Culte AG des Rameaux

Lectures :

Marc 11 / 1 – 11

 

Prédication :

Nous n’avons pas l’habitude de nos sœurs et frères catholiques, des processions solennelles et festives des rameaux portés au cœur de L’Église, et qui sont, ensuite, bénis par le prêtre pour orner les maisons des fidèles.

Nous avons, néanmoins, l’habitude de lire en ce dernier dimanche avant Pâques le récit de « l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem » qui précède sa condamnation, sa crucifixion – et sa Résurrection ! 

Pourquoi lisons-nous ce texte, ce récit ?

Pourquoi lisons-nous ce récit, chargés d’éléments et d’un message au fond très ambigu et quelque peu dérangeant…

Jésus fait son entrée, certes, triomphal à Jérusalem, acclamé comme Messie, c’est à dire, comme futur roi. C’est ce qu’expriment, sans ambiguïté, ceux qui le précèdent et ceux qui le suivent dans cette marche :

« Hosanna ! Béni soit au nom du Seigneur Celui qui vient ! Béni soit le règne qui vient, le Règne de David notre père ! » (Marc 11,9-10).

Clairement, décidément, Jésus, pour ceux qui l’acclament ainsi, représentent le futur roi, lointain descendant du grand roi David !

Clairement, décidément et effectivement, ils attendent de lui de s’asseoir sur le trône du roi ; de régner en puissance et gloire, rendant justice et grandeur au peuple, et, surtout, son autonomie vis à vis de l’occupant romain…

Mais, tout aussi clairement, décidément et effectivement Jésus fait comprendre, à ses auditeurs de jadis comme d’aujourd’hui, que sa « royauté n’est pas vraiment du monde ».

Elle est,  certes, venu dans le monde, mais sans être du monde, c’est à dire, sans être habitée et dominée par ses enjeux de pouvoir, ses cupidités, ses jalousies, ses mépris et ses haines ! …

(Clairement, décidément et effectivement, Jésus n’a pas succombé à la « Folie des grandeurs ». A l’opposé de l’ignoble Don Salluste, qui cherche vraiment à tout prix à garder le pouvoir et la richesse matérielle, Jésus se serait d’avantage incarné dans le personnage de son ancien valet Blaze… qui se laisse d’avantage guider par l’amour sans calcul, sans apparences, sans mensonges, au risque de paraître un peu trop naïf pour survivre dans un monde dominé par les enjeux du pouvoir et la soif du gain et de la gloire. …)

Clairement, décidément et effectivement, Jésus ne cherche pas à jouer le rôle d’un « roi de gloire », faisant de ses disciples ses serviteurs.

Il s’est, au contraire, choisi le rôle du serviteur, comme il le dit et le montre, sans ambiguïté à ses disciples (en accomplissant pour eux le service par excellence du serviteur de l’Antiquité :  « Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez, vous aussi vous lavez les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi » – Jean 13,14-15).

Le serviteur, non seulement, est la figure exemplaire du Messie, du roi que Jésus est venu incarner ; il est aussi, et en conséquence, donné comme modèle, comme exemple des disciples : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » (Marc 9,35). …

C’est la raison pour laquelle Jésus insiste

– et le récit le souligne bien ! –

de faire son entrée à Jérusalem comme futur roi, non pas sur le dos d’un cheval, comme le font, en général, les grands rois – et un certain nombre de statuts équestres des rois de France ou d’ailleurs le montrent bien, d’ailleurs ! – mais sur le dos d’un âne.

Symbole d’humilité, de serviteur, plutôt que de seigneur.

Symbole peut-être aussi d’un certain entêtement de celui qui sait très bien ce qu’il veut être : un roi, un messie, un Seigneur dont la véritable force et gloire invincibles est un Amour sans faille et sans compromission, sans conditions et sans fin ! …

Il lui faudra l’épreuve de Golgotha, l’épreuve de la crucifixion de toute tentation de « grandeur », de pouvoir et de « gloire », pour être véritablement ce Roi Seigneur et Sauveur du peuple, de tous les peuples et de tout un chacun.

Non pas dans la toute-puissance, non pas dans la gloire des seigneurs de ce monde, mais dans la force cachée d’un amour qui ne connaît ni limites, ni barrières et qui, justement, se révèle au cœur même de la vulnérabilité, des limites et des faiblesses de notre humanité.

Non pas dans un idéal inatteignable, mais au milieu de nos rencontres quotidiennes et ordinaires, se vit la rencontre extraordinaire avec le Christ à chaque fois que nous risquons une parole, un geste de confiance, de bienveillance, d’amour sans calcul, sans condition.

À chaque fois que « nous nous accueillions les uns les autres comme le Christ nous a accueilli » ! (Notre mot d’ordre de l’année 2018 dans Romains 15,7).

C’est alors que se réalise la promesse du Royaume pour nous et notre prochain que Jésus a laissé – tel un héritage à partager – à ses disciples :

« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jean 13,34-35).

Amen ! 

Pasteur Andréas Seyboldt