Culte de l’Entraide

EGLISE PROTESTANTE UNIE d’Argenteuil, Asnières, Bois-Colombes, Colombes

le 7 février 2021    Pasteur Denis Heller

CULTE DE L’ENTRAIDE

Marc 6 v 34 à 44

.34Quand il sortit de la barque, Jésus vit une grande foule, et fut ému de compassion pour eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de berger; et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses.

35Comme l’heure était déjà avancée, ses disciples s’approchèrent de lui, et dirent: Ce lieu est désert, et l’heure est déjà avancée;

36renvoie-les, afin qu’ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs, pour s’acheter de quoi manger.

37Jésus leur répondit: Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent: Irions-nous acheter des pains pour deux cents deniers, et leur donnerions-nous à manger?

38Et il leur dit: Combien avez-vous de pains? Allez voir. Ils s’en assurèrent, et répondirent: Cinq, et deux poissons.

39Alors il leur commanda de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte,

40et ils s’assirent par rangées de cent et de cinquante.

41Il prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains, et les donna aux disciples, afin qu’ils les distribuassent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre tous.

42Tous mangèrent et furent rassasiés,

43et l’on emporta douze paniers pleins de morceaux de pain et de ce qui restait des poissons.

44Ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes.

Chers amis,

Nous allons parler ce matin, multiplication. Rassurez-vous , je ne vais pas faire le maître d’école ! Nous n’allons pas réviser nos tables de multiplications, comme cela se faisait autrefois, chaque matin dans les salles de classes de nos écoles primaires. D’ailleurs qui les connaît à l’heure de la calculette et du portable ? !

Il ne s’agit pas non plus d’une multiplication, qui aujourd’hui bouleverse nos vies, hante nos esprits et a pour nom la pandémie. Une multiplication, synonyme de contagion, qui a pour corollaire la multiplication de la peur, la contagion de la peur. Plus on en parle, plus elle prend de la place, plus elle occupe de l’espace et provoque des troubles, tant sur le plan physique que psychique. Voyez les médias.

Non, ne la laissons pas envahir toutes nos existences.

Car si nous sommes là réunis en ce lieu, c’est pour nous laisser gagner, saisir par une autre contagion, une autre multiplication, qui traverse toute la Bible, qui est au cœur de l’Évangile , de la foi chrétienne et qui est souffle d’espérance. Je veux parler  de la multiplication de la vie, de la multiplication de l’amour ou dit autrement de la contagion de la vie, de la contagion de l’amour.

Là , les médias en parlent beaucoup moins , eux qui attisent la peur et imaginent toujours le pire.

Hélène, tout à l’heure dans la liturgie, lors de l’annonce du pardon, a fait écho déjà à cette multiplication , à travers ce texte qui comparait les quatre opérations, les quatre opérations mathématiques. Un texte qui de manière humoristique et profonde, confessait non pas un dieu de la division, ni celui de la soustraction, ni celui de l’addition nous pourrions dire de la juxtaposition ,mais le Dieu de la multiplication qui multiplie pardon et amour ; ce qui dans un vocabulaire théologique chrétien et en particulier protestant, est appelé la grâce.

Avec le récit dit justement de la multiplication des pains lu par Pierre, nous avons à nouveau un bel exemple de cette multiplication-contagion qui fait vivre, qui suscite la vie et non la maladie, qui met des humains debout et non à bout. Au passage, notez que ce récit de la multiplication des pains a fait des petits. Il s’est lui aussi multiplié puisqu’on le trouve pas moins de 6 fois dans les Évangiles. C’est le récit le plus relaté comme si c’était le plus important. Raison de plus  pour nous y intéresser en ce jour de culte de l’Entraide , car c’est un récit aussi d’entraide , d’une entraide formidable puisque d’un seul coup 5000 personnes sont aidées. De quoi rêver !, mieux que les tables de Djorah, mieux même que les Restos du cœur, ou les soupes de l’Armée du Salut.

