annonce et la manifestation du Royaume, par ces gestes et ses paroles. Une parole d’envoi forte qui jamais ne le quittera même dans l’épreuve de la tentation au désert et lors de l’opposition à la croix . C’est à travers et par cette parole de grâce,  que son ministère commence, que l’Evangile et la Bonne nouvelle prennent corps.

D’une certaine manière, cette parole d’amour et d’accueil, adressée tout d’abord à Jésus de manière personnelle et unique, va se décliner de mille et une manières, au travers de son ministère.

Parole d’amour et d’accueil, lorsqu’il guérit. Parole d’amour et d’accueil, lorsqu’il pardonne. Parole d’amour et d’accueil, lorsqu’il commente la loi juive et rappelle qu’elle est faite pour l’homme et non l’homme pour la loi . Parole d’amour et d’accueil, lorsque sur la croix dans un dernier soupir, il dit « Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Parole de grâce et d’accueil adressée à Jésus au moment de son baptême,  qui se décline et se déploie au travers de son ministère, qui s’adresse  aux disciples, puis ensuite à toutes celles et tous ceux qu ‘il rencontrera sur la route.

Une parole finale prononcée à son baptême , parole d ‘amour et de grâce qui se déclinera et se déploiera tout au long des siècles et des générations et qui vient jusqu’à nous, s’adresse à nous. C’est comme si, sur l’eau du baptême , cette parole première de grâce avait fait choc, et   comme une onde sur l’eau, depuis, elle ne cesse  de rayonner , de s’étendre , de toucher les vies et les cœurs des humains ;

Une onde sur l’eau, qui par le souffle du St Esprit, se propage et dont nous sommes les bénéficiaires. Elle nous fait enfants de Dieu, fils et filles de Dieu, à la suite de Jésus.

Bénéficiaires et aussi porteurs, témoins  de cette parole de d’accueil et de grâce, de confiance.

Je m’interroge quand les prétendus dialogues et débats d’aujourd’hui se terminent par des invectives violentes, qui ridiculisent la personne d’un avis différent.

Je m’interroge quand la seule manière de se parler, pour faire une simple remarque est d’agresser l’autre comme si il était idiot et n’avait rien compris

Je m’interroge quand le mépris , l’ironie et la dérision sur le dos des autres deviennent la manière de briller sur les plateaux,, dans les salons ou en société.

Je m’interroge quand les politiques,  par goût du pouvoir et intérêt personnel, utilise la parole pour manipuler et mentir à de potentiels électeurs.

Je m’interroge quand la parole de médisance est plus fréquente que celle de la reconnaissance.

Je m’interroge ,quand la seule manière de parler d’une personne d’un avis autre, est de déformer sa pensée et tout de suite de le traiter des pires injures.

Où est une parole qui fait envoi ? ,  qui suscite la confiance ?  qui reconnaît l’autre dans sa dignité ?qui donne envie de poursuivre le dialogue et la construction commune ? Où est une parole qui permet de créer du lien, laisse place à l’autre,  tout en favorisant le partage ? Une parole de grâce et d’accueil qui construit la justice et la paix ?

Il y a presque 2000 ans, une parole forte de grâce, venant du ciel,de manière verticale était prononcée . Jésus l’ a reçue, l’ a incarnée, jusqu’au bout en donnant sa vie.

Depuis, de manière horizontale, par le souffle de l’Esprit comme l’onde sur l’eau, elle se propage….

Bénéficiaires et porteurs, comment allons nous y faire écho dans nos vies par nos paroles et nos actes durant cette année 2021 ?

Avec l’aide de Dieu, un Dieu de la Parole, quels paroliers serons nous ?

Amen