Trois éléments entre autres attirent mon attention ; trois éléments qui contribuent à rendre possible une telle multiplication, une telle entraide.

Le premier, , le point de départ de tout. Par lui, tout commence. Sans lui, rien ne se serait passé.

En effet dans  cette rencontre entre Jésus et cette foule, il nous est dit qu’à la vue de la foule son « cœur fut rempli de pitié ». Ce fameux cœur, que nous évoquions tout à l’heure avec les enfants et qui palpite et anime. Nous pourrions traduire qu’il eut « le cœur touché » ou de manière plus trivial qu’il fut pris au tripe. Tout le contraire de l’indifférence ou du désintérêt.

Toute entreprise de multiplication ou d’entraide digne de ce nom commence par ce souffle d’humanité qui passe entre l’accueillant et l’accueilli, ici en occurrence entre Jésus et la foule .

Voir en l’autre, un autre moi-même, un humain, un prochain qui ne se réduit jamais à une bouche à nourrir, ni un corps à vêtir, ni des oreilles à enseigner. Avoir cette capacité, cette disposition d’esprit de percevoir en lui ce cœur qui palpite, une personne à part entière, singulière, digne, habitée par les mêmes questions et émotions que moi. Dans l’action de l’entraide et de la multiplication, combien il est facile et tentant d’opérer et d’agir de manière mécanique , machinale, robotisée , sans avoir souci de rejoindre chez l’autre rencontrée, cette humanité cachée , invisible à l’œil nu.

Sans cette dimension, la rencontre, la multiplication, l’entraide perdent alors de leur sens

C’est parce que Jésus est marqué, touché, concerné que la suite des événements se déroule.

Deuxième point. Dans cette multiplication de la vie et des pains, dans cette action d’entraide, les cinq pains et les deux poissons trouvés, sont nécessaires. Dans les autres récits de ce même événement, il nous est dit que c’est un enfant qui les apporte. Pour que les miracle de la multiplication, et de l’entraide se produisent, il y a cette part à apporter, cette contribution à amener . Elle semble minime, insignifiante au regard d’une foule nombreuse. Et pourtant… Jésus à partir de ce rien, de ce peu va faire grand. Toute une foule sera rassasiée. Les cinq pains et les deux poissons sont précieux, même si à vue humaine, ils ne peuvent pas combler une foule affamée.

Dans une perspective de multiplication et d’entraide , ce que chacun peut apporter semble une goutte d’eau dans une mer infinie, dérisoire, face aux situations mondiales de pauvreté, de précarité et d’injustice. Et pourtant, un simple geste d’entraide et de fraternité, un simple sourire, peuvent relever un être humain. Une simple aide alimentaire peut permettre à une famille de ne pas sombrer et alors de croire que le bout tunnel n’est pas loin. Un simple engagement à l’entraide participe à une action plus globale qui permet à beaucoup de garder la tête hors de l’eau.

Dans ce projet de Dieu de multiplier la vie et l’amour , l’apport de chacun est précieux. Nous avons tous assurément ces cinq pains et ces deux poissons à apporter pour prendre part à la construction d’un monde plus solidaire et plus humain.

Enfin 3éme point. Après la nécessité d d’un cœur qui soit touché, après la nécessite des cinq pains et des deux poissons à apporter,  voici le miracle de la multiplication, le miracle du partage ; le miracle d’une foule rassasiée, le miracle des corbeilles de pains qui passent de mains en mains.

Comment ne pas voir dans ce pain à manger qui fait vivre, les autres pains nécessaires  qui nourrissent , nourrissent l’existence,  nourrissent notre goût de vivre, nourrissent notre courage pour nous tenir debout.

Dans la prière du Notre Père  commune à tous les chrétiens nous disons : «  Donne nous notre pain de ce jour »

Certes le pain pour nos forces physiques,  mais aussi le pain pour nos forces morales, psychiques, spirituelles de chaque jour. Dans ce projet de multiplication, ce sont la pain de la considération, le pain de l ‘amour, le pain de la reconnaissance, le pain de l’amitié, le pain de la relation aux autres qui sont aussi à partager. En cette période de Covid,  effet positif !, nous avons pris conscience  de la nécessité de la relation aux autres, une relation aux autres vitale, fondamentale, essentielle , diront certains. Dieu a ce projet pour le monde de multiplier, par l’apport de nos cinq pains et deux poissons , tous ces pains à partager, à donner, de mains en mains, de cœurs en cœurs, de regards en regards. Des pains qui permettent une vie en  plénitude. Dans ce projet nous sommes tous mis à contribution, nous avons tous notre part.

L’Entraide aussi, en externe comme en interne, permet le partage de ces pains là ; pain de l’amitié et pain de la fraternité . Je laisse la parole à Marie Andrée l’une de nos plus anciennes bénévoles qui va partager avec nous son vécu au sein de l’Entraide ………;C’est pour elle, « une seconde famille ».

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Merci à Marie-Andrée pour ce témoignage, sur ce qui se vit en interne, à l’Entraide.

Je rajouterai un dernier point, quasiment le point final de notre récit. Cela peut sembler un détail, mais il a son importance. Il nous est dit en effet « que les disciples emportèrent les morceaux de pains et de poissons qui restaient, de quoi remplir douze corbeilles ».

Ainsi pas de gaspillage, ni de perte. Tout est ramassé, récupéré !

Cette action de multiplication de vie et d’entraide, conduite par Jésus, ne mène pas à un surplus inutile, tel que nous le connaissons dans nos sociétés occidentales, consuméristes et matérialistes. Une multiplication néfaste de produits de consommation, de surconsommation qui appauvrissent les ressources de notre terre et terminent trop souvent en déchets. Une croissance sans fin, dans un monde pourtant limité, qui engendre une surexploitation de notre environnement et un gaspillage condamnable.

Jésus, avant le repas, rend grâce à Dieu, son Père. En ce sens, il le remercie pour les pains et poissons à partager. Il dit sa reconnaissance. Il reconnait ainsi la valeur de cette nourriture, de ces pains à partager et non à gaspiller.

Nous sommes engagés dans le processus de l’Église Verte, qui concerne les 4 associations ; la paroisse , l’Entraide, le Centre 72 et la Maison des Jeunes ; un processus qui invite à réfléchir à l’écologie, à notre rapport à l’environnement et à mener des actions concrètes : jardin ouvert, tri, récupération, parking à vélos, etc..

Ce que fait l’Entraide et en particulier l’équipe vestiaire est aussi une manière de lutter contre le gaspillage. Je laisse la parole à Pierrette, responsable du Vestiaire et aussi des Braderies, pour qu’elle nous explique, ce que fait au Vestiaire en matière de tri et de récupération. ………………………………………………………………………………………………………………………………………….

(60 tonnes par an de vêtements dont 10 tonnes vendues aux Braderies et à la Boutique solidaire et 50 tonnes en recyclage à Tisseco.)

………Merci Pierrette pour ce témoignage qui nous permet de mieux comprendre, tout le travail des équipes « Vestiaire ».

Nous pourrions encore longuement méditer sur ce beau récit de la multiplication des pains.

Ainsi, nous sommes invités à accueillir dans nos vies, la présence de Dieu, qui au travers du Christ ressuscité, se fait pain d’amour et pain de vie pour nous. C’est ce que nous rappelle chaque dimanche la Sainte- cène, que malheureusement, nous ne pouvons pas célébrer, en cette période de crise sanitaire

Et nous sommes aussi tous invités,  à la suite de Jésus de Nazareth, sous son souffle, à être acteurs et multiplicateurs de vie, par nos actions d’entraide, au sens large du terme.

Amen